mercredi 11 avril 2012
La cour de l’usine se vide
Pendant la campagne présidentielle, le déclin industriel continue.
Les statistiques de février sont en trompe-l’œil : officiellement la
production industrielle est à la hausse de 0,3 %. Quand on y regarde de
près, le seul chiffre résolument positif porte cependant sur la
consommation de gaz et d’électricité. Et celle-ci a augmenté non parce
que les usines auraient monté en régime, mais parce qu’il a fait… très
froid. Accessoirement aussi parce que le prix du gaz ne cesse de
grimper.
Les autres indicateurs sont tous à l’orange ou au rouge
vif, et la désindustrialisation en est directement responsable. Les
produits de raffinage par exemple, chutent de 13 % en trois mois, à
cause de l’arrêt de la raffinerie de Petit-Couronne, près de Rouen. La
chimie, le caoutchouc, les équipements électriques, les produits
informatiques, électroniques et optiques sont à la peine. N’en jetez
plus, la cour de l’usine… se vide.
Voilà qui ramène à de plus
justes proportions les grands discours des candidats. En 2007 déjà,
Nicolas Sarkozy proclamait que notre pays « doit garder ses usines » et
personne n’aurait osé prétendre le contraire. Le président sortant n’est
d’ailleurs pas resté inactif pendant son mandat. Il a convoqué en 2009
des « états généraux de l’industrie » qui ont accouché de divers
gadgets, comme un « Observatoire du fabriqué en France » et une «
Semaine de l’industrie » dont la deuxième édition s’est achevée le
25 mars dernier. Nicolas Sarkozy a également lancé un grand emprunt pour
favoriser les investissements innovants et a supprimé la taxe
professionnelle qui grevait les finances des entreprises. Sans effets
visibles.
Il faut dire que pendant ce temps, l’État, qui est
actionnaire de Renault à hauteur de 15 % n’a pas empêché l’ancienne
Régie nationale d’investir massivement à l’étranger, d’où elle réimporte
la grande majorité des voitures qu’elle vend en France. Sous la
pression de Bruxelles, la politique a cédé le pas à l’économie, et il
est à craindre que les effets d’annonce continuent à l’avenir, quel que
soit le président qui sera élu. Le « patriotisme industriel » de
François Hollande, le « Produire français » de François Bayrou, le «
Produire en France » de Nicolas Sarkozy sonnent agréablement aux
oreilles des électeurs. Mais ils ne font pas bon ménage avec le
libéralisme débridé qui est de mise à la Commission européenne.
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