TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 29 mai 2013

Banque de France : petit manuel de libéralisation à l'usage de Hollande

La Banque de France a dessiné un véritable programme de gouvernement mercredi. L'occasion pour le président de définir son "socialisme de l'offre" ?


François Hollande veut-il vraiment mettre en oeuvre un socialisme de l'offre ? Veut-il vraiment "faire dans les moments difficiles des choix courageux pour préserver l'emploi, pour anticiper les mutations industrielles (...), ce qu'a fait Gerhard Schröder", comme il l'a affirmé devant Angela Merkel au congrès du SPD allemand ? Eh bien, il n'a plus qu'à suivre le véritable programme de gouvernement économique que lui a adressé le gouverneur de la Banque de France, dans sa traditionnelle lettre annuelle, à l'occasion de la présentation de son rapport. Réforme profonde du marché du travail pour lutter contre le chômage ; réduction maîtrisée des dépenses publiques, notamment via une nouvelle réforme des retraites ; restauration de la compétitivité des entreprises ; choc d'offres de logements, telles doivent être les lignes directrices de l'an II du quinquennat de François Hollande, selon Christian Noyer. Un parfait manuel de libéralisation de l'économie française, jamais essayé auparavant. "Le monde a changé, et donc il faut changer le modèle de croissance", a expliqué le gouverneur. Et abandonner le vieux modèle de croissance français fondé sur "la consommation" et "la demande intérieure", financé à crédit.

Libéralisation du marché du travail

Le constat : "Parmi les pays développés, la France fait partie de ceux qui consacrent à la politique de l'emploi les ressources financières les plus importantes, mais enregistre aussi un taux de chômage parmi les plus élevés, en particulier chez les jeunes."
Le remède : Mettre fin à la "complexité", la "multiplicité" et le "saupoudrage" des aides à l'emploi. "Ne visent-elles pas à compenser des rigidités qu'il serait plus efficace - et moins coûteux - de corriger directement ?" L'accord interprofessionnel du 11 janviersigné par le patronat et une partie des syndicats contient des "avancées considérables", aux yeux de la Banque de France. Les droits rechargeables à l'assurance chômage, notamment, incitent à la reprise plus rapide d'un emploi, puisqu'ils permettent de conserver les droits à indemnisation accumulés antérieurement en cas de nouvelle perte d'emploi. Mais "l'effort doit être poursuivi". L'assurance chômage devrait être réformée elle aussi pour inciter à la reprise d'emploi. "La réduction de la durée d'indemnisation devrait être envisagée dès que la conjoncture s'améliorera significativement." Mais la réduction du taux de remplacement, particulièrement favorable pour les revenus les plus élevés, devrait être entamée "dès maintenant". Cela tombe bien, puisque les paramètres de l'assurance chômage doivent être rediscutés dans les prochains mois par les partenaires sociaux. Autre chantier, d'ailleurs s'inscrit à l'agenda 2013 par François Hollande, la réforme de la formation, qui n'est pas assez centrée sur les chômeurs.

Réduction du déficit public

Le constat : "Les efforts ont reposé dans un premier temps sur des mesures de prélèvements obligatoires pour obtenir des résultats rapides."
Le remède : "Concentrer les efforts sur la dépense publique, compte tenu du niveau élevé de pression fiscale atteint et de l'impossibilité d'augmenter les charges des entreprises sans dégrader à nouveau l'activité et l'emploi." Pour y parvenir, Christian Noyer a identifié trois axes. D'abord, "infléchir la progression de la masse salariale dans la fonction publique" : les fonctionnaires devraient accepter une baisse de leur GVT, c'est-à-dire du "glissement vieillissement technicité" - un indice qui fait progresser les salaires des fonctionnaires chaque année -, en plus du gel du point d'indice, et ce pour tenir compte de l'allongement de la durée de vie au travail. Ensuite, mener à bien la réforme des retraites. Avec une proposition-choc : désindexer les pensions de l'inflation, au moins temporairement (et au passage une désindexation "partielle temporaire" des prestations sociales aux ménages), en plus d'un nouvel allongement de la durée de cotisation. Car, "utilisé seul", le seul allongement de la vie au travail "conduirait à faire porter toute la part de l'effort sur les actifs et les jeunes générations". "Pour l'instant, on n'a rien demandé aux retraités", alors qu'ils "disposent de ressources largement égales à celles des actifs. C'est une question d'équité intergénérationnelle", a estimé le gouverneur de la Banque de France, en répondant aux questions des journalistes. Enfin, Christian Noyer veut "une simplification radicale des structures administratives", avec, pour chaque structure, une "compétence exclusive dans un domaine particulier".

Redressement de la compétitivité des entreprises

Le constat : "Depuis dix ans, la France perd des parts de marché à l'exportation (...) et creuse son déficit extérieur."
Le remède : Ne ne pas augmenter le smic de façon discrétionnaire, ne pas augmenter les cotisations sociales pour les entreprises. Y compris pour financer la réforme des retraites ! La progression des salaires, elle, doit ralentir pour ne pas dépasser le rythme de progression de la productivité. Car, pour Christian Noyer, la compétitivité-coût, celle qui sous-tend le prix de vente, est essentielle dans la dégradation des marges des entreprises. Le gouverneur de la Banque de France refuse de faire une différence nette avec la compétitivité-hors coût (qualité des produits, gamme...). Son raisonnement est simple : l'augmentation du travail a entraîné une compression des marges des entreprises pour maintenir les prix, ce qui a provoqué une baisse de l'investissement, de la recherche-développement et, par ricochet, de la compétitivité-qualité des produits français. Autre recommandation : faire baisser le coût du travail dans les services, le premier gisement d'emplois non délocalisables, "dans lesquels l'écart salarial avec nos concurrents s'est creusé le plus rapidement". Cela passe par une libéralisation des professions protégées, comme l'avait demandé la commission Attali, surtout si elle est menée en même temps que celle du marché du travail. Car le prix excessif des services pèse fortement sur la rentabilité des entreprises industrielles. S'il reste donc beaucoup à faire, Christian Noyer décerne tout de même un bon point au gouvernement pour son "pacte de compétitivité" et notamment le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) de 20 milliards en faveur des entreprises. Mais ce n'est qu'"un premier pas essentiel".

0 commentaires: