Entre la poire et le fromage, l'ancien chef de l'État a beaucoup ironisé sur l'état de la droite lors d'un déjeuner avec 14 parlementaires à Nice.
vendredi 27 septembre 2013
Nicolas Sarkozy, un déjeuner très caustique à Nice
On dit qu'il vaut mieux éviter d'être treize à table. Ils étaient donc quatorze autour de Nicolas Sarkozy, lors d'un déjeuner vendredi à Nice, à La Petite Maison. Autour de l'ancien chef de l'État, neuf députés UMP du département des Alpes-Maritimes (Christian Estrosi, Michèle Tabarot, Jean Leonetti, Éric Ciotti, Jean-Claude Guibal, Charles-Ange Ginésy, Lionnel Luca, Bernard Brochand...), un député UDI (Rudy Salles) et quatre sénateurs UMP... Nicolas Sarkozy a ouvert la boîte à gifles et sur un ton caustique a mitraillé les caciques de sa majorité.
"Trop de chapelles" à son goût entre Génération France de Copé ou Force républicaine de Fillon, sans compter Wauquiez. "Moi, je n'ai jamais fait de courant. Ce que vous faites, les électeurs ne le comprennent pas", lance-t-il, reprochant notamment à Copé d'avoir imaginé de lui faire payer les timbres des lettres de remerciement à la suite du Sarkothon réussi.
À propos de Copé, il a eu une formule qui se voulait sarcastique : "Il fait bien le job à la tête du parti. On devrait s'en réjouir, parce que pendant ce temps-là il ne fait pas autre chose..." François Fillon en a pris pour son grade à la suite de sa sortie confuse sur le vote FN. "Faudra m'expliquer. Je ne suis pas un expert de la politique. Mais comment peut-on être dans une approche irréconciliable avec moi à propos du FN et dire ce qui a été dit ?" s'est-il faussement interrogé.
Revenant sur le match pour la présidence de l'UMP, l'ancien chef de l'État estime que François Fillon avait "tout pour gagner". "Il lui aurait suffi de dire du bien de moi, souligne-t-il. Parce qu'il a été mon Premier ministre pendant cinq ans, il aurait dû être le premier des sarkozystes." Fillon avait au contraire commencé à montrer - respectueusement - quelques distances...
Le débat sur le "droit d'inventaire" de son quinquennat n'est pas le genre de sujet qui lui plaît. Et c'est avec humour qu'il lit les commentaires des uns et des autres. "Je vois, je lis, j'entends que beaucoup de mes ministres ont souffert en silence. C'est étrange, personne ne m'a demandé de partir. Mais parce que je suis un bon chrétien, je veux leur promettre que plus jamais ils ne souffriront avec moi à l'avenir."
Sur le fond, Nicolas Sarkozy incite son camp à se battre sur le plan des idées nouvelles. "On devrait être au coeur de la campagne des européennes", assure-t-il en insistant sur le fait de promouvoir une Europe à plusieurs vitesses. "On a une belle campagne à faire sur ce thème", scande-t-il. En revanche, il n'est pas favorable à la suppression des 35 heures, estimant qu'un candidat qui proposerait leur suppression, conjuguée au recul de l'âge légal de la retraite à 65 ans, n'aurait "aucune chance de gagner". C'est là aussi une allusion aux propositions de François Fillon.
Sarkozy a défendu la défiscalisation des heures supplémentaires (son idée), redit son hostilité au principe de précaution (inscrit dans la Constitution sous Chirac). Ses invités ont trouvé en revanche étrange qu'il critique l'interdiction des OGM et du gaz de schiste. Deux décisions qui n'ont été prises par nul autre que lui-même...
D'un point de vue tactique, il a insisté sur le fait que le centre devait rester dans la famille de l'UMP et s'est inquiété du rapprochement entre le MoDem de François Bayrou et l'UDI de Jean-Louis Borloo. Il s'en est d'ailleurs ouvert au député UDI présent autour de la table (Rudy Salles). "Sans les centristes, nous ne serons pas au deuxième tour en 2017", a-t-il conclu, appelant ainsi au rassemblement de la droite.
S'agissant de son destin personnel, comme à son habitude, il a soufflé le chaud et le froid avec des phrases définitives ("pour moi, la politique, c'est terminé", "je ne reviendrai pas"...) tempérées par des ouvertures quand il s'agit de "se mettre au service de la France". Si bien que les participants ont globalement compris que Nicolas Sarkozy était plus que jamais en train de préparer son match retour et qu'il en brûlait d'envie...
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