vendredi 27 avril 2012
Comment la gauche a attisé la colère des travailleurs en abreuvant d'aides les inactifs
Le ressentiment du travailleur pauvre vis-à-vis
du pauvre sans travail – supposé, à tort ou à raison, ne pas en
chercher – est depuis au moins vingt ans un des clivages majeurs de
notre société, largement méconnu dans les sphères où se prennent les
décisions et récusé totalement dans les hautes sphères du Parti
socialiste.
L’ignorance de ce problème dans
la classe dirigeante – où, gagnant dix, cent ou cinq cent fois les
minima sociaux, on a scrupule, c’est bien compréhensible, à le poser –,
constitue une des fractures les plus profondes de la société française
actuelle. À tel point que, dès qu’un député, en contact avec le
peuple, lui, soulève la question, il se voit tout de suite mis au pilori
par les médias et la plus grande partie de la gauche.
Il ne suffit pas de de mettre en cause les sentiments mauvais ("populistes")
d’un peuple mal éclairé, plus jaloux de son voisin que des vrais
riches. Il ne suffit pas non plus de dire que les fraudes constatées
sont peu nombreuses (2,5 % selon la CNAF). Car le problème n’est
pas tant celui de la fraude elle-même que des subterfuges légaux qui
permettent de percevoir un revenu tenu par le voisinage pour illégitime.
Le problème n’est pas tant le RSA en lui-même, qui est effectivement
d’un montant modeste, et que bien peu remettent en cause en tant que
tel, que son cumul avec toute une série d’autres aides auxquelles ont
aussi droit ses bénéficiaires : transport gratuit, logement
quasi-gratuit, CMU, tarifs spéciaux d’électricité, exonération de taxe
d’habitation, secours sociaux divers. L’un dans l’autre, ils
permettent aux titulaires d’atteindre un revenu qui, certes, n’est rien
pour le golden-boy ou le journaliste de télévision, mais qui est
insupportable au maçon, indigène ou immigré, qui trime 35 heures ou plus
par semaine pour ne gagner guère plus. Sans parler de l’agriculteur ou de l’artisan à qui reste un bénéfice de 500 € par mois pour 60 heures de travail par semaine.
Un
des effets de cette situation est la dévalorisation du travail. Sans
remettre en cause les différentes formes de secours publics, on peut
estimer qu’un travailleur à plein temps, un vrai, mérite qu’un
différentiel significatif soit maintenu entre son revenu et celui de
quelqu’un qui ne travaille pas. Dès que cette différence disparait –
voire se renverse, sa dignité de travailleur se trouve remise en cause :
un sentiment qui évidemme
Or, contrairement à ce que prétendent les idéologues libéraux, ce n’est pas le "modèle social français" ancestral
qui est en cause dans cette situation, mais des décisions prises au
cours des trente dernières années, principalement par la gauche.
Le
RMI a été instauré par le gouvernement Rocard en 1989, il est assorti
d’une aide spéciale aux demandeurs d’asile (qui sont souvent des
immigrants clandestins) d’un montant équivalent. Le gouvernement Jospin a
instauré le CMU et l’AME (aide médicale aux étrangers). Par la loi du
11 mai 1998, le bénéfice du minimum vieillesse (aujourd’hui allocation
de solidarité aux personnes âgées) a été étendu à tous les étrangers,
même ceux qui sont venus s’installer en France après 60 ans.
Comment
un ouvrier français qui ne peut pas se payer une mutuelle et n’est donc
remboursé de ses frais médicaux qu’à environ 60 %, au point que, selon
une enquête récente, plusieurs millions de nos compatriotes renoncent à
des soins coûteux (dentaires par exemple) faute d’argent, ne serait-il
pas morts de rage de voir un chômeur chronique bénéficiaire de la CMU
bénéficier d’un remboursement à 100 %, y compris pour des soins de luxe
(PMA, cures thermales) ? D’autant que, pour une administration
hospitalière qui ne regarde que la solvabilité, le bénéficiaire de
celle-ci a droit à une médecine de première classe (chambre
individuelle) et le travailleur sans mutuelle à une médecine de seconde
classe (dortoir). Et que peut-on imaginer des sentiments du second quand
le premier est un immigré récent, pas nécessairement régularisé ?
Les
Français qui s’auto-flagellent ou que l’on flagelle avec leur supposé
racisme sont en réalité le peuple le moins raciste qui soit, comme le
montre le nombre de mariages mixtes, mais leur système social est si
généreux pour les étrangers qu’il suscite des frustrations inconnues
dans d’autres pays. Et que dire quand ce sont les mêmes, la gauche
morale en l’occurrence, qui sont responsables de cette générosité
injuste et irréfléchie et qui accusent les travailleurs français de
xénophobie ?
Toujours dans le même
registre, comment demander à un retraité agricole ou artisanal ou à une
mère de famille presque dépourvus de retraite, d’accepter qu’un étranger
qui n’a jamais travaillé en France, bénéficie d’un minimum vieillesse
de 650 euros par mois. Ils n’y ont, eux, pas droit, généralement parce
qu’ils sont encore propriétaires de quelque chose. De quoi ? Un petit
lopin reçu en héritage ou un modeste pavillon pour l’acquisition duquel
lequel ils se seront saignés aux quatre veines tout au long de leur vie
et qui leur coûte deux mois de retraite en taxe foncière !
Le
RMI n’est pas fondé en soi sur un mauvais principe, mais outre tous les
avantages annexes qu’il amène avec lui, il demeure mal contrôlé : au
motif de ne pas « constituer un fichier des pauvres », les bonnes
consciences de gauche ont refusé qu’il y ait un fichier national des
bénéficiaires qui aurait pu faciliter le repérage des abus.
Précisons que les bénéficiaires étrangers de
ces différents avantages sociaux ne sont pas nécessairement pauvres :
anglais ou américains louant une résidence confortable, par exemple,
mais qui cachent soigneusement leurs revenus à l’étranger pour
bénéficier en France d’une médecine de meilleure qualité que chez eux et
gratuite.
Le fait que ces avantages aient été étendus "généreusement" aux
étrangers, qu’ils aient ou non travaillé en France et parfois quand ils
sont en situation irrégulière, est entièrement imputable à la gauche.
Il est inséparable des hurlements qui accompagnèrent l’idée de "préférence nationale",
maladroitement avancée par le Front national, et qui pourtant devrait
être une évidence dès lors qu’il s’agit, non pas d’étrangers en général
mais de gens n’ayant jamais travaillé.
"L’enfer est pavé de bons sentiments". Il
faudra faire un jour le bilan de toutes les tensions qu’une conception
pervertie de la générosité, celle qui anime le parti socialiste depuis
trente ans, a entrainées dans la société française, tensions qui sont
loin d’être résolues, comme le montre les résultats électoraux du Front
national et qui ne pourraient que s’aggraver dramatiquement si la gauche
revenait au pouvoir.
nt échappe à toute une partie de la gauche
bobo qui ne fréquente ni les uns ni les autres.
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