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mardi 10 novembre 2009

POUR LES AMOUREUX DE CETTE SUPERBE MUSIQUE GRECQUE QUE L'ON NOMME REBETIKO.

"Rébétiko (La Mauvaise Herbe)", de David Prudhomme : envoûtant "Rébétiko"
Quand l'auteur de BD David Prudhomme découvre, sur le rayon d'une librairie de quartier, un livre-CD intitulé Aux sources du Rébétiko, chansons des bas-fonds et des fumeries de haschisch, Smyrne-Le Pirée-Salonique, 1920-1960 (éd. Les Nuits rouges), il pressent que cet ouvrage lui est destiné. L'auteur, Gail Holst, y parle de l'histoire mouvementée du rébétiko, cette musique populaire née en Grèce dans les années 1920. Des airs chantés et dansés dans les fumeries (les "tékés") des quartiers pauvres d'Athènes et du port du Pirée par des dandys aux habits trop étroits et à la poche percée, qui s'accompagnent du bouzouki, du baglama (petit instrument à cordes au son plus rugueux) ou du tambourin.
Littéralement envoûté par cette musique, cousine du tango et du fado, David Prudhomme en a tiré un album magistral et émouvant, Rébétiko (La Mauvaise Herbe). Lui qui, jusqu'ici, s'était surtout illustré en dessinant avec finesse la série historique "Ninon de Lenclos" ou la saga "La Marie en plastique", décrit la journée de cinq amis, musiciens de rébétiko, à la fin des années 1930. Ils rencontrent la belle Beba dans un bouge, se font harponner par un Américain d'origine grecque désireux de leur faire signer un contrat avec la Columbia (la diaspora grecque est friande de rébétiko) et font le coup de poing avec la police du dictateur Metaxas, qui s'est juré de faire une croix sur ces marginaux venus d'Asie mineure, déchirés par l'exil, marqués par la pauvreté et meurtris par des amours au goût de cendre.

Mais, surtout, au gré d'un trait qui louvoie entre néoréalisme et expressionnisme, dans un univers de splendides coloris bistre, ocre, rouges et noirs que cisaille parfois le bleu nuit d'un décor portuaire, David Prudhomme fait écouter et sentir la musique jouée par ces rébétes, archanges aux mains sales, défoncés et misérables, dont les paroles empreintes de bonheur triste s'inspirent de la journée écoulée - bagarres inutiles, étreintes fugaces et terrasses alcoolisées.

Méprisé, pourchassé, le rébétiko est pourtant devenu une institution en Grèce, et ses acteurs des figures mythiques, eux qui se considéraient comme "des petits poulpes des bas-fonds, à la bile bien noire". Rébétiko a reçu le prix Coup de coeur, l'un des deux trophées du récent Festival BD Quai des bulles, à Saint-Malo.
RÉBÉTIKO (LA MAUVAISE HERBE) de David Prudhomme. Futuropolis, 104 p., 20 €.
Attention : l'illustration est celle de l'album de luxe vendu 150€

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