Quand, en septembre 2008, la faillite de Lehmann Brothers plongea brutalement le monde dans sa plus grande crise financière depuis la seconde guerre mondiale, chacun comprit instantanément que c’était aussi une très mauvaise nouvelle pour la cause écologique. Depuis, les symptômes inquiétants montrés par la planète sont repassés au second plan, avant de s’estomper de plus en plus derrière les urgences d’une économie très malade. La conférence de Durban s’en désespère et en France la peur du chômage et d’une baisse du niveau de vie a relégué la question de l’énergie en… dernière position des thèmes majeurs qui préoccupent spontanément les Français à l’approche de la prochaine campagne présidentielle.
Au moment même où l’humanité n’avait que quelques années devant elle pour conserver une chance de ralentir le réchauffement climatique, la voilà tout entière mobilisée pour sauver coûte que coûte le modèle économique qui lui a permis de se développer. L’environnement attendra… « Ça commence à bien faire », même, selon certains…
Le nucléaire, qui ne libère pas de CO² dans l’atmosphère, a donc pu s’acheter une nouvelle virginité au point d’être labélisé « propre » et même « sûr » par ses promoteurs. Fukushima ? Un simple accident isolé qui ne doit pas, selon eux, générer des fantasmes au motif que la France, forcément exemplaire, n’a pas eu à déplorer le moindre incident grave dans ses centrales.
L’impossibilité de traiter les déchets ultimes, qui restent contaminants pendant des siècles, contredit d’emblée, pourtant, l’argument de la propreté. Restait la sûreté : les intrusions des militants de Greenpeace, qui s’ajoutent aux négligences constatées ces derniers jours par les enquêtes parlementaires, ont fait exploser les rodomontades rassurantes, et les explications piteuses de la gendarmerie semblent plutôt relever du registre gesticulatoire de l’adjudant-chef Cruchot/Louis de Funès en pleine bavure.
Il ne s’agit pas de prédire l’apocalypse tous les quatre matins et personne ne doute que la production nucléaire est bien protégée sur notre territoire, mais le risque zéro n’existe pas et les catastrophes précédentes ont prouvé que les défaillances humaines pouvaient mettre en péril les systèmes les mieux sécurisés. Ne reste alors que le cas de conscience, simple et universel : accepte-t-on, oui ou non, la présence de cette épée de Damoclès, suspendue au-dessus de nos têtes, et surtout au-dessus de celles de nos descendants ?
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