jeudi 26 septembre 2013
Faire parler les chiffres
Faire parler les chiffres
Alors, champagne pour tout le monde ? Pour la première fois depuis avril 2011, le chômage a baissé en août dernier. Pour la première fois depuis bien longtemps, la dépense publique va refluer en 2014. Cela serait donc tout bonnement historique. On voudrait pouvoir s'en tenir à ce que l'on appelle couramment la vérité des chiffres et les prendre, si vous nous permettez l'expression, pour argent comptant. Ce serait, hélas, trop simple. Parce qu'il y a les chiffres et ce qu'on leur fait dire. Et sur ce plan, les bavardages tellement contradictoires des politiques plongent le citoyen dans un abîme de perplexité.
Historique, la baisse du chômage ? Oui, sur le papier. À ceci près que la diminution du nombre des demandeurs d'emploi s'accompagne d'un chiffre quasi équivalent concernant les radiations sur les listes de Pôle emploi, faute d'accomplissement des formalités. Pas de quoi pavoiser, si l'on ajoute à cela l'exceptionnelle mobilisation sur les emplois aidés. Michel Sapin, très prudent, a d'ailleurs refusé de parler de « retournement ».
Historique, la baisse des dépenses publiques pour 2014 ? Oui, si l'on compare à ce qui s'est fait (ou plutôt pas fait), y compris sous la droite, depuis des dizaines d'années. Avec un bémol si l'on considère que les dépenses publiques ne baisseront pas par rapport à 2013, mais par rapport à l'évolution tendancielle. Et, du coup, la dette publique culminera à un sommet, historique pour le coup, de 95,1 % du PIB. Là encore, pas de quoi pavoiser. On le voit, cette loi de finances 2014 ne va pas assez loin sur le plan des économies et fait la part trop belle aux impôts. Ce que François Hollande appelle dans un délicieux euphémisme « la quasi-stabilité ».
Au-delà des chiffres, on voit bien que les éléments de langage ont été martelés au PS. Faute de mieux, on a ressorti le thème de l'héritage et, surtout, on a réhabilité la vertu redistributive de l'impôt pour le bien commun. Sauf que l'on aura du mal à convaincre tous ceux qui, en dehors des « plus aisés », sont devenus des « redistributeurs ». Pour eux, pas de vains mots. Les chiffres qui leur parlent le mieux sont ceux de leurs feuilles d'imposition.
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