lundi 30 avril 2012
Boules puantes
Nous voilà donc entrés dans le vide du sujet. À quelques heures de la sacro-sainte confrontation télévisuelle qui aurait dû idéalement constituer le point ultime du débat démocratique, la campagne électorale vient de toucher le fond. Et de faire remonter à la surface, par un effet mécanique bien connu, une odeur de vase assez désagréable pour ne pas dire nauséabonde.
Jusqu’ici, cette élection était simplement molle du genou. Sans trop de relief. Sans beaucoup de passion non plus. Un ou deux dérapages verbaux comme il se doit, mais rien de bien méchant. Une absence de profondeur désolante, bien sûr, mais finalement pas plus que lors des dernières élections. Bref, l’histoire ronronnait à peu près en attendant que ça se termine et que la future équipe gouvernementale se mette au travail. Et puis, patatras! D’un coup, la campagne est devenue un concours de boules puantes.
On attendait les deux poids lourds de la politique française sur le terrain de l’insoluble (?) question de la dette, sur celui du pouvoir d’achat, de l’effondrement de la quatrième économie européenne (l’Espagne) et de ce que cela suppose, du chômage, que sais-je encore, ce ne sont pas les sujets de préoccupations qui manquent, et les voilà qui s’écharpent en place publique dans des querelles de cours d’école.
Se traitant de «staliniens» ou de «pétainistes» (en 2012 !). Se complaisant dans des références douteuses. S’accusant mutuellement d’orchestrer des campagnes de dénigrements dont la très opportune publication d’une lettre censée démontrer le financement de la campagne de Sarkozy en 2007 par le dictateur libyen constitue le dernier épisode en date. Il ne manquait plus que DSK et son odeur de soufre dans ce tableau? Pas de problème, le voilà qui resurgit avec un sens du timing et de la dramaturgie assez déroutant. Toute cette cacophonie est indigne de l’importance de l’échéance.
Il est temps que les deux camps retrouvent un peu de sérénité et de hauteur. Pour que le débat de mercredi ne vire pas au pugilat et soit à la hauteur des enjeux. C’est la dernière occasion qui sera donnée aux deux candidats.
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