TOUT EST DIT

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samedi 21 septembre 2013

Que veut l'Allemagne ?

Que veut l'Allemagne ?


Hégémonique, autoritaire, arrogante, égoïste, les critiques que certains Français portent sur l'Allemagne sont nombreuses et virulentes. On peut supposer que cela provient d'une sorte de dépit et d'une jalousie à peine voilée : les Allemands semblent échapper à la crise alors que la France et les pays du sud de l'Europe sont durement frappés...
Cependant chacun sait que ces pays, dont la France, ont fait fausse route depuis des années : immobilier espagnol imprudent, dissimulations et non rentrées d'impôts en Grèce par exemple. Quant à la France, sûre d'elle-même, de la qualité de son système social si onéreux que, du reste, elle ne peut le payer, elle est obligée de continuer à emprunter pour éviter des ajustements pénibles. Ceux-ci, en effet, pourraient avoir des conséquences politiques, notamment lors des scrutins électoraux prochains et présidentiel. Comme ce dernier se répète plus fréquemment depuis la réduction à cinq ans du mandat du président de la République, la spirale négative accélère. Finalement l'heure de vérité a sonné et tout le monde sait que le prix à payer est élevé. Alors on grogne, on maudit le sort. Les Français se croient victimes de l'Europe, donc de cette Allemagne qui fait d'autant plus figure de leader que la France, affaiblie, apparaît plus absente.
Les Allemands commencent à s'inquiéter de telles attitudes. Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, a estimé nécessaire de clamer haut et fort que Berlin ne veut pas d'une « Europe allemande » (1). S'interrogeant sur l'Europe, le ministre estime que le bilan est mitigé. Cependant, il perçoit de nombreux signes encourageants, des réformes sont en marche presque partout, mais beaucoup d'incertitudes demeurent concernant la jeunesse, par exemple, qui manque de perspectives.
« Nous voulons une Europe bien gérée »
Il constate à propos de la crise que naissent entre nations européennes des reproches, de l'arrogance, des préjugés que l'on croyait disparus. Ainsi, à propos de l'Allemagne, on assiste à l'expression de contestations contradictoires sur son rôle en Europe : trop fort pour les uns, trop faible pour les autres, trop rigoriste, pas assez solidaire. L'Allemagne se trouve donc au centre des interrogations : que fait, que veut réellement l'Allemagne ?
Le ministre allemand répond clairement qu'aucun pays ne peut « assumer seul le leadership de l'Europe... Que si l'Allemagne affiche une certaine retenue, ce n'est pas seulement le reflet de la culpabilité héritée de notre histoire... L'Europe implique une coexistence entre États à égalité de droits ». En même temps, l'Allemagne a une responsabilité particulière dans la stratégie adoptée en commun pour résoudre la crise de la zone euro. « Nous assumons cette responsabilité dans un esprit de coopération, surtout avec nos amis français, mais aussi avec nos voisins grands ou petits. » « Les Allemands n'ont pas le désir de jouer un rôle particulier en Europe. Ce que nous voulons, c'est une Europe fort bien gérée... Ce ne sont pas des 'idées allemandes' mais les préceptes d'une politique d'avenir. » Il ajoute toute la considération qu'il porte aux pays qui sont en voie de se réformer. Toutes ces choses devaient être dites. Elles l'ont été avec tact et clarté par ce ministre.
(1) Le Monde du 23 juillet 2013.

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