vendredi 26 avril 2013
Sans croissance, pas de salut
Pic attendu, record battu. La France compte 3,224 millions de chômeurs (+ 36 900 en un mois). Du jamais vu. C’est forcément un gros « coup de massue ». « Le changement, c’est maintenant », avait promis François Hollande. Dans son slogan de campagne, beaucoup de Français, minés de près ou de loin par le chômage, ont entendu à l’époque ce qu’ils voulaient entendre. La promesse a minima d’une embellie. Un an après l’arrivée de la gauche au pouvoir, force est d’admettre qu’il faudra s’armer de patience pour voir cette embellie. Faute de croissance.
Vivre sans croissance est pire que le mal. Un mal enkysté sous l’ère Sarkozy et qui continue son travail de sape avec ses destructions de valeur. Mille emplois disparaissent chaque jour en France, avec leur lot de fermetures d’usines. Quand ce désastre vat- il s’arrêter ? Les oracles de tous bords tablent sur une poursuite de la dégradation aggravée par la désindustrialisation des Trente Glorieuses. Trois décennies où la croissance s’est faite à crédit. Mais dette et déficits sont là, abyssaux. Et il faut bien les réduire, à l’heure où les syndicats, inquiets, demandent des comptes aux politiques.
L’âge d’or est fini. Mais on veut croire que rien n’est perdu, même si les espérances de rebond se heurtent au mur des réalités de la mondialisation. Penser que la relance se fera par la consommation et non la production, via le soutien à l’industrie et aux entreprises, est une ineptie. À défaut de s’inverser, la courbe du chômage peutelle s’aplanir, à la fin 2013 ? Faute de croissance, cette prophétie du chef de l’État, confiant dans sa stratégie relayée par tout son staff, relève de l’auto-persuasion.
L’emploi, cause nationale
Pourtant, on ne peut pas dire que le gouvernement soit resté les bras croisés. Mais le temps lui file désormais entre les doigts. Que faut-il espérer des contrats d’avenir et des contrats de génération coincés dans les starting-blocks, alors que l’horizon des jeunes et des seniors ne cesse de s’assombrir ? Et de la réforme sur la sécurisation de l’emploi et du crédit d’impôt compétitivité (CICE) ? Que les greffes prennent – et vite – au moment où la politique de réduction des déficits, certes à mille lieues de l’austérité qui pèse sur nos voisins, produit l’effet contraire de celui recherché.
La France ne vit pas hors sol et doit se battre, dos au mur, pour rebondir. Un peu partout en Europe, le chômage atteint des niveaux sans précédent. Partout, on y traque le moindre sursaut d’une croissance en berne. Il faudrait qu’elle soit de 1,5 % pour espérer un recul du chômage ! Or, la France, au bord de la récession, sera encore loin du compte en 2014.
Entrepreneurs et chômeurs de longue durée ou non, à commencer par eux, savent que les conditions de la relance ne sont pas réunies. Que la lutte pour l’emploi ne peut se satisfaire de seuls dispositifs défensifs à l’heure où l’intérim a lesdeuxgenoux à terre. Il faut donc aller plus loin pour renouer avec la compétitivité. Être audacieux sans jouer les risque-tout, faire de l’emploi une vraie cause nationale.
Le dire de Chine, comme l’a fait, hier, François Hollande, c’est bien. Le faire, c’est mieux, à condition de chasser les dogmes paralysants et les postures politiciennes. De changer aussi de logiciel. Car la croissance de demain, verte ou pas, reste aussi à inventer et ne sera plus de même nature que celle connue jusqu’ici et après laquelle on court. Pour l’avoir crue durable.
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