TOUT EST DIT

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vendredi 4 octobre 2013

Bisbilles sur les rythmes scolaires

Bisbilles sur les rythmes scolaires

Peillon s’entête dans sa réforme. Mais la réunion qu’on a dit « de crise » provoquée par Hollande mercredi à l’Elysée prouve bien que l’affaire n’est pas dans le sac. Parents, professeurs, communes et adversaires politiques s’entêtent eux aussi : tous les ingrédients se réunissent peu à peu pour une réécriture, voire un report de la dite réforme.
Pour la présidence de la République, c’est très clair, il y a eu, à cette réunion, « réaffirmation du bien-fondé de cette réforme entièrement dédiée à la réussite des enfants et à leur bien-être ». Et Vincent Peillon n’a pas manqué d’afficher sa « grande sérénité » : il s’agit juste d’un « temps d’adaptation », il faut faire quelques « efforts ». Mais le sourire est de façade. Europe 1 révélait dans le même temps le mécontentement de François Hollande : selon l’un des membres de son entourage, Peillon a « réussi l’exploit de nous couper d’une des bases électorales du PS, les enseignants ».
Ce n’est pas faux ! Le SNUipp-FSU Paris a parlé d’un effet « cocotte-minute » dans les écoles parisiennes, excédées par « la désorganisation », « le temps saccadé », l’absence totale d’information d’une mairie dépassée par l’ampleur d’une restructuration impossible. Les parents s’énervent sur les enseignants qui se déchargent sur les animateurs qui pourraient s’exciter sur… les enfants. Les arrêts maladie des directeurs d’école explosent. Même les agents communaux de la ville de Quimper étaient en grève, mardi, pour protester contre la désorganisation totale de leur journée. « On est face à un grand fouillis. » Le syndicat n’exclut pas de demander « la suspension immédiate » de la réforme.
Et pourtant, ce sont seulement 17 % des communes, soit 4 000 maires, qui ont adopté cette réforme à la rentrée. Réforme qui se traduit par le retour à la semaine de 4,5 jours avec école le mercredi matin et l’organisation des fameux TAP, les Temps d’Activités Périscolaires situés l’après-midi.

« La taxe Peillon »
L’inquiétude vient surtout du fait que ce mécontentement est aisément récupérable. Et le ministre de l’Education nationale a fortement appelé à ne pas « politiser la réforme », en dénonçant un « électoralisme à courte vue » qui est celle des municipales. « C’est démocratiquement mauvais » s’est-il défendu. Et en plus, ça bénéficierait, dans les faits, continue-t-il « à un autre parti » (sic) – lequel donc ?
Pourtant l’UMP s’est bel et bien engouffrée dans la brèche ouverte par les râleurs. Un peu facile d’ailleurs, car l’ancien ministre Luc Chatel avait été l’un des premiers à défendre les 4,5 jours en demandant un rapport d’experts en 2011, et à installer une conférence nationale des rythmes scolaires. La mémoire politique est toujours courte.
Dès lundi, Nathalie Kosciusko-Morizet a lancé un site internet, proposant aux parents d’élèves parisiens de cocher parmi une liste de problèmes potentiels liés à la réforme scolaire. Mercredi, à l’Assemblée Nationale, Vincent Peillon a été une cible choisie pour Jean-François Copé et la candidate à la mairie de Paris. Le groupe UMP a demandé une mission d’information au Sénat tandis que son président, Christian Gaudin, a fustigé une mesure qui « mécontente tout le monde ».
Copé a surtout parlé de « la taxe Peillon » – terme qui parle au peuple en ce temps d’impôts – qui pèsera sur les collectivités locales pour financer les activités périscolaires. « 300 euros par an et par enfant » selon lui, quand le ministère prévoit une prise en charge à hauteur de 50. Cette réforme est « emblématique de l’absence de professionnalisme et de rigueur » du gouvernement : signe évident du « fiasco de la méthode du président Hollande ». Et il appuie sa critique à grands renforts de tracts et d’affiches.

Des TAP en toc qui coûtent de l’or
Le premier problème est effectivement le financement de la réforme. Et l’Association des maires de France, l’AMF, est bien placée pour le savoir, qui a demandé un rendez-vous « en urgence avec le Premier ministre ». L’aide de l’Etat doit augmenter de 150 euros par enfant dans toutes les communes pour 2014, selon son président Jacques Pélissard. Sinon, ce sera aux communes de grever leur budget déjà bien alourdi et donc de réclamer de nouveaux subsides à ces parents qui n’ont jamais voulu de ces fameux TAP où, grâce à des jeux de ballon ou de l’origami, les enfants n’apprennent strictement rien. Les parents parlent même de « garderie ».
Mais auraient-ils voulu récupérer leurs enfants tous les jours à 15 heures ? Non. Et l’Etat n’aurait pas voulu non plus les leur rendre, éducation peillonnienne oblige… Il leur faudra donc payer pour une réforme mal ficelée qui devait tout simplement assurer une régularité des heures de coucher des enfants et du rythme de leur travail. Les autres pays européens fonctionnent depuis longtemps ainsi – et n’ont pas 20 % d’illettrés en fin de CM2. D’ailleurs, combien de jours de présence à l’école aviez-vous par semaine ? Entre 5 et 4,5. Comme dans la très grande majorité des pays.

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