TOUT EST DIT

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lundi 26 mars 2012

Grèce : le soleil n'est pas à vendre

Non au photovoltaïque allemand ! Après le Mémorandum, voilà que les Grecs se retrouveraient dépouillés des droits d'exploiter leur soleil... Panagiotis Grigoriou revient sur un projet environnemental de photovoltaïque avec l'Allemagne, qui reste dans les cartons du Parlement jusqu'à nouvel ordre pour cause de manifestation intempestive.

Gestuelles, gesticulations, et zeste de saison. D'abord le provisoire se rangeant pour une fois de notre côté, voilà une bonne nouvelle : l'amendement germano-ecclésiastique introduisant l'industrie photovoltaïque sur le Mont Pentélique, a été repoussé au « Parlement », par le ministre de l'Environnement Papakonstantinou lui-même. Il a fait marche arrière devant notre mobilisation. Colère, et surtout volonté exprimées à travers cette opposition, y compris par des actes, de nombreux acteurs à l'échelle locale et nationale, élus locaux des communes concernées, Union des ingénieurs agronomes des services de l'État (il n'a pas été encore démantelé !), WWF Grèce, Société ornithologique du pays, partis de la gauche et de l'écologie, les archéologues, pratiquement tout le monde y était.
 
« Le projet de la Société Anonyme Pronoia de l'Archevêché, n'est pas encore mûr en tant qu'investissement, et il n'y pas de rapport établi, sur les conséquences et sur la gestion écologique du projet, ce qui ne veut pas dire que nous nous opposons à la proposition de l'Église », a déclaré le ministre Papakonstantinou jeudi soir. Il avait déjà précisé récemment « qu'à ceux qui prétendent que nous vendons notre soleil aux Allemands, je réponds que tout en permettant les investissements étrangers en Grèce, nous gardons notre soleil car nous pourrons toujours nous rendre sur les plages. Et nous obtenons ceci en retour: des emplois, des impôts, de l'investissement étranger. Il s'agit d'une approche novatrice sur un nouveau territoire. Notre volonté politique consiste à vouloir entrer justement sur ce nouveau terrain », (entretient de Papakonstantinou au magazine WirtschaftsWoche – 18/03).
 
Le terrain n'est pas si nouveau, sauf qu'au PASOK, on a la mémoire courte. Sur le versant Est de notre vieux Pentélique, 9 973 soldats et officiers de l'Armée allemande y reposent en effet, depuis la dernière Occupation. Sous nos latitudes, et sous le soleil éternel exactement. Tous ces hommes, jeunes déjà sous la République de Weimar, ainsi arrivés ici en envahisseurs et disparus, leurs joies et leurs tristesses avec, leurs espoirs d'avenir éteints, reposant désormais à cet endroit antique, à deux pas des anciennes carrières des marbres du Parthénon... tristesse, méditation et recueillement.

De l'aménagement par le « béton armé »

Pour les photovoltaïques alors de monsieur Wolfgang Scheuble, l'emplacement choisi me semble aussi contre-indiqué, parce qu'il s'agit également d'un lieu de mémoire, impliquant à la fois le peuple grec, et le peuple allemand. Mais, de la mémoire au... mémorandum il n'y a qu'un pas finalement, l'anachronisme est à la clef, et la porte de l'histoire grand ouverte. Peu importe, Papakonstantinou reviendra à la charge, saisissant la première occasion, les élus locaux et le peuple du Pentélique le savent bien, restant ainsi sur le qui-vive.
 
Entre temps, hier, et pour s'opposer à un projet analogue d'aménagement par le béton armé, sur le site de l'ancien aéroport au sud d'Athènes à Elliniko, élus locaux et habitants, ont manifesté jeudi devant le « Parlement » sur la place de la Constitution. Ces mêmes élus, plus d'autres organisations du Front contre le Mémorandum, organisent demain samedi, à la veille de la fête nationale du 25 mars, une marche de protestation, entre le site de Marathon et le Kallimarmaron, ce stade antique d’Athènes, rénové pour les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne, en 1896.
MANIFESTATION ET PRÉVENTION
Le pouvoir sur place s'organise aussi, et comme il peut. Déjà, toute présence du public devant la tribune des officiels lors du défilé à Athènes sera interdite, sauf, celle des journalistes accrédités. On mobilise 7 000 policiers et partout, c'est l'effervescence. Ici ou là, le signal historique citoyen souligne que la lutte pour la liberté est plus que jamais d'actualité, (célébrant le soulèvement des Grecs contre la domination de l'Empire Ottoman en 1821).

De son côté, le maire d'Athènes, Georges Kaminis (soutenu par le PASOK), a donné l'ordre à ses services de voirie, de ramasser toutes les bigarades du centre ville, pour ainsi priver préventivement les manifestants potentiels et spontanés du 25 mars, de toute « munition ». Étrange ce pouvoir, qui n'est pas à ses premières oranges amères, ayant mis tout un peuple sous la botte de la bancocratie, ayant distribué tantôt des menaces, tantôt des pécunes aux médias pour ainsi faire passer la meilleure propagande, jamais orchestrée en Grèce depuis les temps de la Guerre civile (1944-1949). Eh bien, ce pouvoir a peur des plantes à parfum maintenant. Elle sentirait un peu l'ail notre fête nationale... 

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