lundi 23 avril 2012
Un entre-deux tours acharné
François Hollande et la gauche abordent la dernière ligne droite avec un
vrai avantage arithmétique et psychologique. Nicolas Sarkozy subit la
désaffection annoncée. Marine Le Pen fait mentir les enquêtes et bat le
record de son père en 2002. Jean-Luc Mélenchon redescend de son nuage
sondagier et François Bayrou, dont le discours courageux n'a pas payé,
divise son score par deux.
La sanction est réelle pour le président sortant, qui n'a pas
progressé depuis sa déclaration de candidature. Pour autant, le second
tour s'annonce plus compliqué que prévu. Les arbitres ne sont pas tout à
fait ceux que l'on croyait. Et plus d'un tiers de l'électorat ne se
reconnaît pas dans les deux qualifiés.
Principale satisfaction ¯ partagée ¯ de ce dimanche : la
participation, bien qu'un peu inférieure à celle de 2007, reste très
convenable et fait mentir la tendance observée depuis trente ans. Les
Français, que l'on disait peu passionnés par cette élection, ont usé du
privilège que reste la liberté de voter. La mobilisation est surtout le
fait du Parti socialiste ¯ le fameux vote utile ¯ et du Front national.
Au détriment de François Bayrou et de Nicolas Sarkozy.
Jamais un président sortant, pourtant privé de plusieurs concurrents à
droite, n'a réalisé un aussi mauvais score. Et jamais la droite dite de
gouvernement n'est tombée aussi bas. Mais, inversement, jamais le total
des droites n'a été aussi élevé. Le Front national, dédiabolisé, a
acquis une position de force et d'arbitre. De son électorat dépend, en
partie, le score de Nicolas Sarkozy au second tour.
Parions que Marine Le Pen ne sera pas pressée de soutenir le
président sortant : la victoire de François Hollande lui permettrait
d'espérer un éclatement de l'UMP, de devenir la leader de l'opposition
et de prendre position aux législatives. C'est dire si, pour Nicolas
Sarkozy, la situation est compliquée. Il va devoir droitiser sa campagne
de second tour ¯ protectionnisme, immigration, sécurité, rigueur ¯ pour
refaire son retard. Ce faisant, il risque de s'éloigner de l'électorat
centriste qui a déjà en partie voté pour François Hollande.
La situation n'est guère plus simple pour le candidat socialiste, en
dépit de l'élan d'hier. Si la menace Mélenchon est moins forte ¯ et son
score idéal pour ne pas effaroucher les électeurs modérés ¯ la réserve
de voix de gauche, et même centristes, est aussi en deçà de ses
espérances. François Hollande n'a d'autre choix que de se montrer
rassembleur, signal qu'il a donné dès hier soir en s'adressant aux
électorats de Jean-Luc Mélenchon, d'Eva Joly, de François Bayrou et même
du Front national.
Car, alors que Nicolas Sarkozy a fait campagne jusque-là contre neuf
détracteurs, François Hollande va se retrouver dans un face-à-face
acharné. Le président sortant considère qu'une nouvelle campagne s'ouvre
ce matin et que la confrontation télévisée, projet contre projet,
personnalité contre personnalité, sera le moment de vérité.
Il sait aussi qu'il existe un piège pour François Hollande : celui
d'une victoire trop annoncée qui démobiliserait son camp. Espoir
ambitieux pour Nicolas Sarkozy : par rapport à 2007, la droite classique
enregistre trois ou quatre points de retard !
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