TOUT EST DIT

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jeudi 9 mai 2013

Le bateau ivre de François Hollande


Il y a un an, le Président de tous les Français accédait au gouvernail. Il y a également un an, le Président Poutine faisait de même. Il y a 55 ans, le gouvernement du Général prit, lui aussi, la situation en mains. La presse française a beau vilipender Poutine en faisant fi de son franc succès, il arrive toujours à faire face à toutes les critiques en affichant des résultats nets dignes d’un grand chef d’entreprise : chômage presque le plus bas du monde, protection sociale améliorée, solde du Commerce Extérieur positif, retour au rang des grandes puissances, monnaie stable, armée confiante en son avenir et réarmement réussi. On ne peut pas en dire autant pour le bilan de François Hollande. Mais à vrai dire je plains beaucoup l’homme qui, en brave type, s’évertue de tenir toutes ses promesses, même les plus intenables, à savoir marier la chèvre et le choux, c’est-à-dire les Français catholiques et traditionnalistes avec la génération gay déboussolée du type ni blanc, ni black, ni jaune, unisexe et copulation généralisée au nom de FEMEN ! Et au milieu de tout ce gâchis un doux rêveur qui n’hésite pas à rester à la barre tel un capitaine du Titanic gaulois.
A sa façon de Gaulle était, lui aussi, un visionnaire, mais qui, à la différence de Hollande, se fichait pas mal de ses promesses. Il œuvrait pour le bien public, pour son pays et pour lui la fin justifiait toujours les moyens. C’est grâce à lui que la France qui s’est beaucoup compromise lors de la Seconde Guerre mondiale s’en est tirée à si bon compte et triomphante. Ce fin renard a su esquiver tous les dangers, planter tous ses ennemis, dépasser tous les rivaux même le général Juin et de Lattre de Tassigny et résister à la poussée vigoureuse américaine. Nous avons voulu demander à un grand spécialiste de la France, doyen du corps diplomatique russe et chef du Centre de recherches sur la France de l’Institut de l’Europe de l’Académie des Sciences de Russie ce qu’il pense du règne de Hollande par rapport à l’héritage gaullien. Voici sa réponse :
 Comment voyez-vous les choses maintenant, un an après l’arrivée de François Hollande au pouvoir par rapport au général de Gaulle, car il y a 55 ans son deuxième gouvernement accédait justement aux commandes ?
Yuri Roubinski. Par définition, la comparaison n’a pas de raison d’être. Elle n’est pas correcte en ce sens qu’en France et dans le monde du temps du premier gouvernement de De Gaulle, en 44-45, qui fut appelé le gouvernement provisoire de République Française, c’était encore la guerre… Et la seconde fois, en 68, c’était la guerre d’Algérie ! Donc c’étaient des circonstances extraordinaires au niveau d’une catastrophe, nationale dans le premier cas et très grave dans le second. Aujourd’hui on ne peut pas dire que la France est au bord de l’abîme bien que le catastrophisme règne parmi les commentateurs aussi bien français qu’étrangers qui évaluent le bilan de la première année du mandat présidentiel de François Hollande. Il faut dire effectivement que le bilan n’est pas brillant dans le sens des grands équilibres socio-économiques qui sont dans un état pire qu’il y a un an. Mais on ne peut pas dire en même temps que le président actuel a hérité d’une situation brillante non plus. Quand les compagnons de F.Hollande disent qu’ils sont au pouvoir depuis un an et que la droite y a été depuis 10 ans, ce n’est pas faux. Et quand ils font référence à la crise systémique mondiale, c’est aussi vrai ! Mais en même temps avec l’alternance depuis 3 mandats présidentiels, la gauche perdait les voix. Et donc c’est pour la première fois depuis François Mitterrand, depuis 1995 c’est-à-dire son départ, à partir de 81 quand il a été élu et depuis 88 quand il a été réélu, depuis lors la gauche a été dans l’opposition. Aujourd’hui elle est au pouvoir et on peut dire que la situation politique et morale du gouvernement actuel n’est pas enviable parce que c’est la gauche qui détient aujourd’hui tous les leviers de commande politiques : majorité dans les 2 chambres du parlement, Elysée ce qui est essentiel, gouvernement, majorité dans 21 conseils régionaux des 22 de la Métropole, la majorité dans les Conseils généraux des départements, mairies des grandes villes… Bref, c’est un pouvoir sans partage ! Et les résultats ne sont pas à l’avenant des attentes des électeurs de Hollande. Tous les sondages affichent une perte nette de popularité : il y a un an, il débutait avec 62 % de voix favorables. Aujourd’hui il est au niveau de 24 %, ce qui est le niveau le plus bas depuis la création de la Cinquième République. Les raisons sont évidentes : quelles que soient les erreurs de l’actuel gouvernement et du chef de l’Etat, la situation en Europe en général et surtout dans le Sud de la zone euro n’est pas brillante, loin de là ! Et tous les indicateurs de l’économie française sont en baisse. Sauf l’emploi qui est en hausse. Vient s’y rajouter la dette de l’Etat. Tel est le tableau de bord décourageant ! Dans ces conditions il n’est pas étonnant que l’opposition en fait ses choux gras, mais au sein même de la majorité il y a des communistes, des écologistes, le parti de Mélenchon. Et ils donnent tous de la voix. Il y a une tendance inquiétante à la montée des extrêmes. Le Front National de Le Pen part à la hausse. Le Parti de gauche de Mélenchon réussit moins bien. Mais la conjonction de ces extrémismes ne prédit rien qui vaille.
Comment peut-on porter un jugement d’ensemble ? Je me souviens de la réponse célèbre d’un grand homme d’Etat chinois quand on lui a demandé son opinion sur la révolution française de 1789. Il a dit : « Trop peu de temps ! Il faut qu’il s’écoule un peu plus de temps pour pouvoir en juger ! » Alors ici c’est pareil. Il faut que le mandat de François Hollande soit consommé. L’homme semble balloté entre les attentes de son électorat, ses propres promesses électorales qu’il est difficile de tenir dans l’ensemble et d’autre part, les réalités. Il en tient compte. Alors du fait de cette dichotomie on s’aperçoit que le président et le gouvernement sont obligés de louvoyer et donner entre les deux extrêmes. Et par conséquent, ils donnent une impression d’indécision, de mollesse. Je crois que c’est un peu exagéré. Le style du gouvernement a changé effectivement, mais en fait qu’est-ce qu’on peut dire pour l’avenir ? Premièrement, je ne crois pas, sauf un concours de circonstances extraordinaire, que le gouvernement actuel soit remanié de façon humiliante c’est-à-dire avec le départ du Premier ministre. Mais on aura en automne un changement important et effectivement la baisse du nombre de postes ministériels. C’est presque certain ! D’autre part, la défaite de la gauche aux élections municipales et européennes de l’année prochaine, c’est presque certain aussi. Mais cela ne porte pas atteinte à la légitimité du pouvoir actuel. C’est-à-dire en revenant à votre première question, sur le parallèle avec le Général, ce n’est pas avec lui ! Le parallèle est important dans le sens où les institutions léguées par le général de Gaulle c’est-à-dire par la constitution de la Cinquième République fondée en 1958, donnent au pouvoir exécutif et tout d’abord au Président de la République, une légitimité incontestable pendant toute la durée de son mandat tant que sa majorité à l’Assemblée Nationale tient ! Je n’ai pas l’impression que du jour au lendemain on peut s’attendre à la cassure de la majorité actuelle, ce serait suicidaire ! Mais je n’ai non plus l’impression que la formule de l’Union Nationale, c’est-à-dire droite-gauche, pour parer aux nécessités actuelles les plus pressantes, soient valables. D’abord pour les socialistes ce serait un rôle assez humiliant. Mais d’autre part, la droite n’est pas prête à prendre les rênes du pouvoir elle non plus. Elle est divisée entre les deux leaders de l’UMP. L’ancien président Sarkozy peut effectivement postuler de nouveau mais la situation n’est pas encore mure. Il pourrait prendre le pouvoir mais ce sera contre-productif pour l’opposition. Il faut attendre que la situation soit plus difficile. Il faut attendre, encore 4 ans peut-être pour pouvoir revenir au pouvoir.

Comme nous voyons, la France est en train de sombrer, et pour la remettre à flot il faudra beaucoup plus que les seins nus d’une FEMEN ou la politique franchement unisexe d’un Monsieur Bricolage. 

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