TOUT EST DIT

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lundi 5 mai 2014

Du rêve au cauchemar


François Hollande affronte une grave crise de défiance. Il a été conspué à Carmaux, patrie de Jean Jaurès. Deux ans plus tôt, il y avait été reçu tel un héros. À l’Assemblée, les députés socialistes vitupèrent ce président insaisissable qui les a déçus. Des ministres tiennent en privé des propos que l’on serait gêné de rapporter. Le mot amateurisme est prononcé.
Ces humeurs peccantes sont le reflet de l’opinion. François Hollande remporte la triste palme du président le plus impopulaire de la Ve République. « Nicolas Sarkozy s’était fait beaucoup d’ennemis, mais il n’a jamais perdu le socle dur de ses électeurs. Hollande, lui, est lâché par les siens », déplore un élu socialiste.
L’amertume vient de la défaite aux municipales. Un véritable tremblement de terre. C’est le mur porteur du socialisme, patiemment construit depuis les années 1970, qui s’est tout d’un coup rompu. Et la glissade va continuer : aux européennes, aux régionales, aux sénatoriales. No future !
Alors, les moutons deviennent des loups. À qui la faute ? À François Hollande, pardi ! Discrédité pour n’avoir pas tenu ses promesses de campagne : rendre la France « plus juste, plus forte, plus solidaire ». Coupable d’avoir leurré le pays avec son inversion de la courbe du chômage répétée comme une antienne. Blâmable d’avoir grugé les députés : on redresse pendant deux ans et ensuite on redistribue. En clair, on redevient de bons socialistes dépensiers, alors que les caisses sont vides.
Au lieu de cela, il faut faire 50 milliards d’économies et pour financer la baisse des prélèvements des entreprises, on touche au pouvoir d’achat des retraités, on gèle les aides au logement, le traitement des fonctionnaires, coeur de l’électorat. « Réenchanter le rêve », disait le candidat. C’est le cauchemar.
Le président s’apprête à passer le cap des deux ans à l’Élysée dans les pires conditions. Sa seule planche de salut s’appelle Manuel Valls, qui doit, sans trembler, mettre en musique la politique de l’offre énoncée par François Hollande en janvier. C’est la seule chance de crédibiliser la France en Europe.
Manuel Valls a déjà obtenu un vote de confiance de sa majorité. A-t-il raison d’en exiger un autre sur le programme de stabilité (les 50 milliards d’économies qui seront réalisées entre 2015 et 2017) ? Juridiquement, il n’en avait pas besoin, mais politiquement, il devait conforter son autorité. Il n’a pas ménagé sa peine pour séduire les réfractaires.
Ce n’est pas François Hollande qui pouvait les convaincre. Vendredi, trois députés proches de Martine Aubry signaient une tribune dans le quotidien Libération. Elle commençait par cette phrase : « Nous ne voterons pas le pacte de stabilité de François Hollande. » Des mots qui illustraient bien leur défiance envers l’Élysée.

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