samedi 22 juin 2013
Hollande s’essouffle !
Hollande s’essouffle !
Faut-il croire en la longue péroraison qu’a tenue jeudi le chef de l’Etat en ouvrant la deuxième conférence sociale de son quinquennat ? Il semble que les partenaires sociaux, et plus largement les Français, ne soient pas prêts d’en donner quitus à François Hollande. D’abord, parce qu’ils sont fatigués d’entendre le président de la République parler d’une boîte à outils dont il ne montre jamais la réalité, ni ne prouve qu’il soit capable de s’en servir. Ensuite, et peut-être surtout, parce que les discours ont un temps, qui est généralement électoral, et que nos compatriotes attendent désormais, et depuis trop longtemps, des résultats. Très exactement : depuis un an…
Or, jeudi, même le discours n’avait rien de bien neuf, pas même le flou de ses déclarations. Soucieux de démontrer que « le sérieux budgétaire ne sera pas en France l’austérité », perspective honnie et qui ne favorise en rien les sondages, François Hollande a pointé deux urgences : le retour de la croissance et le désendettement. Précisant, par souci de crédibilité ou par habitude, on ne sait trop : « Si je ne devais retenir qu’un seul enjeu, c’est celui de l’emploi, c’est un défi qui nous concerne tous. Plus de 10 % de la population active privée d’emploi, trois millions de demandeurs (d’emploi), cinq millions si on inclut toutes les catégories, c’est un gâchis pour l’économie. »
Oser publiquement le chiffre de cinq millions, c’est vouloir donner à son propos la couleur de l’honnêteté et tenter de faire admettre que le Monsieur Muscle socialiste est là qui, malgré l’adversité, va remettre les choses en place et rendre aux Français tout à la fois le sourire et le beau temps.
La courbe de Hollande…
C’est ainsi que, tout en admettant, coup de patte à son prédécesseur au passage, que « le chômage, qui progresse depuis cinq ans, va continuer, hélas ! à progresser jusqu’à la fin d’année », François Hollande réaffirme sa volonté et sa conviction de pouvoir « inverser durablement la courbe du chômage à la fin de l’année ».
Le tempo n’appartient assurément plus à la politique, mais à la magie. A moins qu’il n’espère trouver des emplois dans la hotte du Père Noël. Et la baguette magique, ce serait les emplois d’avenir et les contrats de génération ? La magie, on le sait, n’est qu’illusion, mais ici elle confine à un tour de passe-passe dont les gadgets ne sont guère attirants. Fournir un travail aux moins qualifiés et, tout de même, tâcher de former des demandeurs d’emploi pour pourvoir les emplois sans candidats. Troisième petit calcul : celui qui verrait les apprentis devenir des salariés, avec « engagement d’embauche » au terme de leur formation.
Autre gros dossier, celui des retraites. En écartant l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite, qui a trop mauvaise presse, le président s’est défait, selon un nombre grandissant de spécialistes, du seul outil réellement efficace. En lieu et place, il propose un allongement de la durée de cotisation ; qu’il estime plus juste, tout en affirmant vouloir tenir compte de la « pénibilité des tâches ».
On reste dans le flou ; et surtout, faute de savoir quoi faire, on multiplie les déclarations sans réelle portée – si on excepte la déception des chômeurs et des retraités.
et le graphique de l’INSEE
Et, de fait, les réactions ne se sont pas fait attendre. D’autant que l’INSEE fournit aussitôt un graphique où le chômage explose : 10,7 % à la fin de l’année en métropole, 11,1 % pour la France entière.
Il est douteux que les emplois d’avenir – avenir qui, dans la perspective actuelle, n’a forcément qu’un temps… – suffisent à provoquer l’inversion annoncée par le chef de l’Etat.
D’autant que l’on nous explique que, pour que le chômage baisse, il faut que la croissance soit comprise entre 1 % et 2 %. On en est loin ! Et il ne suffit pas de l’appeler de ses vœux pour qu’elle daigne, elle aussi, apparaître…
Le patron de la CFDT, Laurent Berger, dénonce un manque de propositions précises. Et résume l’ambiance en déclarant : « On ne peut pas avoir un discours ambitieux sur l’emploi et demain avoir une annonce qui fait pschitt. »
Quant au discours sur les retraites, la CGT et FO affichent « un désaccord de fond ». Qui se traduira, c’est prévu, par des mobilisations en septembre.
Bref ! il est manifeste que François Hollande est le seul à voir les « signes encourageants » pour l’économie qu’il évoquait jeudi devant un parterre de sceptiques.
Il est vrai qu’il ne propose rien de neuf par rapport à l’année dernière, lors de la première conférence sociale. Et que, entre-temps, et notamment dans le domaine du chômage, la situation s’est singulièrement dégradée…
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