jeudi 5 décembre 2013
Une loi cache-sexe
Une loi cache-sexe
Par 268 voix pour, 138 contre et 79 abstentions, les députés ont adopté la proposition de loi sur la « lutte contre le système prostitutionnel ». Autant dire que le projet n'a pas fait, loin s'en faut, l'unanimité, et que beaucoup de parlementaires de tous bords ont voté cette « avancée historique »… à reculons. Il n'était pas facile, en effet, sous peine d'être renvoyé à l'infamante accusation de machisme, de s'opposer au texte sans paraître « soutenir » la prostitution. Alors, reconnaissons-le, les députés n'ont pas eu le courage de débattre en échappant au manichéisme. Ils n'étaient qu'une trentaine, vendredi en soirée, à faire « chambre à part » pour échanger des arguments tronqués.
Une telle débandade démocratique tranche avec la vigueur des réactions antagonistes ayant traversé la société civile. Experts, psychologues, sociologues, associations, médecins et simples citoyens ont débattu sans parvenir à se convaincre ni à nous convaincre. Laissons de côté le manifeste libidineux des « 343 salauds » revendiquant le droit à leur pute. Sous couvert de leur « bon plaisir », on ne saurait cautionner une prostitution violente et oppressive réduisant des femmes à l'esclavage.
Sauf que c'est plus aux réseaux mafieux qu'aux clients qu'il conviendrait de s'attaquer. Et puis, même si l'on doute qu'il existe une « prostitution heureuse », pourquoi interdire le « travail sexuel » à celles qui y consentent pour échapper à une autre forme d'asservissement ?
Au nom de l'altération du libre-arbitre des prostituées, les abolitionnistes veulent les défendre à leur insu. Au risque d'une atteinte aux libertés individuelles si chères à une gauche d'habitude ouverte à toutes les émancipations. On n'insistera pas sur l'irréalisme d'une verbalisation des « consommateurs ». Et comment ne pas s'étonner de ce soudain moralisme gouvernemental quand la pornographie envahit l'espace public, que les perversions et fantasmes sexuels envahissent les écrans ? Pour éradiquer le plus vieux métier du monde, il faudra davantage que la pruderie d'une loi cache-sexe.
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