Christian DELPORTE - La campagne à laquelle nous assistons actuellement me rappelle celle de la présidentielle de 1988. Elle avait été très dure, notamment dans l'entre-deux tours et durant le débat qui avait opposé le président sortant François Mitterrand et son premier ministre de cohabitation, Jacques Chirac. Déjà à l'époque, la violence du débat était liée au poids du Front national dans la vie politique. Comme Nicolas Sarkozy aujourd'hui, Jacques Chirac ne pouvait espérer l'emporter au deuxième tour sans les voix frontistes et son adversaire socialiste en avait profité. Je ne me souviens en revanche pas d'«affaires», comme celle évoquée ces derniers jours sur un financement présumée par Mouammar Kadhafi de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Autre différence: les médias ne traitaient pas en boucle comme aujourd'hui les mêmes sujets, dont la violence de la campagne fait partie.
Les termes employés par les différents camps n'ont-ils pas atteint un nouveau degré?
La violence de la parole politique s'est en effet exacerbée, mais elle ne date pas de la campagne électorale. Elle est sans doute liée à la présidence même de Nicolas Sarkozy - au cours de laquelle on a assisté à une parole libérée, voire peu contrôlée - et donc à la désacralisation de la parole politique. Elle tient aussi au fait de la crise économique que nous traversons, qui est de nature à entretenir cette atmosphère de violence. Le climat de cette campagne est très clivant. L'entourage des deux candidats a tendance à surenchérir, surtout du côté du président-sortant, qui est dans la position du challenger et veut donc rattraper son retard.
Quel est le but de cette surenchère verbale?
Chacun veut à la fois mobiliser son électorat et établir une frontière avec l'autre camp. Si les convaincus de chaque camp continueront de soutenir leur candidat, une telle stratégie risque en revanche d'effrayer un peu les hésitants et les modérés, autrement dit les centristes, qui pourraient jouer un rôle important dans le scrutin de dimanche. Ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy n'a donc à gagner de cette stratégie.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire