vendredi 27 septembre 2013
Un culot d’enfer
Un culot d’enfer
Que Manuel Valls fasse son métier en fermant les camps de Roms, c’est bien le moins. Mais que la gauche puisse encore donner des leçons, ce n’est pas supportable.
Sur l’ancien camp de Roms de Lille-Sud, dont l’évacuation s’est achevée le matin du 18 septembre, les services d’hygiène font maintenant la chasse aux rats. Puis viendront les bulldozers, qui prépareront le terrain pour la construction d’un centre commercial. Il y eut à cet endroit plus de 750 Roms. Un autre camp de la métropole lilloise a été fermé quelque temps plus tôt ; d’autres l’ont été à Vaulx-en-Velin, Bobigny, etc. Le maire de Croix attend la fermeture du sien ; à Wissous, dans l’Essonne, le maire socialiste a décidé de couper plusieurs robinets d’eau du camp afin d’accélérer le départ de ses occupants. Le ministre de l’Intérieur déclare que « les Roms ont vocation à retourner chez eux ». Un vol charter pour la Roumanie est prévu pour le début de ce mois d’octobre.
Depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir, le rythme des fermetures de camps et des expulsions s’est accéléré. Les associations de défense des Roms en dénombraient 12 000 l’année dernière, en majorité durant le second semestre. Que le ministre de l’Intérieur fasse son métier, c’est bien le moins que l’on puisse attendre de lui pour assurer la sécurité quotidienne des Français ; que les tribunaux prononcent des décisions d’expulsion des étrangers illégaux en application de la loi, c’est aussi la moindre des choses. Mais que la gauche puisse encore délivrer des leçons de bonne conscience, ce n’est pas supportable.
On n’a pas oublié la campagne d’indignation des mêmes durant l’été 2010, il y a trois ans, quand Nicolas Sarkozy avait demandé à son ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, de procéder à la fermeture accélérée des camps de Roms illégaux. Ce fut un déchaînement. La première secrétaire du Parti socialiste, maire de Lille et présidente de la communauté urbaine, Martine Aubry, n’avait pas de mots assez forts pour dire sa « honte » et exiger « la suspension des expulsions ». La Ligue des droits de l’homme et ses associations relais appelaient à une manifestation à Paris et dans 130 villes contre la « xénophobie » et la « politique du pilori » du gouvernement de droite. Les dirigeants socialistes défilaient avec l’extrême gauche communiste et trotskiste, Delanoë, Montebourg, Hamon, Duflot, la moitié du gouvernement actuel, tous unis derrière les Roms. « Discrimination ethnique ! », s’exclamait Jacques Julliard dans le Nouvel Observateur : « Non à la bouc-émissarisation des Roms, non à l’arbitraire du pouvoir ! »
L’émotion était telle que le fragile Bernard Kouchner, encore ministre des Affaires étrangères, se disait « choqué ». Le père Arthur Hervet, prêtre lillois, renvoyait à Brice Hortefeux sa médaille de l’ordre du Mérite et annonçait (avant de le regretter) qu’il « priait pour que Nicolas Sarkozy ait une crise cardiaque » et que « s’arrête la guerre contre les Roms »… À Bordeaux, Mgr Le Gall, évêque du diocèse, comparait les expulsions de Roms à celles des juifs et tsiganes sous l’Occupation. À Bruxelles, Viviane Reding, commissaire à la Justice, avait « honte » elle aussi et criait « ça suffit ! ». Toute la bien-pensance people, Jamel Debbouze, Yannick Noah, Lilian Thuram en tête, se joignait au concert. Il y avait même un sondage pour dire que les Français estimaient à 55 % que les expulsions de Roms n’étaient pas très “républicaines”.
Trois ans plus tard, silence total. Les expulsions redoublent, mais l’indignation est éteinte : la gauche gouverne et elle n’a pas envie de perdre les municipales. On ne défile plus, on ne pétitionne plus. Martine Aubry n’a plus honte devant l’évacuation de 1 500 Roms de son agglomération ; le père Arthur n’a plus d’états d’âme. Il est vrai que sept Français sur dix “sont préoccupés par la présence des Roms” (sondage Harris Interactive publié dans notre numéro du 22 août), que les maires, toutes tendances confondues, n’ont plus les moyens de faire face aux problèmes de sécurité, de salubrité, de désordre que pose le phénomène. Mais si Valeurs actuelles dit qu’il y a « overdose », alors l’indignation se réveille : le PS publie un communiqué dénonçant « une attaque diffamatoire, infondée, qui relève […] de la calomnie » ! Si Nathalie Kosciusko-Morizet glisse que les Roms aussi « harcèlent les Parisiens », son adversaire socialiste, Anne Hidalgo, retrouve les accents de la « stigmatisation » pour lui interdire d’en parler.
L’incroyable culot de la gauche doit inviter la droite à conserver en toutes circonstances son sang-froid, à s’opposer sans concessions, à préparer ses batailles sans faiblir. L’exemple le montre : la caravane passe.
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