lundi 23 avril 2012
Irritants, ces médias pour qui l'élection était jouée d'avance !
En se déplaçant massivement, en portant
Marine Le Pen à 18%, en délaissant Jean-Luc Mélenchon, "les Français
ont déjoué tous les pronostics", ont répété les médias. Des pronostics
qu'ils ont été les premiers à créer, faiseurs ou défaiseurs de Rois,
véritables stars de l'élection.
Ils avaient voté que
les Français s’abstiendraient massivement, ils avaient voté que Jean-Luc
Mélenchon était le troisième homme, ils avaient voté que les cartes
étaient distribuées et ils se sont comportés comme si jour après jour il
fallait confirmer ces « prédictions »… ils avaient même, non sans
enthousiasme, envisagé que Nicolas Sarkozy pourrait ne pas être au
second tour, et puis comme d’habitude ils sous estimaient le Front
national.
Le grand cirque touche à sa fin
et c’est un soulagement, y compris certainement pour les « petits
candidats » contraints de mentir sur leurs chances de succès avec une
assurance qui discréditait tout le reste ! On ne sait s’il
fallait admirer leur constance à affirmer qu’ils seraient au deuxième
tour ou s’il fallait les traiter d’illuminés… J’en connais qui ont voté
pour eux au premier tour, non pas pour leur programme mais par pitié et
aussi dans le secret espoir de faire mentir les instituts de sondage !
Qui n’a pas rêvé de les voir se tromper juste pour le plaisir d’avoir l’impression que tout était ouvert ?
On
sort quand même d’une campagne d’intox, pleine d’insinuations et
prégnante, minée par des commentaires qui occultaient la nécessaire
pédagogie d’un monde en mutation.
30%
des Français ont confiance dans l’économie de marché contre une moyenne
de 70% dans les autres pays. Merci aussi aux médias qui, c’est le moins
qu’on puisse dire, ne font pas la promotion du libre échange et poussent
inconsciemment les politiques à laisser croire que la France était un
irréductible village au modèle exceptionnel.
Irritants
toujours ces médias, et certains journalistes, qui au fur et à mesure
des nouveaux pourcentages de vote attribués traitaient avec de moins en
moins de considération ceux qui baissaient dans les sondages, jusqu’à
redoubler de déférence envers celui qui montait ! Faiseurs de rois ou pensant l’être, les médias ont été les stars de cette interminable période électorale.
Le
deuxième tour devrait sonner la délivrance car on peut espérer que
seules les questions de fond vont demeurer et que c’en est fini de la
couleur de la montre de Sarkozy, des variations de poids (les kilos, pas
le poids électoral) de Hollande. Ouf ! Finie aussi la honte des
ralliements de dernière minute, les retournements de vestes (à J-4).
Les
journalistes eux, n’ont toutefois pas renoncé et ils se transforment
maintenant en fins calculateurs des probabilités d’additions des voix.
Ce n’est pas « Qui Veut Gagner des Millions « mais : Qui va donner ses
voix, à qui ?
La mode, inaugurée par Ségolène Royal en 2007 non sans panache, consiste à perdre en ayant gagné. Leurs idées ont triomphé, les Français leur ont fait confiance et ils détiennent les clés du second tour.
Marine
Le Pen triomphe et c’est de bonne guerre, Jean-Luc Mélenchon subtil
donne consigne de battre Sarkozy mais pas de voter Hollande. Bayrou est
habité par la vraie vérité qui n’arrive pas à percer, mais il demeure le
socle de l’avenir de la France. Hollande semblable à lui même :
modeste. Sarkozy flambant neuf dans son énergie à vaincre.
On
a zappé sur BFM TV pour voir Anne Sinclair… décevante, pas à la
hauteur du feuilleton dévastateur qui a mis Hollande au premier plan
par défaut ; un commentaire sans grand intérêt et un second rôle
d’observatrice de ce dont elle aurait pu être l’héroïne.
La
bonne nouvelle c’est que les Français sont concernés par cette élection
et s’y sont intéressés malgré ou à cause de ces mêmes medias ; la
mauvaise c’est que si on additionne autre chose que des reports de voix on
s’aperçoit que Mélenchon + Le Pen = 30% de Français qui ont peur des
autres, veulent un retour vers le passé et préfèrent prendre aux riches
que de prendre des risques.
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