S'il est élu, il adressera un mémorandum en quatre points aux dirigeants de l'UE.
Feuille de route européenne
À onze jours du second tour, l'exercice ressemble à une sorte de répétition générale où le candidat socialiste oscille en permanence entre la posture présidentielle et celle du challenger. Les questions l'y poussent en le plaçant tantôt dans les habits du président qu'il pourrait devenir, tantôt dans ceux du candidat qu'il est encore. Il défend ainsi sa proposition d'accorder le droit de vote aux étrangers pour les élections locales, commente le score de Marine Le Pen, salue Jean-Luc Mélenchon et répond à François Bayrou pour qui «Nicolas Sarkozy valide les thèses du FN». «J'aurais pu dire la même chose, assure François Hollande qui voit Nicolas Sarkozy courir derrière «les électeurs, mais aussi les thèses, les mots et les phrases» du FN.
D'autres questions l'emmènent au-delà du 6 mai. Face à une journaliste chinoise qui l'interroge sur les relations commerciales avec Pékin, il plaide pour «des relations monétaires différentes». François Hollande veut faire fluctuer le yuan. Mais la realpolitique reprend le dessus lorsqu'il est interrogé sur le dalaï-lama. «La première rencontre à faire, ce serait avec le président chinois», élude-t-il.
Mais le point essentiel de son intervention se concentre sur la renégociation du traité européen qu'il a promise. François Hollande se sent en position de force depuis les déclarations du patron de la BCE Mario Draghi qui a souligné la «nécessité d'un pacte de croissance européen» (lire page 21). «Qu'il puisse, lui aussi, ajouter sa voix à d'autres confirme que l'engagement que j'avais pris au début de ma campagne était le bon», se félicite-t-il avant de livrer sa feuille de route européenne. «J'adresserai un mémorandum à tous les chefs d'État. Il comporterait quatre points», a expliqué le candidat.
D'abord la demande de création d'eurobonds «pour financer des projets d'infrastructure». Ensuite «libérer les possibilités de financement de la Banque européenne d'investissement». Puis «la création d'une taxe sur les transactions financières avec les États qui en décideront». Enfin, «mobiliser tous les reliquats des fonds structurels européens». Comme s'il y était déjà. D'ailleurs, la salle l'interroge sur le choix de son premier ministre. Le premier tour a donné une indication. «Vous avez raison d'insister sur Jean-Luc Mélenchon», glisse François Hollande. Le score moins bon qu'attendu du leader du Front de gauche pourrait le dégager de l'obligation d'appeler Martine Aubry. Mais il n'en dira rien. «Une élection présidentielle, ce n'est pas un ticket. Il n'y a pas deux personnes qui se présentent en même temps. C'est ce qui permet de donner de la liberté au président élu», précise-t-il. Élu, François Hollande ne l'est pas encore. Mais, mercredi, il avait déjà enfilé le costume.
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