TOUT EST DIT

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lundi 2 avril 2012

Nicolas Sarkozy : « Je continuerai la réforme de l’Etat »

Nicolas Sarkozy, candidat de l’UMP à l’élection présidentielle, a répondu à l’Elysée à nos questions sur l’affaire Merah, les dossiers économiques et l’Europe ainsi que sur le chiffrage de son programme électoral. Il sera en meeting ce soir à Nancy. 
 L’affaire Merah

Existe-t-il un lien entre l’affaire Merah et le coup de filet dans les milieux islamistes radicaux ?
« Ce lien n’est pas direct. Mais bien sûr, après les événements de Toulouse, j’ai demandé que se mettent en place de nouvelles actions de sécurisation de nos quartiers. Des armes lourdes ont été trouvées, nombre de personnes qui ont été interpellées vendredi matin auront des comptes à rendre à la justice. Notre travail est de renforcer la sécurité des Français pour éviter de nouveaux drames. Nous sommes décidés à ne rien laisser au hasard. Nous serons d’une fermeté totale et d’une vigilance de chaque instant. Il y aura d’autres opérations. »
Y a-t-il un risque islamiste en France ?
« Je dirais un risque extrémiste, un risque terroriste accru, pour toutes les démocraties dans le monde. Nous sommes en face d’individus souvent isolés et radicalisés passés de la délinquance de droit commun à la délinquance terroriste. »
Avec l’affaire Merah, on a découvert qu’en France, il semblait facile de se procurer des armes…
« Malheureusement, le trafic d’armes est une préoccupation pour toutes les démocraties. Je veux juste rappeler que je suis en charge de la sécurité des Français, directement ou indirectement, depuis près de 10 ans. Chaque fois que j’ai décidé des moyens supplémentaires pour les forces de l’ordre – pour renforcer la politique scientifique, l’arsenal législatif… – jamais François Hollande n’a soutenu, ni voté mes propositions. Jamais ! C’est d’autant plus curieux qu’il vient maintenant dire qu’il ne faut pas renforcer la lutte contre le terrorisme sur internet car il estime que l’arsenal législatif est suffisant. Que n’a-t-il voté les lois qu’il estime à présent efficaces ? Il n’a pas davantage voté la loi interdisant le port de la burqa sur le territoire de la République. »
La droite a-t-elle le monopole de la sécurité ?
« Il faut s’en tenir aux faits. Aucun texte que j’ai présenté n’a été voté par la gauche. Les peines plancher contre les récidivistes ? La gauche a refusé de les voter. Les centres éducatifs fermés ? De même, et François Hollande propose à présent de les doubler ! Les fichiers pour retrouver les délinquants sexuels ? Les socialistes ont voté contre. Les lois sur le terrorisme ? Contre encore. Aujourd’hui, ils sont de la même manière contre le fait de pénaliser la consultation des sites terroristes. C’est de l’incohérence. »
Sur le fond de l’affaire Merah, François Bayrou a parlé de « crise morale », François Hollande de « laïcité affaiblie ». Quelle est votre lecture ?
« Dire que le climat en France est responsable de la tragédie de Toulouse, c’est absurde et indigne. Mohamed Merah est un monstre. Un monstre dépourvu de la moindre humanité. Comment oser expliquer par le ton de la campagne qu’on tue trois enfants juifs et trois militaires ? J’ajoute que j’ai demandé à ce que les médias ne diffusent pas les vidéos de ses crimes. Et je trouve que les médias donnent trop la parole à son père, incarnation de l’indignité et de l’indécence. »

La crise en France

De nouveau, les thèmes régaliens occupent l’agenda de la campagne. Mais les Français veulent que l’on parle d’emploi, de pouvoir d’achat…
« Excusez-moi ! Pendant une semaine, les médias n’ont parlé que de l’affaire de Toulouse et on me reproche d’avoir instrumentalisé ces événements ? Pour François Hollande, on aurait ainsi le droit d’évoquer des thèmes, et pas d’autres… Prenez l’immigration. Quand je dis que nous allons diviser par deux le nombre de nouveaux migrants en France parce que nous avons des problèmes d’intégration, et l’équilibre de nos comptes sociaux sur lequel nous devons veiller, est-ce un débat qui n’intéresse pas les Français ? Et quand je pose la question des frontières de l’Europe ? Ou la question de la sécurité des Français après les événements de Toulouse et Montauban, vous pensez que ça ne les intéresse pas ? »
La crise passe donc au second plan ?
« Mais rien n’empêche de parler aussi de la crise économique. Le déficit public est passé de 7,1 % à 5,2 % de la richesse nationale. C’est la plus forte baisse depuis que la France est en déficit, c’est-à-dire depuis 1974. François Hollande avait dit au début 2011 que je ne tiendrais pas mes promesses, que je ne serais pas au rendez-vous. Il a raison, nous ne sommes pas au rendez-vous : nous faisons mieux. Nous avions prévu 5,7 % de déficit public en 2011 et nous sommes parvenus à l’abaisser à 5,2 %. Il faut parler de pouvoir d’achat et de sécurité, d’immigration et d’emploi. »
A Florange, la colère monte…
« Ne mélangeons pas les ouvriers, inquiets et pour qui j’ai obtenu 17 millions d’euros d’investissement, et les permanents de la CGT ou de la CFDT : 2 millions d’euros de travaux sur la phase liquide réalisés immédiatement – ces travaux ont démarré –, 7 pour la cokerie, 8 millions pour l’usine de fabrication de produits pour l’automobile. C’est de l’investissement pour Florange ! Et il est décidé. Si ces travaux n’avaient pas été engagés, c’était la certitude que les hauts fourneaux ne reprenaient pas. Quant aux permanents de la CFDT, ils trahissent la confiance des salariés. Ils sont venus m’insulter et essayer de casser mon siège de campagne. Ne confondons donc pas les salariés d’ArcelorMittal, que je ne laisserai pas tomber, et des syndicalistes qui trompent leurs adhérents en faisant de la politique au lieu de défendre l’intérêt des salariés. »
Malgré tout, face à un groupe privé, la marge de manœuvre de l’Etat n’était-elle pas très limitée ?
« J’insiste : à Florange, il ne s’agit pas d’annonces mais bien de décisions. Ces 17 millions, si nous les avons obtenus, c’est que j’ai su convaincre le groupe ArcelorMittal que Florange ne devait pas mourir. » (*)
Peugeot produit davantage en France que Renault. Est-ce normal ?
« À l’époque de Louis Schweitzer, qui a le cœur à gauche, Renault a délocalisé beaucoup de ses emplois. Nous avons inversé ce processus, en obtenant de Renault que la totalité des véhicules électriques soient désormais fabriqués en France. »
Comment réindustrialiser la France ?
« La réindustrialisation est pour moi une priorité. Dans l’Est de la France, il faut combattre les délocalisations. J’ai pris une décision lourde : elle consiste à retirer jusqu’à 5,4 points de cotisations familiales sur chaque emploi, ce qui fait 1 800 € en moins de charges par an, en échange d’une augmentation de la TVA de 1,6 point. Car si le coût du travail n’est pas allégé, les emplois seront encore détruits. J’ai aussi supprimé la taxe professionnelle et créé le crédit impôt recherche. Sans oublier les 35 milliards d’euros d’emprunts pour les investissements d’avenir. »

L’Allemagne et l’Europe

Dans cette campagne, il est beaucoup question du modèle allemand…
«…à juste titre, parce que c’est un modèle qui marche. »
…mais sans rappeler qu’il y a dix ans, Gerhard Schroeder a fait beaucoup plus que nous en terme de flexibilité sur le marché du travail !
« Oui, les socialistes allemands ont compris ce que les socialistes français refusent d’admettre… Voilà pourquoi nous ferons les accords compétitivité-emploi. Ils rendront la liberté aux salariés et aux chefs d’entreprise pour parler aménagement du temps de travail, salaires, et emploi… La loi ne peut pas tout régler, tout prévoir, tout interdire, ni tout normer. Il faut faire confiance aux entreprises. »
Les Français y sont-ils prêts ?
« Que voulons-nous : que la France ressemble à la Grèce ou à l’Allemagne ? La Grèce a refusé les réformes ; les plus pauvres et les plus fragiles en font les frais. L’Allemagne a fait des efforts sur le travail, l’innovation et l’investissement. Grâce aux efforts des Français, nous avons réduit le déficit public de 25 % en un an. La France est le seul grand pays occidental à n’avoir connu aucun trimestre de récession depuis le début de 2009, le seul pays d’Europe à avoir augmenté son pouvoir d’achat chaque année de 1,4 % en moyenne malgré la crise. Parce que les Français ont fait des efforts, parce que le gouvernement a mis en œuvre des réformes que les socialistes ont refusées. On a tourné la page de la crise financière. Nous avons résolu le problème de la Grèce. »
Et l’Espagne ?
« L’Espagne doit fournir de grands efforts. Nous le savions. Elle a été gouvernée depuis dix ans par des socialistes. José Luis Zapatero est le seul chef de gouvernement à avoir reçu François Hollande. Il voulait s’inspirer de son action. Pense-t-il toujours la même chose ? »
En France, notre modèle social a amorti le choc de la crise…
« Non, ce qui a amorti le choc, c’est la réforme des retraites de 2010 – elle rapporte 5 milliards dès cette année, 16 milliards en 2016 – et le choix fait de travailler plus longtemps plutôt que d’augmenter les impôts. Cela dit, je ne crois pas qu’il faille imiter l’Allemagne en tout. Nous sommes la France et la France a des atouts. Grâce à l’industrie nucléaire par exemple, nous payons l’électricité 35 % moins cher que nos voisins européens. Pourquoi François Hollande veut-il priver la France de l’énergie nucléaire ? Pour faire plaisir à Madame Joly ? Ce n’est pas raisonnable. »
Les tarifs de l’électricité ne vont donc pas augmenter ?
« Avec le nucléaire, non ! Avec le fossile, oui puisque nous n’avons ni pétrole, ni gaz et que les prix mondiaux augmentent. »

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