lundi 26 décembre 2011
Trois discours sur l'avenir de l'Europe
La crise a un avantage : elle oblige les leaders européens à se dévoiler. À Toulon, Nicolas Sarkozy a insisté sur « le choix de la convergence » fait par l'Allemagne et la France. Comme ses prédécesseurs, il découvre ainsi la communauté d'intérêts qui unit les deux côtés du Rhin dès lors qu'il s'agit de l'Europe. Parfois l'un donne le ton, parfois l'autre. Au final, un compromis est négocié.
Dans le débat actuel, l'Allemagne impose sans nul doute son leadership en ayant convaincu les autres Européens que le retour à la croissance nécessitait d'abord de mettre de l'ordre dans leurs budgets nationaux. Inutile d'y voir pour autant une nouvelle Allemagne qui voudrait dominer à nouveau l'Europe, en la comparant à celle de 1871 ou de 1939, comme l'ont fait plusieurs socialistes français d'une manière parfaitement démagogique.
Au Bundestag, le 2 décembre, Angela Merkel a rappelé l'importance qu'elle attachait à un contrôle des déficits budgétaires régi par des règles. Elle souhaite des sanctions automatiques mises en oeuvre par la Commission et la Cour de justice et non par les États, forcément juges et parties.
Passé plus inaperçu en France, le discours du ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, prononcé à Berlin le 28 novembre, est un engagement sans précédent de son pays (le seul épargné par la crise économique) à rejoindre une Europe renforcée. Le gouvernement polonais, qui achève une présidence réussie de l'Union, souhaite adhérer à l'euro. Il y a là une nette rupture avec l'europessimisme des Frères Kaczynski et avec la méfiance envers les grands pays voisins, et notamment l'Allemagne.
Alors que 26 États ¯ c'est-à-dire tous sauf les Britanniques ¯ rédigeront d'ici à mars un traité d'union budgétaire, il serait faux de penser que toute différence a disparu.
Nicolas Sarkozy n'a aucune conviction quant à l'implication des institutions européennes dans la mise en place d'une politique de gestion des déficits. Dans la tradition gaulliste, il préférerait que les États soient habilités à se contrôler mutuellement. Angela Merkel pense, elle, que seule une institution européenne, placée au-dessus des États, peut oeuvrer à une politique efficace de sanctions automatiques. Les faits lui donnent du reste raison : en 2003, lorsque la France et l'Allemagne ont violé le Pacte de stabilité qu'ils avaient eux-mêmes instauré, les autres États se sont gardés de voter des sanctions.
Une autre différence est que Nicolas Sarkozy conçoit la relance de l'Europe autour de la zone euro. Au contraire, Angela Merkel est soucieuse de ne pas créer un sentiment d'abandon chez ceux qui n'ont pas encore l'euro, mais qui y aspirent. Les faits lui ont donné raison, puisque le futur traité d'union budgétaire sera négocié non pas à 17 mais à 26. À cet égard, il faut, en France, cesser de penser que la crise serait le résultat d'un élargissement à l'Est non maîtrisé. Rien n'est plus faux. Il convient, au contraire, d'avoir un discours volontariste prônant une Europe rénovée avec tous ceux qui souhaitent aller de l'avant et qui ont vocation à rejoindre un jour l'euro.
On en revient au rapprochement avec la Pologne qui s'avérera crucial. Rien ne pouvant être attendu de Londres, le triangle dit de Weimar, Paris - Berlin - Varsovie, doit absolument devenir une priorité politique. C'est dans ce trio continental que réside le leadership qui pourra sauver l'Europe.
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