lundi 4 juillet 2011
La théorie du complot
La réalité est inacceptable, alors nions-la : après les attentats du 11 septembre 2001, les hypothèses les plus farfelues ont prospéré sur internet – et certaines y prospèrent toujours. C’est la CIA qui aurait organisé les détournements ; la destruction des tours jumelles aurait été provoquée non par les avions, mais par des bombes savamment placées à l’avance. Plus récemment, la mort de Ben Laden a suscité d’autres élucubrations qui se caractérisent par la négation des faits. Quand une nouvelle choque, rien de tel que la théorie du complot pour se protéger ! Dès l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, des fidèles ont parlé d’une conspiration qui aurait eu pour but d’éliminer le favori des sondages à la présidentielle 2012. Sa libération sur parole, après six semaines d’enquête, les conforte et certains parlent, aujourd’hui, « d’attentat politique ».
L’histoire fourmille, certes, de complots. D’ici à dénoncer une collusion entre la direction d’un hôtel, la police de New York et des barbouzes parisiens, il y a de la marge… et beaucoup d’audace dans les raccourcis. Tout d’abord, DSK n’a pas été innocenté, vendredi : les charges qui pèsent sur lui demeurent. En outre, on ne connaît officiellement aucune des deux versions de ce qui s’est passé dans la suite du Sofitel : ni la femme de ménage, ni DSK ne se sont exprimés directement devant les médias. On reste sur le terrain mouvant des « fuites » de l’enquête, des intox des avocats des deux parties et des informations livrées au compte-gouttes par le parquet. Avant de parler de conjuration, laissons donc la justice faire son travail, d’autant qu’elle est plus rapide aux États-Unis qu’en France. La prochaine audience est fixée au 18 juillet.
Pour les fidèles de DSK, la théorie du complot n’est pas seulement une façon de laver l’honneur de l’homme. L’enjeu est avant tout politique, car si cette thèse progressait, elle entrouvrirait la porte d’un retour dans la bataille présidentielle. Comme l’a résumé hier Martine Aubry, personne n’oserait opposer un quelconque calendrier à Dominique Strauss-Kahn s’il décidait de concourir à la primaire. Problème : l’appétit sexuel hors normes de DSK et son goût du luxe sont désormais de notoriété publique. Et ils ne cadrent pas du tout avec le profil d’un vainqueur de l’élection suprême. Le retour de DSK ne pourrait que compliquer encore une donne déjà très confuse au Parti socialiste.
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