lundi 5 mai 2014
Si la droite arrêtait de faire semblant
À quoi bon affecter de se satisfaire de l’Europe telle qu’elle est, lorsqu’on est le premier parti de France et qu’on aspire aux plus hautes fonctions ?
Ce n’est pas parce que la droite a gagné les élections municipales qu’elle a compris ce que ses électeurs attendent d’elle. Ce n’est pas parce que l’UMP a remporté un nombre record de mairies que ce parti a décidé d’arrêter d’éluder un certain nombre de sujets sensibles pour les Français. Ce n’est pas parce que les vieux démons de la division qui rongent la droite se sont, pour l’heure, éloignés qu’il faut interdire le débat sur des idées qui fondent l’avenir de notre pays et de notre civilisation. L’immigration et la délinquance font partie de ces thèmes sur lesquels les électeurs attendent un discours plus clair des ténors de la droite. La famille, l’abrogation du “mariage pour tous” et le respect du cadre de la filiation également. Mais, pour le moment, c’est surtout l’Europe avec toutes ses dérives absurdes qui focalise l’attention des gens de droite et, au-delà, de tous les Français de bon sens. Dans moins d’un mois ils vont devoir élire des députés qui les représenteront à Strasbourg. Et ils n’entendent pas se comporter comme des “godillots”. Le bilan de la politique menée par la technocratie bruxelloise est dramatique comme l’a montré, la semaine passée, le sondage Harris Interactive réalisé pourValeurs actuelles et l’Institut Montaigne. Il est notamment terrible en matière de lutte contre l’immigration irrégulière, dans le domaine de l’emploi et, bien sûr, s’agissant de la croissance économique, à cause d’une politique monétaire inique.
Ce constat partagé par une très grande majorité d’électeurs de droite comme de gauche ne saurait être passé par pertes et profits. Le rôle des politiques, et notamment de ceux qui seront élus le 25 mai prochain, est de tenter de faire bouger cette Europe de manière à ce qu’elle réponde enfin au besoin de protection de ceux qui y habitent. Alors qu’aujourd’hui elle est devenue un motif de peur, de menace voire de régression. À côté de tous ces enjeux, la plate-forme européenne dévoilée la semaine dernière par l’UMP n’est pas seulement timide, elle est inodore, incolore et sans saveur. Une quarantaine de parlementaires, emmenés par Henri Guaino et Laurent Wauquiez, ont lancé un appel courageux pour que la droite arrête d’escamoter la question européenne. Comme ils l’écrivent : « Se résigner à inscrire la politique de la France dans le cadre d’une construction européenne à la dérive sans le changer profondément serait moralement inacceptable et politiquement intenable. »
Il n’est pas normal que, lorsque certains à droite parlent d’une sortie de Schengen, d’une refondation de l’Europe sur des bases plus réduites, d’une nouvelle politique monétaire avec un euro moins fort et d’une meilleure défense des intérêts commerciaux des Européens, ils se voient taxés de populisme. « Être un parti de gouvernement, ça veut dire être un parti responsable. Quand on est responsable de l’UMP, on ne peut pas dire n’importe quoi sur l’Europe », a affirmé Jean-François Copé à l’occasion du lancement de la campagne des élections européennes.
Mais être un parti de gouvernement, c’est aussi être à l’écoute de ses compatriotes. Sinon à quoi bon vouloir les représenter au Parlement européen. Les socialistes nous montrent chaque jour l’image d’une classe politique à bout de course, car totalement déconnectée de la sociologie du pays. À quoi bon affecter de penser tout le bien de l’Europe telle qu’elle est lorsqu’on est le premier parti de France et qu’on aspire aux plus hautes fonctions ? À quoi bon faire semblant, alors que les Français, dans une très grande majorité, voire les Européens, souhaitent une politique d’immigration restrictive, une politique commerciale protectrice et des politiques européennes spécifiques enfin efficaces, en matière d’énergie, de télécoms ou de transports ?
Il est sain que de tels débats aient lieu au sein d’une formation politique. Il est sain que certains s’expriment clairement et disent haut et fort ce que pensent leurs compatriotes plutôt que ce que l’on apprend à l’Ena. Il est sain que l’on sorte enfin des querelles de personnes dès lors que l’on débat sur des idées. Au lieu de chercher à couvrir ces discussions avec un couvercle de Cocotte-Minute, les ténors de l’UMP feraient mieux de respecter ceux qui apportent des idées nouvelles et qui cherchent des solutions concrètes aux problèmes que vivent, à travers les absurdités européennes, nos pêcheurs, nos agriculteurs, nos ouvriers, nos forces vives et nos familles. La droite s’honorerait en arrêtant de dissimuler et en étant enfin sincère avec ses électeurs. Sinon elle risque de faire le lit de candidats extrémistes.
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