lundi 27 juin 2011
Dénuement
Pour qui se prend-elle de jouer encore à la présidente, quand ceux qui disent l’opinion ne la calculent plus, ni les élites socialistes ni le peuple sondagier aux engouements éphémères? C’est la seule question qui vaille pour Ségolène Royal, à nouveau candidate depuis sa province, mais en simple apéritif de Sa nouvelle Majesté Martine Aubry… Sic transit?
On ne plaindra pas Ségolène : la solitude et le mépris lui vont bien au teint. Il ne s’agit que de ceci : quelle histoire se raconte-t-on et veut-on raconter. Ségolène Royal aux justes colères, Jeanne d’Arc contemporaine voulant racheter un pays délaissé, guerrière du paysan et de l’ouvrier licencié, et l’on a raison de séquestrer son patron… Cette Ségolène est enfin vraie dans le dénuement.
Il y avait quelque chose d’inadéquat dans le ségolénisme originel : elle était la colère en marche, mais aussi la candidate choisie de l’appareil du parti et de la social-démocratie éternelle. Soutenue par Solferino, et les élus locaux, les ambitieux et les médias de gauche, en dépit d’elle souvent : malgré ses démagogies, l’impréparation, les folies inspirées, mais aussi les promesses de révolution qu’elle pouvait porter. Ségolène était une ruse du vieux monde. Le savait-elle? Elle invoquait les femmes que l’on bat, elle voulait rendre à la France les enfants des banlieues, elle était le peuple et sa souffrance – mais derrière elle, ses notables se partageaient déjà les portefeuilles. Allons! On allait utiliser ses sondages et sa force, et l’on colmaterait les dégâts ensuite, à l’abri du pouvoir. Le mépris dont elle a souffert affleurait moins chez ses opposants que parmi ses soutiens : ceux-là redoutaient sa folie, et n’avaient que faire de cette greffe populiste sur une social-démocratie épuisée?
Royal a les mêmes défauts et les mêmes qualités qu’il y a cinq ans, plus mûre et précise pourtant, mais enfin délestée de la gangue courtisane. Le PS l’a expulsée de son cœur, et seuls lui restent des inconditionnels à l’amour détrempé. Les ambitieux comme les pragmatiques ont choisi d’autres aventures, au nom de la raison ou de leur intérêt. Il n’y avait pas que du calcul dans l’engouement pour la dame ; il n’y a pas, non plus, que de la lâcheté dans tous les reniements. Mais le résultat reste, quand le socialisme s’empresse chez Martine ou François, faute de Dominique : dans une France plus blessée que jamais, où la rage le dispute à l’abandon, Ségolène peut, à meilleur droit, s’identifier aux populations trahies, et se dire qu’elle leur ressemble.
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