TOUT EST DIT

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jeudi 7 juin 2012

Les cerbères de l’Histoire officielle républicaine, obligatoire, ont les jetons 


Dans la rubrique « Rebondæs » (sorte de tribunes plus ou moins « libres ») de Libération, deux articles fiévreux ; « Aimer l’histoire est une chose… » et « Le drôle de temps du Métronome de Loránt Deutsch ».
Le premier est signé d’une inconnue, Maryline Crivello, historienne, directrice du laboratoire Telemme (MMSH) à l’université Aix-Marseille. Sa thèse, soutenue en 1993, avait pour sujet : « L’écran citoyen. La Révolution française vue par la télévision de 1950 au Bicentenaire. » Le second est signé d’un inconnu, William Blanc, donné comme président de l’association d’éducation populaire Goliard(s), doctorant en histoire médiévale.
Loránt Deutsch, très connu lui, est l’auteur de Métronome qui s’est vendu à plus d’un million cinq cent mille exemplaires (1). Comme on dit, entre l’historienne Maryline Crivello et le doctorant William Blanc et Loránt Deutsch, il n’y a pas photo. D’un côté, des cerbères de l’Histoire officielle, républicaine, obligatoire – et casse-bonbons –, de l’autre un jeune homme amoureux de l’Histoire de France et qui sait faire partager cet amour aux Français. Il y a, on le comprend, de quoi s’inquiéter.
Comment ce sans-grade, ce raconteur d’histoires et d’Histoire, ce p’tit gars plein de talent, cet amateur, ose venir piétiner les platebandes « des chercheurs ou enseignants, ces médiateurs traditionnels issus d’une culture scolaire peu valorisée et associée à des amphis poussiéreux » (dixit Maryline Crivello) ?
La même Crivello continue en énonçant les limites à ne pas franchir : « Le moment où certains se présentent comme des historiens, sans connaître la moindre règle élémentaire du métier (…) et valorisent un récit fétichiste et gallo-centré (sic), récitant tout une litanie de héros bien choisis et d’événements rituels mis au service de convictions idéologiques. » Ah, bon ? Parce que les historiens qui connaissent « la moindre règle élémentaire du métier » et qui sont marxistes jusqu’à la caricatureæ ne mettent pas leur science au service de convictions idéologiques, eux ?
Même lamento du côté de William Blanc qui veut bien reconnaître « la gouaille » d’un Loránt Deutsch, mais laisse très vite passer le bout de l’oreille : « [Loránt Deutsch ] donne ainsi – entre autres – une place prépondérante aux rois et aux saints catholiques dans son récit. » Et de fustiger vertement les « convictions catholiques et royalistes » de ce Loránt Deutsch qui a vendu des centaines de milliers d’exemplaires de son livre. De la jalousie ? Sans doute. Mais aussi une hargne idéologique.
Preuve supplémentaire avec ce petit caca nerveux : « Les auteurs Franck Ferrand et Dimitri Casali, mais aussi Patrick Buisson (président de la chaîne Histoire, propriété du groupe TF1) concourent tous à ce mouvement qui voudrait que l’Histoire se fige dans un réflexe d’images d’Epinal [Horresco referens] toujours plus lucrative que l’invitation à la réflexion historique, indispensable à la construction d’une société de citoyens libres ». Des « citoyens libres » avec des enseignants idéologisés jusqu’à la moelle ? On se fout de qui ?
Renvoyons ces pauvres tâcherons à leurs vomissures et vive Loránt Deutsch (2) qui raconte une Histoire de France qui n’insulte pas la France et les Français !
(1) Sans parler du succès populaire de l’adaptation télévisuelle du Métronome.
(2) En 2011, il disait (ce qui lui vaut bien sûr une haine recuite des septembriseurs, des sans-culottes, des adeptes de la machine du bon docteur Guillotin) : « Pour moi, l’Histoire de France s’est arrêtée en 1793, à la mort de Louis XVI. Cet événement a marqué la fin de la civilisation, on a coupé la tête à nos racines et depuis on les cherche (…). Sans religion et sans foi, on se prive de quelque chose dont on va avoir besoin dans les années à venir. »

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