dimanche 29 juillet 2012
Immigration : est-il possible en France de sortir de l'idéologie pour se concentrer sur la réalité ?
Si Manuel Valls avait promis, lors de
sa prise de pouvoir le 17 mai, qu'il n'y aurait "ni angélisme, ni course
effrénée aux chiffres", le nouveau ministre de l'Intérieur s''est
toutefois lancé dans une opération de déconstruction de l'héritage
Guéant. Il a annoncé ne pas vouloir appliquer les nouveaux critères,
plus sévères, de naturalisation. Cela ne restera pas sans conséquences
sur le long terme.
Pendant une huitaine d’années, j’ai été l’un
des responsables du dossier immigration au cabinet du ministre de
l’Intérieur puis à la présidence de la République, et c’est à ce titre
d’ancien conseiller que je pense avoir une certaine légitimité pour
m’exprimer.
Dans un contexte extrêmement difficile, marqué par une formidable pression migratoire – toute
une partie de la jeunesse des pays du Sud, accablée par le chômage, la
misère, l’oppression ne songe qu’à émigrer en Europe – nous avons appliqué une excellente politique, la meilleure politique possible destinée à contenir le flux de population,
en dépit de l’hostilité de puissants contre-pouvoirs, administratifs,
juridictionnels, associatifs, idéologiques, déterminés à la combattre.
En matière de lutte contre l’immigration illégale et de limitation du
regroupement familial et des régularisations, par exemple, des résultats
incontestables ont été obtenus.
En revanche, nous nous sommes trompés en démultipliant les provocations inutiles et idéologiques comme « le débat sur l’identité nationale »
qui nous faisaient perdre du temps, de l’énergie, provoquaient des
polémiques stupides et fournissaient des armes à nos opposants sans être
du moindre intérêt sur le plan pratique.
« Etre
de gauche » : l’expression change de sens d’un siècle à l’autre. Au
XIXème, elle s’appliquait surtout aux affaires religieuses, au XXème à
la question sociale et au XXIème se focalise de plus en plus sur l’immigration, l’impératif d’ouverture et d’accueil. Les socialistes au pouvoir, en annonçant des régularisations et une ouverture des naturalisations
– facteur décisif d’immigration en France à travers le mariage –
mettent en œuvre la politique pour laquelle ils ont été élus par une
majorité de Français. Quoi de plus normal ?
Cependant,
nous savons par simple expérience que tout signal d’ouverture, en
matière d’immigration, se traduit systématiquement par des phénomènes
durables et d’une ampleur incontrôlable. A mes yeux (et j’aimerais tant
me tromper), les flux migratoires à vocation de peuplement, d’un niveau
déjà élevé, sans doute aux alentours de 150 000 à 200 000 par an, ont
toute chance d’augmenter à l’avenir dans des proportions significatives.
Dans un pays qui compte trois millions de chômeurs et n’a pas d’emploi à
proposer aux nouveaux arrivants, ni d’ailleurs de logement et dont la
situation budgétaire interdit de consacrer les moyens considérables
nécessaires à l’intégration des primo-arrivants, ces mouvements
de population vont encore amplifier l’exclusion, le repli, la
ghettoïsation, le sentiment de révolte et les phénomènes de chaos et
d’anomie tels que les a décrits le sociologue Hugues Lagrange.
Encore
une fois, je serais heureux d’être dans l’erreur mais n’ai hélas pas
le moindre doute sur la réalité de ce qui nous attend.
Sortir
de l’idéologie et des passions, à droite comme à gauche, pour se
focaliser sur les seules réalités : est-ce encore possible dans notre
pays
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