samedi 26 novembre 2011
Folie contre folie
C’est le mot du jour. Le mot-clé. Le détonateur de fantasme. Le réacteur de la peur... Qui dit mieux? Puisqu’il faut filer la métaphore nucléaro-anxiogène, allons-y, faisons feu de tout bois. Tremblons ou faisons semblant de le faire. «Folie», «folie», «folie»... Scandé ou murmuré. «Folie», «folie», «folie»... L’avenir énergétique du monde développé est une immense interrogation et le voilà hystérisé en cinq petites lettres. «Folie, folie, folie»... L’absinthe de la démagogie donne le vertige au comptoir du bar électoral. Nos démocraties ne seraient-elles pas capables d’affronter les débats essentiels autrement qu’en s’enivrant de caricature et d’invectives?
Alors, c’est vrai, nous en sommes vraiment là? En 2007, le Grenelle de l’environnement, justement et unanimement salué, nous avait laissé espérer un autre niveau de réflexion. Assurément plus mûr que ses élites politiques, le pays est sidéré par tant de couardise devant le réel. Par tant de petits calculs. Par le déni d’un énorme accident à gauche présenté comme un simple «incident de campagne». Par les évitements manifestes devant les données du problème et ses avatars sociaux. Oui ce serait sans doute une «folie» économique à court terme de renoncer brutalement à une énergie qui répond à trois-quarts de nos besoins, même si la question n’est pas du tout posée en ces termes. Et oui, une telle option aurait des incidences anti-écologiques si on est incapable, comme l’est aujourd’hui l’opposition, de mesurer le degré de montée en puissance potentielle des énergies renouvelables.
Mais de son côté, le chef de l’État n’est pas moins aveugle en célébrant sans nuance une réussite industrielle incontestable mais qui repose, il ne faut jamais l’oublier, sur la culture du danger. Peut-on vraiment bâtir un avenir sur des déchets mortels? Sales? Nuisibles? C’est aussi une vraie interrogation. Angela Merkel, «Angela», que le président de la République nous présente comme un modèle serait-elle «folle» et «irresponsable» de prévoir le démantèlement des 17 centrales allemandes? Allons donc! Chacun sait bien que nous assistons au choc de deux réalismes aussi légitimes l’un que l’autre: l’un à court terme, et l’autre à long terme. Est-on vraiment décidé à laisser en héritage aux générations futures une terre empoisonnée, dont la survie économique serait conditionnée à l’acceptation d’un péril mortel? Non. Alors, droite et gauche sont condamnées au compromis mais refusent de l’admettre. Se mentir à ce point sur l’essentiel, c’est fou!
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