lundi 30 avril 2012
Que le débat commence !
François Hollande est-il le “chouchou de Bruxelles”, comme l’assure le quotidien de gauche Libération, ou un “homme plutôt dangereux” pour l’Europe, comme le craint l’hebdomadaire libéral The Economist ?
Une chose est sûre : en promettant d’exiger un pacte pour la croissance
s’il est élu le 6 mai, le candidat socialiste à la présidentielle
française a ouvert un débat qui répond aux aspirations de nombreux
Européens, et a libéré la parole de certains dirigeants jusqu’à présent
tenus en respect par Angela Merkel.
Le 25 avril, le président de la Banque centrale européenne, Mario
Draghi, a repris l’expression “pacte de croissance” et a reçu le soutien
de la chancelière allemande. Mais que les deux grands partisans de la
réduction de la dette et de la discipline budgétaire adoptent les mots
du Français ne signifie pas qu’ils se convertissent à son programme.
Cela veut plutôt dire que deux camps se mettent en ordre de bataille
pour les mois qui viennent.
D’un côté, François Hollande préconise des projets d’infrastructures
financés par des obligations européennes baptisées “project bonds”, un
rôle accru de la Banque européenne d’investissement, une taxe sur les
transactions financières et l’utilisation de fonds structurels européens
non dépensés. De l’autre, Mario Draghi rappelle que les politiques
budgétaires doivent être "soumises à surveillance mutuelle et corrigées
si nécessaire”, et que les “réformes structurelles permettant la
croissance pour faciliter l'entreprenariat, l'établissement de nouvelles
entreprises et la création d'emploi” sont nécessaires, même si “elles
font mal”.
Offre contre demande, réforme libérale contre relance keynésienne. Le débat n’est pas nouveau en économie, mais il avait quasiment disparu
dans l’UE. Qui l’emportera ? S’il devient président, Hollande
arriverait avec la fraîcheur et la légitimité de l’élu qui manquent à
ses collègues. Il n’est cependant pas sûr qu’il soit en mesure de créer
un vrai rapport de forces en sa faveur.
Rappelons-nous qu’il y a deux mois seulement, douze dirigeants
européens ont déjà appelé à des mesures pour stimuler l’économie. Mais les grandes lignes esquissées dans ce texte
– réformes du marché du travail, ouverture du secteur des services,
etc... – se rapprochent davantage de ce qu’expriment Draghi et Merkel
que de ce que souhaite le Français. A cet égard, les approches
faites par la chancelière à l’égard de Mario Monti ressemblent fort à
des manœuvres pour isoler Hollande, qui a besoin d’un autre poids lourd
de l’économie européenne. Même si ce dernier peut espérer une victoire
des travaillistes lors des prochaines élections néerlandaises.
Il semble qu’une vraie alternative gauche-droite se dessine au sein
du Conseil européen, et donc un vrai débat sur l’orientation
socio-économique de l’Union. Après deux ans de crise, une franche
discussion, disons même un peu de démocratie, ne peut pas faire de mal.
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