lundi 31 décembre 2012
Monsieur,
Je n'attends rien de votre allocution télévisée de ce soir, que je ne regarderai pas d'ailleurs, votre gueule ne me revient pas.
Vous représentez le néant et c'est ça qui m'inquiète.
Président par défaut, par accident, par obstination médiatique, vous n'êtes pas à votre place Monsieur.
Vous le Nul de Tulle, n'avez, depuis votre accession à ce fauteuil bien trop grand pour vous, fait que brasser de l'air par vos déplacements ( dans Air-Sarko que vous critiquiez quand vous étiez dans une opposition systématique) et de l'air par vos discours dénués de bon sens.
Vous l'amateur, sans potentiel, vous l'instable, la girouette au charisme d'une moule, vous le connard de gauche englué dans un programme irréaliste et rétrograde, vous le sous rien, vous me dégoutez.
La seule chose que j'attends de vous en 2013; c'est que vous rendiez les clefs
d'un Palais qui ne vous sied pas et que votre présence insulte.
POUR UNE FOIS MONSIEUR, N'HÉSITEZ PAS ET PARTEZ.
Rudement bonne année !
Rudement bonne année !
Pilule amère
Pilule amère
même les mythes ont des effets secondaires. Banalisée dans l’arsenal contraceptif français, la pilule avait presque réussi à faire oublier qu’elle aussi, comme tout médicament, comporte un revers.
L’alerte lancée sur les contraceptifs oraux des dernières générations rappelle qu’ils peuvent faire courir un risque accru d’accident veineux. Mais toutes les pilules, même anciennes, présentent cet inconvénient – à des degrés moindres certes. Associée au tabac, par exemple, la pilule aggrave la menace cardiovasculaire.
Loin de tempérer les prescriptions, ces données semblent comme occultées par le formidable succès commercial des contraceptifs oraux. Au point que la France fait figure de pays du « tout pilule », curiosité qui ne laisse pas de surprendre à l’étranger.
La pilule est un incontestable progrès. Tant pour un contrôle global des naissances dans les populations, que pour l’accès, à titre individuel, à une sexualité sans procréation. Comment est-on arrivé à transformer le droit enfin reconnu des femmes à maîtriser leur fécondité en une part de marché, pour la pilule, dépassant 50 % de toutes les méthodes de contraception ? Le débat qui s’ouvre ces jours-ci sera instructif sur le rôle des laboratoires dans l’approche moléculaire, à la française, des contraceptifs.
Il faut se garder de faire le procès d’un moyen éprouvé de maîtriser les grossesses, donc de contenir le nombre des IVG. Mais la pilule n’échappera plus à l’exposé de ses mauvais côtés : contraignants, trop chers pour certains budgets, sans efficacité contre les maladies sexuellement transmissible, les estroprogestatifs révèlent qu’ils ne sont pas sans effets pour la santé. Des milliers de plaintes dans le monde tenteront ainsi de démonter le mythe d’une pilule miracle. Au moment où la France a fait un choix : à partir de demain, les contraceptifs oraux seront gratuits pour les mineures de 15 à 18 ans.
Symbole et confuses paroles
Symbole et confuses paroles
Baudelaire, dans les Fleurs du mal, fait rimer « confuses paroles » et « forêt de symboles » (*). Le poète y parlait de la Nature, mais l’actualité politique se prête au même rapprochement. La mesure phare du programme présidentiel – la taxation à 75 % au-delà d’un million d’euros de revenus – a été retoquée ce week-end par le Conseil constitutionnel, et la décision assombrit une fin d’année déjà terriblement noire et agitée pour François Hollande.
Les Sages, ainsi que l’on surnomme les garants du respect de la Constitution, s’appuient sur un argument technique : cette imposition des très riches a été calculée sur une base individuelle au sein des foyers fiscaux, et non sur la base du couple. C’est donc davantage son application que la taxation elle-même qui est ainsi censurée.
Mais les dégâts ne sont pas moindres pour le chef de l’État. S’il revendiquait très personnellement une proposition de campagne, c’est bien celle-ci. Elle lui avait permis, début 2012, d’établir un clivage emblématique avec la droite, tout en prenant la gauche de la gauche sur son propre terrain. Il en a engrangé les dividendes dans les urnes, mais les symboles peuvent avoir des itinéraires imprévisibles. Pour minimiser la décision du Conseil, le gouvernement – qui annonce, de façon téméraire, le rétablissement du dispositif sous une autre forme – fait valoir qu’il rapporte fort peu (moins de 0,3 % du total de l’impôt), ce qui est vrai, mais démontre aussi que cette mesure était plus destinée à l’affichage qu’à une rentrée effective d’argent.
En parallèle, l’échec du président de la République redonne des couleurs à tous ceux, opposition de droite ou ultra-riches contribuables comme les vedettes du football, qui avaient contesté ce prélèvement, qu’ils qualifiaient de « confiscatoire ».
De plus, le PS se divise dans ses commentaires, les uns s’en prenant aux Sages en les accusant de partialité politique – un classique pour tout pouvoir en difficulté – les autres en acceptant leurs décisions.
François Hollande annonce que l’année 2013 sera « dure », mais si elle est l’image de la fin 2012, elle risque d’être carrément ingérable. Cette censure d’un symbole illustre un autre symbole : celui d’un pouvoir qui doit sortir de l’ambiguïté. Et, dirait Baudelaire, des « confuses paroles ».
* « La Nature est un temple ou de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. » Poème « Correspondances » in Spleen et Idéal, « Les Fleurs du Mal », de Charles Baudelaire.
Et si le monde allait mieux ?
Et si le monde allait mieux ?
Même en ces jours de fêtes, nous ne pouvons oublier que notre pays est en grande difficulté. Nos gouvernants nous annoncent d'ailleurs, pour 2013, une année très difficile. Inutile aujourd'hui de refaire le constat : chacun sait que le poids de la dette est insupportable et qu'il faut nous réformer vite pour éviter de pénaliser gravement les générations à venir.
Chacun doit prendre sa part de l'effort et, du reste, tout le monde sera tôt ou tard plus ou moins atteint par les contraintes issues des réformes absolument indispensables. Cependant, il ne faudrait pas accroître nos difficultés par des mesures qui diviseraient le pays. Il ne faudrait pas compromettre le résultat des efforts par la zizanie et les attaques contre les uns ou les autres. C'est dans une certaine union de vue et de projets que la France pourra faire face. C'est le voeu qu'il nous faut formuler en ce début d'année.
Il nous faut aussi regarder autour de nous et tenir compte des avis, parfois sévères, que portent sur nous l'étranger. « Les troubles qui se sont produits dans les pays européens résultent uniquement de problèmes accumulés par une société en bout de course vivant d'acquis sociaux, a déclaré le président du Fond souverain chinois, Gin Liqun. Je pense que les lois sociales sont obsolètes. Elles conduisent à la paresse, à l'indolence plutôt qu'à travailler dur. Le système d'incitation est complètement détraqué. » (1) L'outrance du propos mis à part, nous devrions réfléchir à cette image que nous donnons de nous-mêmes. Elle devrait nous inciter à nous améliorer, voire à nous reprendre.
Soutenir la montée humaine
Et puis on pourrait aussi regarder le monde comme il va. Bien sûr, nous déplorons trop de catastrophes climatiques, trop de guerres et de révoltes sanglantes, trop de menaces pour demain, mais nous pourrions, nous aussi, nous interroger avec Jean-Christophe Victor : « Et si, dans certains domaines, le monde allait mieux ? », écrit-il en conclusion de son ouvrage Le dessous des cartes, pour comprendre le basculement du monde (2). Sur une durée de vingt ans, il signale quelques évolutions imperceptibles positives : « Le nombre de conflits est historiquement bas, le nombre d'enfants scolarisés et d'adultes alphabétisés est en forte hausse, les budgets de santé publique sont plus importants, le nombre de pauvres et d'enfants au travail est en baisse, le nombre de médecins pour mille habitants est en hausse légère, les étudiants en études supérieures sont beaucoup plus nombreux, l'accès au savoir est plus vaste grâce, notamment, aux bibliothèques numériques. »
Une certaine amélioration sociale se fait donc jour, pas partout, et malheureusement il est des groupes entiers d'humains plongés dans le malheur et la détresse. Mais l'on voit qu'il est possible de surmonter certaines difficultés et de soutenir la montée humaine même si elle est lente et ardue.
C'est à la réalisation des plus belles espérances que nous portons en nous qu'il faut consacrer tous nos efforts et en même temps, formuler nos voeux de bonne année pour notre pays, bien sûr, et aussi pour les autres.
(1) Le Déni français, de Sophie Pedder, éditions J.C Lattès
(2) Arte, éditions Taillandier
dimanche 30 décembre 2012
Le durcissement de l'anti-hollandisme
À l'antisarkozysme primaire succède semble-t-il une fronde de même nature contre le nouveau locataire de l’Élysée.
Rebondissons sur l'analyse du journaliste du Monde, Samuel Laurent, qui a étudié la blogosphère politique française en coopération avec Linkfluence.
Il écrit dans son chapitre"Anti-hollandisme" et ponts avec l'extrême droite :
Si Opposition Républicaine essaye de faire dans la critique "de fond" et "s'interdit de tomber dans la facilité de taper sur 'Flanby'", le sobriquet dont les sympathisants de droite affublent souvent François Hollande, d'autres ont moins de scrupules. De sa cravate de travers à sa compagne en passant par ses tics de langage, le "Hollande bashing" fleurit dans la blogosphère de droite, comme l'antisarkozysme avait servi de ciment à celle de gauche entre 2007 et 2012.
Il est vrai que mes propres billets sur mon blog ne sont pas exempts de cette tendance qui consiste à nommer le président de la République du nom d'un dessert lacté caramélisé. [1]
Alors, posons-nous la question : pourquoi l'anti-Hollandisme ?
Réponse : parce que Hollande a été élu, non pas sur un programme, mais avant tout parce que les gens ne voulaient plus de Sarkozy. Qui l'affirme ? Tout le monde, surtout à gauche :
- Ainsi dans la gauchosphère trouve-t-on l'argument suivant dans le blog voie militante : "Raison #1 : Sarkozy n’aime pas les gens. Nous nous souviendrons longtemps de ses insultes répétées, de ses frasques. Je crois que ce n’est pas le cas de François Hollande."
- De même dans les tribunes d'intellos qui s'expriment dans le Monde et commencent par "Beaucoup d'électeurs veulent faire barrage à Sarkozy".
- Aussi du côté des élus socialistes comme Raymond Occolier qui affirme "Les gens n’avaient pas bien lu le programme de François Hollande ! Les Martiniquais ont d’abord voté contre Sarkozy. Certains étaient certes conscients du projet de « mariage » homosexuel, mais ils s’imaginaient que cela ne passerait jamais dans l’opinion, tout comme le vote des étrangers."
La première source du "Hollande bashing", c'est la campagne de Hollande elle-même. Les meilleurs opposants au nouveau président ont été les communistes qui voient en Hollande un capitaine de pédalo, et les socialistes, qui savent qui est Hollande. Surtout son ex compagne, Ségolène Royal. Cela n'a pas échappé aux membres de l'UMP qui en ont profité dans ce clip pour moquer leurs opposants politiques :
La deuxième source du "Hollande bashing", c'est l'attitude outrancière de la gauche socialiste entre 2007 et 2012. On pouvait ne pas être d'accord avec Sarkozy, ses nationalisations, ses augmentations d’impôts, ses lois et son interventionnisme ultra étatiste ainsi que sa politique keynésienne et ultra socialiste, mais fallait-il l'attaquer sur sa taille, ses origines familiales, son phrasé.
Sur le plan politique, peut-on :
- dénoncer (à juste titre) la droitisation de l'UMP et ne pas dénoncer la gauchisation du PS ?
- insister sur les affaires qui concernent l'UMP et ne pas voir celles au PS ?
Il faut de la cohérence. Si on ne veut pas d'un petit (de taille) avocat de Neuilly à la diction incertaine et entouré de gens mis en examen ou condamnés, prêts à tout pour gagner y compris à défendre certaines des idées de la fille à papa de Saint-Cloud, alors comment peut-on vouloir d'un petit (de taille) énarque de Neuilly à l'orthographe incertaine et entouré de gens mis en examen ou condamnés, prêts à tout pour gagner y compris à défendrecertaines des idées de Mélenchon ?
La vérité c'est qu'entre 2007 et 2012, Sarkozy, au-delà des erreurs (fatales) de style, a pratiqué la politique que la gauche aurait fait : hausse des impôts, hausse du déficit pour ne pas couper dans les dépenses publiques, tentative de rationaliser la gestion de l’État, nombre record de lois, interventionnisme public, politique diplomatique active (mépris de nos partenaires européens et compromis entre des alliances classiques et des nouveaux partenariats). Voyant cela, la gauche ne pouvait pas vraiment critiquer le fond, elle a donc critiqué la forme, oubliant que Hollande est un millionnaire qui déjeune dans des restaurants bien plus chers que le Fouquet's et se déplace en jet privé. Et ne parlons pas de DSK et de ses steaks à 242 $.
La troisième source du "Hollande bashing", c'est que les Français, notamment les libéraux, ne sont pas dupes. Ils savaient que Hollande augmenterait la TVA, par exemple, ou que ce que les électeurs de gauche dénonçaient chez Sarkozy se retrouverait chez Hollande, comme les expulsions de Roms ou le non respect de la séparation des pouvoirs. En dehors du fait de gagner et conserver le pouvoir, quels sont les moteurs d'action chez Hollande ? Quelle est sa vision, en dehors des toujours-plus-d’État et toujours-moins-de-libertés ?
Enfin, pensez-vous que Mitterrand aurait pu être président de la République à l'heure de Youtube, Dailymotion, Facebook et Google ? Sarkozy a été le premier président français vivant à l'heure du net 2.0.
Le vrai moteur du Sarkobashing a été la transparence de l’Élysée, voulue ou subie.
C'est pourquoi on peut affirmer : vous avez aimé le Sarkobashing ? Vous adorerez le "Hollande bashing". Il n'y aura ni indulgence, ni respect !
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Sur le web.
Sur le web.
Note :
- Voir par exemple Flamby, ce sont les socialos qui en parlent le mieux, billet du 20 avril 2012 ; Berlin : Conseils pour le Flamby !, 15 mai 2012 ; Bravo à Flamby !, 18 juin 2012 ; La déception Flamby (pour celles et ceux qui y ont cru), 3 juillet 2012 ; la Reine flambe ! Flamby aussi ..., 29 juillet 2012. ↩
Vite une moustache. Le boom du poil signe-t-il le retour de la virilité ?
Business de l'implantation de moustaches en Turquie, mode de la barbe de trois jours en Occident : le poil et la virilité semblent être de retour.
En Turquie, de plus en plus d’hommes se font implanter des moustaches ou des barbes pour gagner en crédibilité tandis qu’en Occident, les hommes reviennent à une pilosité assumée. Cela témoigne-t-il d’un retour à la virilité ?
Stéphane Héas : Bien qu’à première vue la question de la pilosité puisse sembler frivole, ce choix consiste en réalité à une véritable participation à la scène sociale. En effet, certaines cultures et certaines sociétés sont plus ou moins tricophiles ou tricophobes, etdans certains cas, se heurter à la norme pileuse peut exposer à une véritable exclusion sociale. L’un des exemples les plus violents était le régime taliban en Afghanistan qui obligeait les hommes à porter des barbes longues de plus d’une main et à se raser le pubis sous peine d’être violemment condamnés sous prétexte de ne pas être de bons musulmans. Je ne connais pas particulièrement le cas de la Turquie qui tire sa culture à la fois de l’Orient et de l’Occident mais quelles que soient les raisons qui poussent des gens à se faire implanter une barbe ou une moustache, cela témoigne bien de l’importance de la pilosité dans les relations sociales. Cela s’explique vraisemblablement par le fait qu’une absence de pilosité faciale représente un manque de prestige qui est, comme l’on montré les sociologues Goffman et Elias, le vecteur essentiel des relations sociales.
Pour l’Occident, je ne crois pas du tout que nous soyons sortis de la logique d’extermination de la pilosité, cette réapparition dans quelques publicités et cette micro tendance sont tout juste un sursaut, un frémissement. On peut cependant penser qu’il s’agit simplement d’une timide réanimalisation de l’homme liée à une peur de la confusion des genres qui ne me semble pas vraiment concrète car les codes pileux distinguent encore radicalement les hommes des femmes.
Comment expliquer que le poil ait été chassé si longtemps et à ce point de la représentation populaire de l’homme ?
Pour comprendre l’origine de la cabale dont est victime la pilosité humaine, il faut revenir à certains travaux fondateurs de la sociologie. Déjà en 1955, Lévi-Strauss, dans ses études des peuples occidentaux, avait mis en avant l’importance de la représentation pileuse dans les structures qu’il étudiait. Depuis, d’autres études ont été menées comme la critique radicale qui est faite de la dictature normée de l’épilation par Philippe Liotard ou Frédéric Baillette. Citons aussi Jocelyn Patinel qui considère que nous essayons d’éliminer l’animal dans l’être humain et notamment dans la femme afin de la réduire à un être pré-pubère. Bien que je sois sociologue et non pas anthropologue, il me semble qu’il s’agit là d’une sorte d’impératif anthropologique qui consiste à se distinguer des autres animaux en éliminant les poils en tant que symbole de la "primitivité". Pour reprendre les mots de Douglas, je dirais que nous essayons fondamentalement de purifier l’impureté naturelle. Il est intéressant de voir cela apparaître en surimpression dans une œuvre de la culture populaire comme le film RRRrrr !!! d’Alain Chabat. Ce film comique oppose deux tribus, celle des cheveux propres et celle des cheveux sales, à la fin Depardieu se lave les cheveux et entre ainsi parmi les éduqués. Cela témoigne de la perception que nous avons de notre rapport à notre pilosité et la manière dont nous la traitons change la perception sociale que nous avons des autres et qu’ils ont de nous.
D’autre part, il est important de préciser que l’appareil médical a parfaitement relayé pendant des décennies le fantasme hygiéniste qui est de dire que les poils sont sources d’infections supplémentaires. Ainsi, des communications de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont fait savoir que le rasage automatique avant les opérations chirurgicales n’avait aucun intérêt, voire pouvait entraîner des risques si cela était fait de manière trop rapide et peu appliquée.
Dans une société de plus en plus transgenre, aussi bien au niveau de la mode que des pratiques sociales et sexuelles, la pilosité est-elle devenue un marqueur de virilité ?
Stéphane Héas : Il ne me semble pas qu’il y ait une réelle confusion des sexes dans les pays occidentaux et donc pas vraiment de problématique transgenre. C’est une réflexion qui ne concerne en fait qu’un micro milieu urbain et éduqué. Les éléments qui opposent le masculin et le féminin représentent encore aujourd’hui deux mondes bien distinctsl’un de l’autre avec quelques exceptions. La majorité maintient encore son pouvoir sur les minorités transgenres qu’elles soient d’origine biologiques ou décisionnelles. Il y a des caractéristiques radicalement différentes entre un individu qui décide de vivre selon les codes normés d’un sexe qui n’est pas le sien et un autre qui prend la décision de subir des opérations chirurgicales définitives.
Sur le plan biologique, la situation est cependant bien plus complexe qu’une différence fondamentale entre le masculin et le féminin. Au niveau chromosomique, il existe au moins cinq ou six situations différentes qui mêmes si elles sont quasi inexistantes sur le plan statistique existent malgré tout. Il faut donc arrêter de faire disparaître cette diversité en lui imposant des normes sociales intransigeantes. Dans d’autres pays, le transgenre peut donner accès à une certaine reconnaissance sociale comme le statut des Lady boys en Asie du sud-est ou comme ce fut le cas en Europe avec les castrats. Le film Farinellimontre très bien comment, au prix de lourdes souffrances, les castrats pouvaient accéder à des privilèges sociaux uniques. En France cependant, nous sommes encore très loin de cela. Récemment encore, dans l’une des émissions télévisées qui se vouent à la découverte de nouveaux chanteurs, un homme habillé en femme a été sournoisement stigmatisé par le jury. J’ai même failli écrire à la production tant il m’a semblé qu’il s’agissait d’homophobie caractérisée. Je ne crois donc pas que nous soyons sujets à une confusion des genres, bien au contraire, et la chasse à la pilosité n’est donc pas remise en cause.
Peut-on imaginer à terme que cette réapparition des poils, même minime, puisse s’étendre aux femmes ?
Stéphane Héas : En réalité, c’est déjà un peu le cas, bien que cela soit tout à fait minoritaire. Lorsque Laetitia Casta ou certaines stars hollywoodiennes apparaissent publiquement avec une légère pilosité apparente sous les aisselles, elles luttent contre la dictature du glabre mais ne parviennent pas à faire basculer le phénomène pour autant. Je suis sociologue et je ne défends aucune thèse sur l’intérêt, ou non, d’avoir des poils. Néanmoins, il me semble que la pluralité des usages devrait avoir cours sans qu’une partie soit stigmatisée. Il faut rappeler que l’apparition de poils est une valorisation de l’arrivée à l’âge adulte et j’ai donc peur que cette injonction au rasage provoquent des amalgames religieux ou entre l’âge adulte et la pré-puberté. Enfin, en tant qu’homme, je suis sensible aux injustices et aux violences dont sont victimes les femmes et je ne crois pas que cette dictature de la femme sans poils, désanimalisée, n’aille dans le sens de l’amélioration des relations hommes-femmes et de la façon dont elles sont traitées.
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