Huit mille six cents inscrits de moins à Pôle emploi le mois dernier : la baisse du nombre de demandeurs d'emploi en juin est toujours trop faible, trop fragile, pour autoriser, de la part du gouvernement, le moindre triomphalisme. Celui-ci s'en garde bien, d'ailleurs. D'autant que cette évolution en cache deux autres, qui font craindre encore quelques mois difficiles. La première est le rebond du nombre de candidats actifs à l'embauche ayant, en parallèle, une activité réduite. Ce phénomène traduit le développement - positif -de « petits boulots », pour la plupart saisonniers à l'approche de l'été, mais il est aussi le signe - négatif -d'une certaine précarité des reprises d'emploi.
L'autre mouvement, aussi préoccupant que persistant, est l'augmentation du chômage dès l'âge de 50 ans, comme si les entreprises faisaient payer aux jeunes quinquagénaires le prix de leur plus grande vertu envers des salariés seniors (55-59 ans) dont le taux d'emploi ne cesse de se redresser (4 points de plus entre 2007 et 2010).
Ces nuances étant apportées au tableau, elles ne sauraient dissimuler l'impression générale en ce début d'été, celle d'une accalmie durable du chômage. Au-delà des dégradations mensuelles qui ont singulièrement gâché le printemps et qui se reproduiront, à n'en pas douter, cet automne, la proportion de Français en recherche d'un emploi tend maintenant à se stabiliser.
Attendu avec impatience, le chiffre du chômage de juin le confirme. Le semestre écoulé vient, à quelques nuances près, conforter le scénario des experts de l'Institut national de la statistique, selon lesquels le taux de chômage sera à la fin de l'année 2010 au même niveau qu'à la fin 2009 (9,5 %). Après six trimestres de hausses consécutives en 2008 et 2009, l'ascenseur infernal semble arrêté. Le chômage reste au même étage.
Deux voyants verts viennent appuyer cet espoir. L'un est, corollaire du redémarrage de l'intérim, le retour de la baisse du chômage des jeunes, eux qui auraient pu continuer à être les plus durement frappés par la crise. En un an, le nombre de demandeurs d'emploi de moins de 25 ans a été contenu. L'autre signal, plus ténu, est la trop lente, sûrement, mais réelle décélération du chômage de longue durée, écueil traditionnel des politiques de l'emploi.
Bien sûr, nul n'est censé se satisfaire - et surtout pas les Français en quête d'emploi -de voir le chômage en métropole stationner à son niveau le plus élevé depuis dix ans. Mais c'est une consolation de constater que les réformes intervenues pour assouplir le marché du travail et rationaliser l'indemnisation du chômage ont aidé à éviter à la France un désastre social comme il s'en est produit dans bien des pays de l'Union européenne. Entre mai 2007 et mai 2010, le nombre de chômeurs tel qu'estimé par le Bureau international du travail a augmenté moitié plus vite dans la zone euro.
JEAN-FRANCIS PÉCRESSE
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