mercredi 25 avril 2012
Quand la gauche rend le débat sur l'immigration impossible
Qui nierait que la France a aujourd’hui un
problème avec son immigration ? Que l’on pense qu’il y a trop d’immigrés
en France ou que l’on déplore la montée de ce sentiment, il est clair
que la question se pose.
Les chiffres sont bien
connus. En 2010, notre pays comptait officiellement 7,2 millions
d’immigrés, soit 11,1 % de la population (définition des Nations Unies :
« personne née dans un autre pays que celui où elle réside »), dont 5,1
millions (7,8 %) nés hors d’Europe. Il faut y ajouter les jeunes de
moins de 18 ans ayant au moins un parent immigré né hors d'Europe
(13,7 % en 2007). Cette proportion était de près d'un quart (23,9 %)
parmi les nouveau-nés en métropole en 2010.
Malgré les efforts de certains experts, ceux que dénonce Michèle Tribalat dans son ouvrage Les yeux grands fermés [1],
pour nier le problème, il est clair que la question de l’immigration et
celui de la montée de la composante musulmane de la population dans un
vieux pays de tradition chrétienne (et laïque), inquiète une partie
grandissante des Français.
On peut, bien entendu,
mettre en cause l’attitude d’un certain patronat, ayant souvent préféré
le recours à une main d’œuvre immigrée docile (au moins à la première
génération), amenée par les filières du travail clandestin, à une main
d’œuvre nationale déshabituée du travail par un chômage de longue durée.
On peut aussi mettre en cause la politique généreuse de rapprochement
familial instaurée par Giscard et Chirac en 1976.
Il
reste que, dès 1980, Raymond Barre voyait déjà dans la montée d’une
population immigrée peu facile à assimiler le principal problème de la
France.
Si les différents gouvernements
socialistes qui ont été aux affaires depuis 1981, n’ont pas osé remettre
en cause formellement les lois restreignant l’immigration, les troupes
qui les soutenaient, militants du parti socialiste ou de partis plus à
gauche ont généralement fait chorus contre tout effort de contrôle de
l’immigration, y dénonçant des signes de fascisme ou de nazisme. Les
reconduites à la frontière furent parfois assimilées aux déportations
de 1943-1944 par des idéologues (ou des bien-pensants) qui perdaient de
vue que renvoyer des personnes chez elle est exactement le contraire de
les arracher de chez elles pour les envoyer dans un ailleurs dont on ne
revenait guère.
Pour satisfaire cette clientèle, et parce qu’il ne se
sentait pas d’humeur à renvoyer tous les clandestins, François
Mitterrand, peu après son arrivée aux affaires en 1981, procéda à une
régularisation massive des clandestins (130 000), qui constitua un
formidable appel d‘air pour une nouvelle vague d’immigration
irrégulière.
Au même moment l’intervention du juge
devint obligatoire dans la procédure de reconduite à la frontière,
jusque-là décidée par le seul préfet. En attente de la décision du juge,
nécessairement moins rapide que celle du préfet, on dut ouvrir des
centres de rétention fort inconfortables, s’apparentant à des prisons ou
à des camps de prisonniers.
Se liant ainsi les mains, l’État se trouvait bien entendu moins efficace en matière de contrôle de l’immigration.
Il
se les lia à nouveau avec la signature de la convention de Schengen
(1990), intégrée au traité d’Amsterdam du 2 octobre 1997.Dans le but
d’assurer la libre circulation totale des personnes sur le territoire
européen, le contrôle aux frontières des États fut levé, et le contrôle
des entrées en provenance de pays tiers fut repoussé aux limites de
l’espace dit Schengen : en pratique, dans des pays d’autant moins
regardants sur l’immigration non-européenne qu’ils savaient que leur
pays ne servirait que de transit pour une destination autre,
généralement la France.
Les statistiques rassemblées par Maxime Tandonnet[2] montrent que l’immigration clandestine explose à partir de la mise en application de ces accords, en 1997.
Face à la multiplication des immigrés clandestins, deux solutions : une
nouvelle vague de régularisations, plus limitée, à laquelle procéda le
gouvernement Jospin en 1997, ou bien la multiplication des reconduites à
la frontière, sous forme généralement inopérantes, et, dans tous les
cas, bien plus inhumaines que ne l’eût été un simple refoulement à la
frontière.
Le dispositif Pasqua de 1986, destiné à
renforcer les contrôles, quoique mesuré, se heurta aux cris d’orfraie
des prétendus défenseurs des droits de l’homme, en tous les cas de toute
la gauche, et furent en partie démantelés au retour de celle-ci. La
droite devait par la suite s’avérer de plus en plus timide pour revenir
sur les mesures laxistes prises par la gauche en cette matière.
A
ces considérations on ajoutera l’influence pernicieuse de démographes
proches du parti socialiste, dont le chef de file fut Hervé Le Bras et
qui en vinrent à contrôler l’INED[3]. Leur leitmotiv était qu’« il n’y a pas de problème d’immigration en France »,
que « le nombre d’étrangers est stable » (un résultat qu’il n’est pas
très difficile d’obtenir en pratiquant massivement les naturalisations)
et qu’il fallait cacher soigneusement à l’opinion toute vérité sur
l’immigration, fut-elle scientifiquement établie, qui pourrait « faire
le jeu du Front national. » Tout cela dans une atmosphère de chasse aux
sorcières à l’encontre de ceux qui s’avisent de dire simplement vérité.
[1] Denoël, 2010.
[2] Maxime Tandonnet, Le grand bazar ou l’Europe face à l’immigration, Flammarion, 2001
[3] Institut national d’études démographiques
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