vendredi 27 avril 2012
La vague portant un « Président Ikea » va-t-elle déferler au milieu d’une OPA Le Pen sur la droite ?
C’est ce que suggère la couverture du Nouvel Observateur
sur laquelle s’étale un photomontage avec la tête de Nicolas Sarkozy a
moitié immergée dans une mer dont les vaguelettes sont annonciatrices de
mer agitée. Pour les Inrockuptibles, Nicolas Sarkozy est "dans le creux de la vague" Et puis il y a "la vague Bleu Marine " qui inonde tous les journaux. Le Point annonce la couleur : quel que soit le vainqueur ce sera " Bonjour les Ennuis " !
Marianne
qui a bouclé de bonne heure dimanche soir, ne disposait certainement
pas des résultats définitifs du premier tour de scrutin, puisque
l’hebdomadaire annonce sans hésiter " Fin " pour Nicolas Sarkozy. Et ils se défoulent sur ce Président qu’ils détestent aujourd’hui après l’avoir admiré ! " Ce n’est pas trop tôt " écrit Jacques Julliard dans on éditorial qui analyse "
que la défaite de Sarkozy est sans doute moins dans celle de son bilan
que celle de sa personne. Ce que les électeurs ont condamné sévèrement,
plus sévèrement que ses échecs économiques et sociaux, c’est son
arrogance. Le Fouquet’s lui a nui plus que le triple A".
Et
les journalistes Nicolas Domenach et Laurent Neuman analysent ce que
l’on pourrait qualifier de chronique d’une défaite annoncée, sur le mode
" on vous l’avait bien dit " : " Sa fin de règne était écrite. Elle
se lisait, elle s’annonçait non seulement dans une arrogante et
suicidaire stratégie de campagne droitière, non seulement dans la crise
qui entraine partout l’échec des gouvernants, non seulement dans le
désir d’alternance que provoque près de vint ans de pouvoir de droite,
mais encore dans les débuts mêmes qui portaient avec eux la condamnation
du sarkozysme : le Fouquet’s, le bling-bling, le bouclier fiscal… La
vulgarité blasphématoire et l’injustice antirépublicaine de cette
présidence des riches ne pouvaient, dans ce pays d’égalité, que
provoquer la chute d’un roi de clinquant qui ne fut jamais un monarque
républicain ! "
Nicolas
Sarkozy aurait donc dû lire davantage Marianne puisque, rappelle le
journal, dès 2010, au lendemain des régionales, il titrait déjà sur " Le
divorce entre Sarkozy et les Français ". Mais si Nicolas Sarkozy a
échoué, c’est parce qu’il n’a pas fait la bonne campagne, et refaire
2007 : " Il aurait fallu écrire une autre aventure, réinventer une
légende qui l’élèverait, et avec lui, le peuple de France, au-dessus de
la précédente " … la campagne "à Droite toute ", inspirée par
Patrick Buisson, n’a pas marché en 2012. Et d’en rajouter sur
l’aveuglement du président qui a "mésestimé François Hollande" la baudruche dont il avait prophétisé l’explosion, qui "s’obstinait à ne pas se dégonfler... A
force de répéter que Hollande était inconsistant, mou, sans envergure,
nul et qu’il allait l'exploser, l’atomiser, le pulvériser, Sarkozy s’est
lui-même amoindri et affaibli, puisque ni ses condamnations expéditives
ni ses prophéties fulminantes ne se réalisaient. " Et vlan !
Même analyse dans le Nouvel Observateur qui s’interroge : "
A revoir le film de ces derniers mois depuis la fin de l’été 2011, on
finit par se poser la question : " Sarkozy avait-il vraiment envie d’y
aller ? ... A-t-il redouté cette campagne plus qu’on ne l’a pensé ? … " et de rappeler que fin 2011, Nicolas Sarkozy confiait à Gehrard Schroeder : "Sur le papier j’ai perdu cette élection.
" Carole Barjon s’abrite derrière " les politologues " pour écrire que
" la défaite de Nicolas Sarkozy était inscrite dans les faits depuis
longtemps. L’ostentation dans son rapport à l’argent, l’étalage de sa
vie privée, sa familiarité excessive et son agressivité, contraires à
l’idée qu’on se fait du comportement d’un chef d’Etat... Ses effets d’annonce permanents auraient été, selon eux ( les politologues ), autant de péchés dont "Sarkozy ne pouvait pas se remettre ". Et l’Obs nous confie que
" dans le cercle de ses conseillers, la guerre fait rage entre Patrick
Buisson et Henri Guaino, exaspéré par la ligne droitière de la campagne
et les attaques incessantes contre François Hollande. "
Mais qui est-il donc ce François Hollande si méconnu ? Deux portraits à lire pour mieux connaître celui qui a de fortes chances de devenir président de la République. Dans Marianne, Denis Jeambar revient sur le parcours " hors norme " de celui qu’il décrit comme européen, "socialiste sans être embrigadé" qui se veut un président normal :
" Personne
n’a compris que cet homme gérait sa carrière politique avec la
précision et la patience d’un concepteur de puzzle. D’une subtilité
constante, il a découpé sa personnalité en une multitude de pièces sur
lesquelles se sont acharnés les observateurs et ses rivaux, oubliant au
passage de s’intéresser à l’ensemble du personnage. En particulier à
l’ampleur de son ambition… Ainsi a-t-il dérouté son monde. Personne,
donc, ne voulait croire au destin d’un simple fantassin annonçant par
avance, qu’il serait un président IKEA, un chef d’Etat à la suédoise,
revendiquant la dignité de la fonction présidentielle tout en récusant
sa majesté. Nul n’envisageait le succès de cette alchimie nouvelle : la
rencontre d’un homme normal avec un peuple, un homme qui " depuis trente
ans, trompe sans perversité médias et concurrents. Malgré les
apparences de modestie, il n’a cessé de vouloir gravir les sommets de
l’Etat. Il a l’ambition chevillée au corps des alpinistes himalayens :
aller toujours plus haut …C’est un ambitieux qui se fixe les objectifs
les plus élevés sans être possédé par l’ivresse de lui-même… La
normalité n’est pas chez François Hollande, une simple posture
anti-sarkozyste"…
D’ailleurs, précise le portraitiste, " même Nicolas Sarkozy s’est égaré sur sa personnalité ". Dans le Point, c’est l’historien Richard Millet, corrézien authentique qui scrute la personnalité de François Hollande, dont la Corrèze, " lieu de légitimation politique, " a fait un " radical socialiste " et dont
" le roman reste à écrire puisqu’il s’inscrit parfaitement dans cette
province dont on regrette qu’aucun romancier français, nul cinéaste
depuis la mort de Chabrol, ne daigne s’emparer… François Hollande, dont
le débit et le ton retrouvent en campagne celui de François Mitterrand,
avec une gestique plutôt chiraquienne, n’est pas un littéraire. Les vœux
que je reçois de lui sont pauvrement rédigés, quelquefois fautifs… "
Et d’insister :
" On
me répète… qu’il est non pas rond mais fade. La fadeur comme principe
de gouvernement ? Celle du radical-socialisme ? Celle de l’Europe
post-historique ? Chacun le sait : la France veut être gouvernée au
centre gauche, c'est-à-dire nulle part. Un pays ingouvernable, donc.
C’est pourquoi Hollande évite tout débat sur l’immigration, pourtant
seul sujet crucial avec la crise financière…On le dit mou ; c’est un
bruit habile : en politique, il faut se méfier des réputations : la
mollesse y est aussi redoutable qu’une eau dormante… " A méditer !
Du caractère, François Hollande en aura bien besoin dès le 7 mai au matin, car d’après Le Point, les ennuis commenceront immédiatement.
" Depuis
plusieurs semaines, Nicolas Sarkozy joue la peur. Une éventuelle
élection de François Hollande serait une catastrophe, dit-il. Les
marchés ne veulent pas d’un socialiste à la tête du pays. C’est de bonne
guerre mais c’est faux. Les marchés financiers n’ont aucun affect. En
1997, à l’arrivée de Lionel Jospin, la Bourse n’a pas été clouée au sol.
Bien au contraire …" Mais aujourd’hui, à cause des déficits abyssaux,
" dans les deux camps, on se prépare à une nouvelle attaque des marchés
aussitôt l’élection passée "…
D’après le journal, les deux ont déjà leur plan de bataille en poche, et Romain Gubert croit aussi savoir que "
les agences de notation laisseront du temps à Hollande pour constituer
une équipe stable après les législatives, puis donner ses premières
orientations budgétaires pour la loi de Finances 2013, c'est-à-dire à
l’automne. Tout en guettant le moindre faux pas. Chez Hollande, on sait
déjà qu’il faudra donner des signes, vite, très vite, pour faire
comprendre aux marchés, même si cela n’a pas été dit pendant la
campagne, comment la France, va, dans le détail, tenir ses
engagements… "
Le candidat y est fermement
invité par "les Gracques " ce Think Tank de gauche qui appelle, comme en
2007, à une majorité élargie au centre et invite les électeurs de
François Bayrou à voter pour Hollande. Dans une tribune publiée par
l’hebdomadaire, ils dressent la feuille de route pour " retrouver la croissance : il faudra beaucoup de concret et d’exemplarité... Nous dépensons trop et mal. Résultat : nous laissons aux jeunes le chômage, la dette, le financement de la retraite et de la santé. Les
candidats visitent les hauts fourneaux mais ce sont les nouvelles
technologies, les énergies renouvelables et l’innovation qui sont les
leviers de la croissance. La hausse de la fiscalité ne résoudra
pas tout : ce sont nos entreprises qui créent des emplois, pas nos
impôts. Il faudra donc réduire certaines dépenses publiques, favoriser
la croissance par l’investissement, encourager les entrepreneurs de
demain. Ce qui fut peu dit dans la campagne, trop peu ". Maintenant c’est dit.
Vos journaux s’inquiètent de la montée de Marine Le Pen. C’est " le cri des orphelins " analyse dans l’Express, Christophe Barbier à propos des 6, 4 millions de voix obtenues par la candidate FN.
" Tant
que le pouvoir n’aura pas amélioré leur vie quotidienne, les Français
d’en bas et ceux d’en dessous continueront à voter aux extrêmes. Marine
Le Pen les appelés les invisibles : cette fois on les a vus…les citoyens
lepénisés sont des orphelins de la République, de son école qui aidait
les enfants à dépasser leurs parents, de son creuset qui banalisait
l’immigration, de son ordre qui était la première égalité, de son mérite
qui limitait privilèges et parasitages ", écrit-il.
Ces temps là sont révolus. Forte de son succès Marine Le Pen veut faire
un raid sur la droite (Le Point ), ou la casser ( Le Nouvel
Observateur), ou encore " faire une OPA " sur la droite ( l’Express). D’après ce journal,
" l’objectif est clair :miser sur l’implosion de l’UMP pour obtenir des
députés aux législatives de juin et tenter d’attirer des élus
souverainistes dans le cadre d’un "rassemblement bleu marine ". Pour
s’imposer elle parie sur une guerre des chefs à droite… " Le
journal qui affirme que les " travaux d’approche " ont commencé dans
certaines fédérations, cite Nicolas Say, un des porte-paroles FN : " Avec une vague rose et un FN fort, on ratiboise l’UMP ".
Les Inrocks
s’intéressent à la "Relève féminine à gauche" en couverture. Vous les
avez vues et entendues pendant la campagne : la députée PS des
Deux-Sèvres, Dephine Batho, l’élue lyonnaise Najat Vallaud Belkacem,
deux des porte-paroles du candidat, la députée de Moselle Aurélie
Filipetti, Madame Culture et Fleur Pellerin, madame Numérique du
candidat, font partie du "Girl Power "de François Hollande.
En
lisant l’Express vous saurez lequel des deux candidats est le plus
menteur, le plus versatile, le plus expérimenté, le plus ambitieux, le
plus provocateur, le plus dépensier, le plus drôle, le plus macho ( les
deux ! ), le plus copieur, le plus imaginatif, le plus répressif, le
plus mitterrandien, le plus gaulliste, le plus chiraquien ?
Au financier Georges Soros, à qui on demande sa préférence entre Hollande et Sarkozy : " Si j’en avais une je ne vous le dirais pas, mais au final, je ne pense pas qu’il y ait tant de différences. "
D’après
Le Point, François Hollande, s’il est élu, veut créer un " énorme pôle
de l’Education qui comprendrait à la fois la Jeunesse, le Sport,
l’Université et la Recherche... et d’après le Nouvel Observateur, les
" hollandais historiques "( Bruno Le Roux, André Vallini, Stéphane Le
Foll, Faouzi Lamdaoui, Jean-Yves Le Drian) se demandent s’ils ne seront
pas oubliés au moment de la distribution des récompenses si leur poulain
est élu, car il faudra faire de la place à leurs anciens adversaires
internes, Fabius, Valls, Aubry, Moscovici.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire