mercredi 11 avril 2012
Marchés : la France sous la pression de son élection
Dans l’œil des marchés : Dominique
Trenet, stratégiste dans une société de gestion indépendante, dresse,
chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et
politiques les plus en vue du marché.
Le nombre de papiers décrivant l’éclatement de la zone euro de façon prospective se multiplie. The Economist
de cette semaine recense les intervenants d’un concours qui ont fait
les propositions les plus intéressantes. Pour Jonathan Tepper, la sortie
de la Grèce de la zone euro est le seul moyen pour ce pays de repartir
du bon pied. Roger Bootle considère que c’est l’Allemagne qui devrait
sortir en priorité de l’euro. Neil Record passe en revue tous les
risques juridiques de la dissolution.
Les marchés perdent leur soutiens les uns après les autres. La
crise de la dette souveraine en Europe qu’ils pensaient apaisée repart
en Espagne. La reprise américaine qui était considérée comme acquise est
remise en cause par les statistiques sur l’emploi de la semaine
dernière. L’indice de surprise économique calculé par Citigroup est devenu négatif. Il mesure l’écart entre les chiffres publiés et ceux qui étaient attendus par le marché.
La remontée des taux n’est pas forcément mauvaise pour les actions. C’est la théorie que défend Sharon Bell de Goldman Sachs. Dans un récent papier, elle démontre au contraire que
historiquement, la remontée des taux coïncide avec une hausse des
marchés actions dans les six à douze mois qui suivent. Les valeurs
cycliques surperforment les valeurs défensives. Les moins bonnes
performances étant le fait des sociétés de télécommunications et de
service public.
En France,
on assiste à la multiplication des scénarios fiction décrivant les
conséquences d’une victoire de François Hollande le 6 mai prochain. Yves de Kerdrel du Figaro, décrit l’effondrement de la bourse de Paris après une déclaration du futur Ministre des Affaires Sociales sur « la
retraite à 60 ans qui doit devenir un droit inaliénable pour tous » et
une fuite de la prochaine Garde des Sceaux sur un projet de loi
« interdisant les licenciements boursiers et prévoyant l’entrée
systématique de quatre représentants du personnel aux conseils
d’administration de sociétés de plus de 250 personnes ». The Economist
dans un article intitulé « Terreur » décrit le mouvement de déplacement
de sièges sociaux de sociétés françaises vers le Luxembourg.
Le marché américain devrait encore monter selon Abby Joseph Cohen stratégiste chez Goldman Sachs.
L’économie américaine est de loin la première du monde. La Chine ne
représente actuellement que 40% de la taille de l’économie américaine.
L’indice S&P 500 se paye 13 fois les bénéfices estimés pour les
douze prochains mois, ce qui est toujours inférieur à la moyenne des
cinq dernières années. Robert Kavcic de BMCO Capital Markets
fait remarquer que le rendement estimé des valeurs du S&P 500 est
encore supérieur de cinq points à celui des obligations du Trésor
américain à 10 ans. Les résultats trimestriels dont la publication va
débuter cette semaine ne suffiront pas à rassurer les marchés
En Europe, Pankaj Patel, le chef de l’analyse quantitative chez Crédit Suisse,
vient de publier la liste des valeurs européennes dans lesquelles
Warren Buffett pourrait avoir envie de prendre une participation. On y
trouve notamment Publicis et BIC pour la France ; Nokian Renkaat en
Finlande, Coloplast et William Demant Holding pour le Danemark. Christopher Potts le stratégiste de Cheuvreux pense que la correction que nous vivons ne remettra pas en cause le mouvement de hausse des marchés européens.
Sur le marché japonais les
statistiques du « Tankan Business Conditions » qui donne une idée
prospective de la façon dont va évoluer l’économie japonaise ont été
publiées pour le mois de mars. Elles sont assez médiocres
En Chine on
devrait assister à un atterrissage en douceur pour l’économie, mais
très agité pour les résultats des entreprises. Telle est l’opinion de Yan Wang Managing Editor de BCA.
Cela
ne l’empêche pourtant pas de rester positif sur les valeurs chinoises
qui sont en baisse de 62% par rapport à leur plus haut de 2007.
Le secteur du solaire
poursuit sa descente aux enfers Solar Trust aux Etats Unis vient d’être
mis en faillite. Sa maison mère allemande, Solar Millenium avait fait
la même chose en décembre dernier, tout comme Q-Cells une ex vedette de
la cote de Francfort et Solon une société berlinoise de
photovoltaïque. Ce secteur a été très mal géré au niveau européen et
dans les pays membres. Des subventions importantes ont été données à ce
secteur qui devait être un grand créateur d’emplois. Dans la réalité
tout cela n’a profité qu’à l’industrie chinoise sans aucune
contrepartie. Un cas pratique intéressant pour tous ceux qui pensent
qu’il n’y a qu’à développer les énergies alternatives pour prendre le
relais du pétrole et du nucléaire.
Dans le secteur des financières,
le potentiel de croissance des résultats reste fort surtout aux
États-Unis. Les coûts sont sous contrôle. Les banques américaines et
asiatiques vont profiter de l’obligation pour les banques européennes de
réduire leur voilure. Richard Bove de Rochdale Securities recommande chaudement l’achat de Morgan Stanley.
L’immobilier
fait l’objet de nombreuses opérations consécutives au désendettement
des banques pour respecter les ratio de fonds propres imposés par Bâle
III. BNP Paribas a ainsi cédé 28,7% de Klépierre à Simon Property un
groupe américain. Il est plutôt triste de voir que des patrimoines de
qualité sont cédés pour des raisons réglementaires à des investisseurs
américains, asiatiques ou du Moyen Orient. Valérie Guezi et Nick Webb les analystes qui couvrent l’immobilier en Europe pour Exane BNP Paribas recommandent parmi les sociétés françaises l’achat de Icade, Mercialys et Unibal Rodamco.
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