mercredi 31 octobre 2012
Ayrault la scoumoune
Soit le Premier ministre est un ingénu, soit il a la poisse. Dans les
deux cas, ses vagabondages médiatiques sont pain bénit pour
l'opposition. Ainsi quand il ouvre un débat - pourquoi pas, encore que
sa responsabilité exigerait plutôt de les conclure - sur les 35 heures.
Et quel débat, de la dynamite en barre, puisqu'il a trait à l'éventuelle
remise en cause de cette réforme emblématique de la gauche. La nuit à
Matignon, ou à l'Élysée, portant conseil, Jean-Marc Ayrault l'a refermé
le lendemain dès potron-minet. Les 39 heures ne sauraient constituer la
référence de la durée légale du travail, a-t-il corrigé. À force de
rétropédaler, il finira par s'aplatir. Ce gouvernement a bel et bien un
problème de lisibilité, n'en déplaise à son chef qui s'agace des
critiques. Il en a un autre, plus bloquant, quant à son rapport avec le
monde de l'entreprise. Il ne porte plus sur les 35 heures, la polémique
est close. La droite est d'ailleurs disqualifiée pour l'entretenir, qui
les a détricotées sans jamais oser les abroger. Sur la compétitivité, la
gauche rencontre avec le patronat la même difficulté que naguère avec
les Français sur la sécurité : elle ne parvient pas à convaincre de son
volontarisme, de son « réalisme ». Or le tabou, comme dirait Ayrault, a
été brisé : le gouvernement admet que le coût du travail en France
représente un handicap. Encore faut-il qu'il cesse de jouer sur les mots
- choc ou pacte de compétitivité - et qu'il explique comment il
financera la baisse des charges des entreprises. Gouverner, c'est
choisir, a rappelé Ayrault en citant Mendès France. S'il aspire à plus
de longévité que l'ancien président du Conseil, il ferait bien de
choisir.
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