Nous, c'est-à-dire l'équipe de l'Union européenne -vingt-quatre pays de cette Union sur les vingt-sept qu'elle comporte-, avons obtenu 92 médailles d'or, 305 médailles au total, devant les États-Unis (46 médailles d'or et 104 au total) et devant la Chine (38 médailles d'or et 88 au total). On le constate, en sport comme ailleurs, l'union fait la victoire.
C'est bien cela que les Européens auraient dû fêter. Encore aurait-il fallu qu'ils en soient conscients. Mais le patriotisme, voire le chauvinisme, a masqué cet extraordinaire succès. Il est dommage que cela n'ait été souligné nulle part. L'Union européenne aurait alors marqué un peu plus les esprits par sa présence, ses talents, son efficacité globale. Cela aurait pu faire réfléchir les membres de l'Europe sur le positif de la démarche entreprise depuis soixante ans pour construire cette Union qui, on le voit, si elle s'organisait mieux, aurait plus de prestige et pourrait peser davantage sur les destinées du monde.
Exorciser les vieux démons
On imagine, par exemple, l'influence qui serait la sienne dans tous les domaines -diplomatique, économique, humanitaire, au besoin militaire-, si elle parlait toujours d'une seule voix, si elle agissait réellement de concert, si elle se montrait absolument solidaire.
Utopie, dira-t-on ! Aujourd'hui, cela peut paraître encore utopique en effet, mais cette utopie a commencé à se réaliser avec un résultat extraordinaire : la paix. Cette paix qui règne depuis soixante-sept ans, deux tiers d'un siècle, sur notre continent. Songeons tout de même que lors des soixante-quinze années précédant cette ère nouvelle de paix, l'Europe s'était déchirée elle-même par trois fois : 1870-1871, 1914-1918, 1939-1945. Ces combats fratricides lui firent perdre des millions de ses enfants et aussi sa suprématie mondiale.
Avec 500 millions d'habitants, 28 % du Produit intérieur brut mondial, la porte de l'avenir est grande ouverte aux Européens s'ils ont à la fois la sagesse, la lucidité et le courage d'avancer en dominant leurs susceptibilités nationales. Ce ne sera pas, à la clé, la perte de souveraineté que certains annoncent et redoutent, ce sera, au contraire, la sauvegarde de la souveraineté de chacun ordonnée à la solidarité, seule façon d'exorciser les vieux démons qui sommeillent toujours en chacune de nos nations.
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