samedi 18 août 2012
La société du mercure
De péripétie météo, la canicule semble prête à virer au fait de
société. À croire qu’il faille un affolement du thermomètre pour que
notre grand corps social, qualifié parfois de malade, se reprenne et se
mobilise, afin de prévenir un drame sanitaire.
C’est le propre
d’une civilisation évoluée que d’assumer toute la diversité de ses
individus, y compris les plus fragiles. Quoi de neuf sous le soleil
d’août, alors ? Il demeure étrange de devoir en passer par un caprice du
climat pour réveiller des réflexes anesthésiés par les égoïsmes –
autrement dit par un hermétisme à l’air du temps.
Éviter d’être
naïf, pourtant. L’organisation de la solidarité nationale en cas de
forte chaleur ne relève pas que du bon sentiment. Comme souvent, elle
procède d’un principe de précaution, qui est au décideur ce que la
check-list est au pilote. Une procédure pour se donner l’illusion de
garder la fatalité à distance.
Ce genre de calcul n’est pas
étranger au regain de sollicitude en période de canicule. Peu importe,
tant le désastre de 2003 paraît, avec le recul, insupportable.
À
défaut de pouvoir interdire l’ascension du mercure, autant susciter par
tous les arrêtés, plans et directives que l’on voudra, une entraide qui
n’est plus assez spontanée.
N’était le prix humain d’un épisode
caniculaire, il se trouvera des personnes isolées, oubliées, en
souffrance, pour se rassurer d’une remontée ponctuelle de chaleur
humaine.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire