jeudi 9 mai 2013
Un 8 Mai aux couleurs de la Pologne
La présence à Paris aujourd'hui du président polonais, à l'occasion de la cérémonie du 8 Mai, est un juste rappel de l'histoire. Varsovie fut l'un des théâtres les plus douloureux de la Seconde Guerre mondiale. Du fait de la mainmise soviétique, les Polonais durent attendre bien après le 8 mai 1945, jusqu'en 1989, pour fêter leur vraie libération. En remontant les Champs-Élysées, le président Komorowski pourra difficilement ne pas y penser.
La France entretient depuis des siècles des liens solides et privilégiés. Quelques noms suffisent pour le rappeler. Chopin, Marie Curie, la comtesse Waleswka, maîtresse de Napoléon. Plus proche de nous, l'histoire de la résistance au modèle communiste, à travers le mouvement exemplaire que fut Solidarnosc, évoque une page glorieuse de l'Europe au détour des années 1980.
Mais si la Pologne est un partenaire important au moment où l'Europe doute d'elle-même, ce n'est pas uniquement pour des raisons historiques et culturelles. Même si elles sont essentielles. C'est aussi pour des raisons proprement politiques et stratégiques que Varsovie fait figure d'allié naturel.
Membre de l'Otan depuis 1999, et de l'Union européenne depuis 2004, la Pologne est un élément clef de la stabilisation du continent européen de l'après guerre froide. Économiquement, elle vient de se redresser de façon spectaculaire. Durant la sombre année 2009, un seul pays de l'Union européenne affichait une croissance positive, la Pologne. Quatre ans, à peine, après le stérile et pénible débat sur le plombier polonais.
Allié stratégique
De nombreux Polonais qui avaient émigré en Grande-Bretagne ou en Irlande ont fait leur retour. Et, depuis quelques mois, certaines villes comme Wroclaw accueillent même de plus en plus de jeunes diplômés du sud de l'Europe en quête de travail.
Varsovie bouge et aime l'Europe. Il est vrai, elle est le plus grand bénéficiaire des fonds européens de la politique de cohésion. Même le monde rural polonais, farouchement hostile naguère à toute ouverture, tire bénéfice de la Politique agricole commune et on retrouve logiquement dans les sondages une adhésion encore forte pour ce choix européen.
Pour l'euro en revanche, que la Pologne devait initialement adopter en 2012, les Polonais sont aujourd'hui plus sceptiques. Les exemples grecs et chypriotes invitent à la prudence. 62 % des sondés affirmaient récemment rejeter l'adoption de la monnaie unique.
Faut-il y voir le prélude à une contagion de l'euroscepticisme ? Pas si sûr. Car, parallèlement, les autorités polonaises travaillent d'arrache-pied à tous les grands projets de réforme de la gouvernance économique de la zone euro. Convaincus que le destin de la Pologne est de jouer un rôle de premier plan dans la conduite de l'UE.
Farouchement atlantiste (on le comprend avec un voisin aussi encombrant que la Russie), la Pologne est devenue encore plus européenne sur le plan stratégique. Surtout depuis que, en 2009, Washington a renoncé à déployer son bouclier antimissiles. En matière de politique de défense commune, c'est un allié plus allant que Berlin. Le partenaire polonais n'est pas seulement l'un des six grands pays de l'Union, c'est un de ses moteurs les plus motivés. Il est temps d'en prendre la mesure.
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