mercredi 11 avril 2012
Le moindre pire est l’ami du mal !
Si le mieux est l’ennemi du bien, surtout en
politique, ne pourrait-on pas inférer à l’inverse – selon la distinction
rappelée dans notre numéro de mercredi dernier entre moindre mal et moindre pire – que le moindre pire est l’ami du mal (autrement dit enclin au pire) ? A la différence du (vrai) moindre mal (le « meilleur possible », selon le P. Garrigue) qui demeure l’ami du bien en voulant inverser
la tendance perverse du mal vers le pire. Vérification par les faits
dans l’histoire politique récente de ce principe plus simple qu’il en a
l’air.
N’est-ce pas ce qui explique depuis des lustres pourquoi le vote dit « utile » (à « droite »), auquel participent de nombreux catholiques, au nom d’un (faux) moindre mal (confondu avec le moindre pire), ne permet jamais à cette droite de faire une bonne politique contre la gauche ?
Comme on a l’exemple célèbre du latin pour démasquer les intentions
néomodernistes des protagonistes de Vatican II, nous avons l’exemple
déterminant de l’« IVG », « inventé » par la « droite » Giscard-Chirac-Veil, pour dénoncer les intentions foncièrement gauchistes de cette fausse droite. Sur tous les grands sujets moraux et politiques dits « de société » (divorce, contraception, avortement, bioéthique, pacs, homophilie, euthanasie, mondialisme…) ne finit-elle pas toujours, cette droite courbe,
par rejoindre les positions subversives et transgressives de la gauche,
allant même parfois jusqu’à la précéder (comme dans le cas historique
de l’« IVG ») ?
N’est-elle pas même allée, cette droite fictive, jusqu’à se sacrifier électoralement dans un passé récent, en rejetant « toute alliance » avec le moindre mal authentique que représentait le Front national (qui proposait justement de renverser le déclin au sujet des fameux points « non négociables » de Benoît XVI), dévoilant pour le coup le leurre de la prétendue bipolarisation (qui rejaillit artificiellement à chaque élection pour le partage des places) ? De la « bande des Quatre » à l’« UMPS » contre le Front national, le choix de ladite droite va toujours vers le pire : « pas d’ennemi à gauche », selon la praxis dialectique
dictée par le marxisme léniniste stalino-trotskiste. L’on constate
encore, avec Sarkozy (qui refuse toujours cette alliance malgré une « lepénisation » intermittente
de son discours) comment sa prétendue ouverture s’est orientée
exclusivement à gauche, et avec quels gauchistes, du genre Frédéric
Mitterrand !
Ainsi, nous l’avons déjà expliqué (cf. Sous le signe d’Antigone
aux éditions Contretemps de Renaissance catholique), la droite piégée
et piégeuse a toujours fait le jeu de la gauche, dans une infernale
machine à perdre du bien commun. Sous prétexte d’éviter le pire, elle a en fait proposé et imposé son ami le moindre pire en dissuadant notamment bon nombre de catholiques et d’hommes de bonne volonté de choisir d’emblée le moindre mal au premier tour. Affaiblissant, marginalisant et pénalisant du coup ce camp du moindre mal,
ami du bien, elle a évidemment empêché toute éventualité d’un
redressement moral et politique. Elle a en somme empêché dialectiquement
ce qui aurait dû être sa vocation : réaliser un « pas d’ennemi à droite » bien compris, qui est au « pas d’ennemi à gauche » ce que la contre-révolution est à la Révolution : « non pas une révolution contraire mais le contraire de la Révolution » !
Et c’est là justement où les trois points « non négociables » de Benoît XVI
(vie, famille, liberté d’éducation) peuvent nous redonner une boussole
politique, sans écarter pour autant les autres réalités cardinales
attachées à la raison complexe du bien commun national avec ses
paramètres essentiels que sont la souveraineté, l’économie,
l’immigration, etc. Mais précisément, si ces principes « métapolitiques » (relatifs à la loi naturelle) sont politiquement « non négociables », c’est qu’ils priment la loi civile, touchant vitalement au bien commun temporel, subordonnant ostensiblement à leur « Nord » le légitime et prudentiel « politique d’abord ».
Le Saint-Père ne nous demande-t-il pas à travers ces trois principes de
reconsidérer notre comportement politique dans la cité jusque dans le
vote démocratique ? Pour que nous ne soyons plus autant de petits Créon
démocrates qui s’ignorent, repoussant l’appel prophétique d’Antigone.
Oui, si le mieux est l’ennemi du bien en politique, la raison maligne du
moindre pire n’a-t-elle pas été trop souvent l’alliée objective du pire, à la différence du vrai moindre mal ? Ne nous bouchons pas les yeux !
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