François Hollande "ne s'adresse plus à nous comme à des êtres doués de raison mais comme à des électeurs, qu'on embrouille avec jovialité", affirme Claire Gallois
vendredi 27 septembre 2013
Hollande, l'homme qui pèse 2 000 milliards d'euros
Il aurait pu être ministre de l'Économie, son parcours dans ce domaine est exemplaire. Sciences Po, ENA, il enchaîne avec succès tous les concours : celui d'entrée à la Banque de France puis celui à la Cour des comptes. Professeur d'économie pendant 11 ans à Sciences Po, il enseigne à ses étudiants que "la dette est l'ennemie de la gauche". Sur sa fiche laissée dans les annales de Sciences Po, on peut lire : "Points forts - agilité intellectuelle, humour, bon débatteur. Points faibles - difficultés à trancher, expérience faible." Dès 2008, avec le début de la crise, il prône "une rigueur douce, un peu de réduction des dépenses et pas d'augmentation des recettes" (taxes diverses). Il insiste sur le fait qu'il faut préserver la justice fiscale. Nous aurions pu être heureux avec lui, un ministre n'a pas à trancher ni à courir derrière l'électeur. Hélas, il est devenu président.
Nous ne nous sommes pas méfiés tout de suite. Le 26 janvier 2012, le jour inoubliable des 60 promesses, "Moi président" affirmait que la dette publique n'augmenterait pas. Désormais, à raison de 3 000 euros par seconde, elle dépasse les 1 870,7 milliards et rien ne semble l'arrêter. En 18 mois, elle s'est rallongée de 36 milliards. Les dépenses du gouvernement ont subi un surplus de 4 milliards depuis son élection - il faut dire qu'entre autres dépenses mal gérées, par exemple, sur 38 ministres, il y en a sans doute une bonne douzaine sans justification -, alors que les Français ont payé 40 milliards d'impôts supplémentaires. À sa décharge, ce fameux 26 janvier, avant d'aborder les promesses, il nous avait fait part d'un constat qui frôlait la divination tant il reflète celui que nous pouvons faire aujourd'hui : "Notre pays est confronté à un chômage record et s'enfonce dans la récession. Tout augmente, les soins et les mutuelles, le logement et les transports, le gaz, l'électricité. Partout l'insécurité gagne du terrain, nous devons faire face à des retraites mal financées", etc. Pas un mot à changer.
Lui, cela ne le dérange pas, tellement heureux d'être président, il ne s'adresse plus à nous comme à des êtres doués de raison mais uniquement comme à des électeurs, qu'on embrouille avec jovialité, puisque telle est la coutume. Il assure que la crise est derrière nous, la courbe du chômage va s'inverser demain matin - contrairement à toutes les analyses. La Grande-Bretagne a reconstruit son industrie par une baisse des impôts et du coût du travail, mais lui, radieux de sa belle formule "choc de compétitivité", il encourage les entreprises en augmentant la cotisation retraite, voire la taxe sur le diesel. Il est bien loin des fondamentaux de la gauche, la veuve et l'orphelin sont étranglés comme tout le monde : son matraquage fiscal n'épargne personne, la première tranche fiscale commençant maintenant à partir de 5 963 euros de revenus par an. Avec une facture énergétique en progrès (chauffage, cuisine), 1 403 euros en moyenne par ménage (Les Échos), il lance son plan d'aide à la rénovation pour les économies d'énergies. Sauf que pour pouvoir utiliser ces aides, il ne faut quand même pas être fauché comme un champ de blé au mois d'août. En 2013, le revenu par habitant est retombé plus bas que son niveau en 2005 (Atlantico business).
Contribuables, chômeurs, patrons d'entreprises, qui peut encore se fier à sa mine sempiternellement réjouie et qui se gonfle de plus en plus du sentiment de son importance ? Son refrain, il ne dit plus son "cap" : oui, il va prendre de grandes décisions, mais pas tout de suite. Il n'ose pas dire à ses électeurs fonctionnaires qu'il faudra, hélas, réduire leur nombre pour contribuer à réduire la dépense publique. Parce que son "cap", maintenant, il est clair, être réélu en 2017. On aurait dû s'en douter. Depuis ses débuts il nous annonce des projets à réaliser sur dix ans. À ce moment seulement, il pourra prendre des décisions courageuses puisqu'il n'aura plus rien à perdre et, serait-il moins accroché au pouvoir, il devrait en être capable. On peut parier que fin 2015 et en 2016, il va nous faire plein de petits cadeaux. En attendant, il a adopté la devise d'Henri Queuille, corrézien comme lui, président du Conseil sous la IVe République : "Il n'est aucun problème assez urgent en politique qu'une absence de décision ne puisse résoudre."
Et lorsqu'il quittera ses fonctions, certains reliront avec émotion le rapport de la chambre régionale des comptes du Limousin sur sa gestion du département entre 2008 et 2012 : "On peut reprocher à M. Hollande de n'avoir pas mis en place de véritable politique de désendettement, et de n'avoir que peu diminué les charges, tout en poursuivant une hausse de la fiscalité." C'était hier et rien n'a changé aujourd'hui.
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