TOUT EST DIT

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mercredi 24 novembre 2010

Le choix des mots

Cette fois, il n’y a pas de querelle de chiffres, du moins au niveau national : la neuvième journée d’action contre la réforme des retraites, depuis septembre, n’a pas mobilisé les foules. François Chérèque, le patron de la CFDT, n’a même pas pris la peine de manifester.

Pourquoi avoir maintenu cette journée dont tout le monde sentait bien qu’elle était de trop, quinze jours après la promulgation de la loi ? Mystère. La CGT, qui a voulu à tout prix sortir une fois de plus les banderoles, a cédé aux jusqu’au-boutistes, sans s’apercevoir qu’elle faisait un beau cadeau à François Fillon : le Premier ministre prononce aujourd’hui son discours de politique générale. L’évaporation accélérée des manifestants à la veille de ce rendez-vous lui permet de tourner tranquillement la page de l’agitation automnale.

La voie du gouvernement n’est pas dégagée pour autant. À peine sorti des turbulences sociales, il est pris dans le tumulte de l’affaire Karachi, après les révélations de Charles Millon, ancien ministre de la Défense, et Michel Mazens, ex-PDG d’une société de commercialisation de matériels militaires, sur l’existence de pots-de-vin, et de probables « rétro-pots-de-vin », lors de la vente de sous-marins Agosta au Pakistan, en 1994. La fin du quinquennat de Jacques Chirac avait été polluée par l’affaire Clearstream. La dernière partie du mandat de Nicolas Sarkozy pourrait être brouillée par cette affaire Karachi, bien plus grave, parce qu’entachée de la mort de onze salariés français.

Et une autre tempête souffle sur l’Europe : celle des déficits grec, irlandais, portugais… et français. Finalement reconduit à Matignon, François Fillon a, paraît-il, obtenu plus d’autonomie de la part du chef de l’État, et il voudra le prouver à l’Assemblée, aujourd’hui. Mais sur le plan financier et budgétaire, cette autonomie ne lui servira à rien, puisque Paris a perdu toute marge de manœuvre vis-à-vis de Bruxelles et de Washington, où veille le FMI. S’ils ne veulent pas se retrouver dans l’humiliante position de la Grèce et de l’Irlande, Nicolas Sarkozy et François Fillon ne peuvent que continuer à serrer la ceinture des Français. Il ne leur reste que le choix des mots pour faire passer la pilule : au lieu de parler ouvertement d’austérité, le Premier ministre garde le loisir de vanter la poursuite des « réformes ». Le résultat sera le même.

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