dimanche 6 janvier 2013
Zemmour "dit tout haut, ce que l'UMP pense tout bas"
Mercredi, Eric Zemmour n'a pas mâché ses mots et s'en est pris aux associations antiracistes. Le journaliste, récemment condamné, a notamment demandé à ce qu'elles ne puissent plus se constituer partie civile. Pour leJDD.fr, le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, et du CRAN, Patrick Lozès, reviennent sur cette intervention.
Mercredi, à la tribune de la convention UMP sur l'hyper-réglementation, Eric Zemmour n'a pas caché son aversion pour les associations antiracistes. Le polémiste – récemment condamné par la justice – a critiqué "le politiquement correct" et exhorté l'abandon de la possibilité pour les associations antiracistes de se constituer partie civile lors d'un procès. "Il vous faut donc désormais débrancher tous les fils qui donnent vie au monstre. Supprimer l'action pénale pour les associations antiracistes", a clamé le journaliste, devant les responsables UMP présents. Avant d'ajouter: "Pendant que vous y êtes, si vous pouviez supprimer leurs subventions, ça ferait du bien au budget de l'Etat."
Des propos qui ont fait réagir les associations concernées. "Eric Zemmour a la défaite mauvaise", a jugé jeudi le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, joint par leJDD.fr. "Oui, il est interdit en démocratie de jeter à la vindicte publique des groupes parce que cela risquerait de les mettre en péril dans la société", a-t-il ajouté en réponse aux critiques du polémiste. Pour Dominique Sopo, l'action pénale des associations est une démarche essentielle, "d'autant plus que les individus ont parfois besoin de notre soutien, car le processus judiciaire peut être complexe, lourd et que le fait d'être épaulé est extrêmement important". Un point de vue partagé par Muriel Joseph, avocat à la cour d'appel de Paris, spécialisée dans le droit des associations: "Elles sont les porte-parole des individus, qui, seuls, n'auraient pas les moyens, les compétences et l'énergie pour se porter partie civile", a-t-elle assuré au JDD.fr.
Choqué par l'ovation faite à Eric Zemmour, le président du CRAN va plus loin et affirme que le journaliste "dit tout haut, ce que l'UMP pense tout bas", devenant ainsi "le chaînon manquant entre le parti majoritaire et le Front national". "C'est quand même ironique que quelqu'un condamné par la justice vienne nous donner des leçons", estime Patrick Lozès, contacté par leJDD.fr. Ce dernier met aussi en garde contre l'attitude de l'UMP qui s'enfonce dans "l'injustice" et qui remet sur le devant de la scène des débats "qui ramènent le pays des décennies en arrière".
Mercredi, les associations ont également été attaquées sur leur financement par l'Etat, via des subventions. "Le fait que de l'argent public permette de financer des associations qui sont là pour défendre les valeurs de la République est quand même la moindre des choses", s'est défendu Dominique Sopo, ajoutant que sur le budget global de SOS Racisme – qui est d'un million d'euros –, un peu moins de 50% vient des subventions de l'Etat. "Les associations n'ont pas besoin des subventions publiques pour exister", renchérit de son côté Patrick Lozès, qui refuse de rentrer dans le jeu d'Eric Zemmour.
Jeudi, dans un communiqué, la Licra a demandé un droit de réponse suite à la tribune du polémiste. Un courrier signé par le président de l'association, Alain Jakubowicz, a d'ailleurs été adressé au secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé. "Il est non seulement souhaitable, mais véritablement indispensable que les parlementaires puissent entendre un autre avis que celui qui leur a été exposé, pour forger leur opinion", peut-on y lire. "C'est toujours très étrange ces personnes qui appellent à la liberté de débattre, mais qui débattent toujours entre eux", a également jugé Dominique Sopo de SOS Racisme. La demande est faite. Reste à savoir quelle sera la réponse du parti majoritaire.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire