TOUT EST DIT

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jeudi 1 juillet 2010

C'est parti pour la rigueur

Que le gouvernement fasse enfin preuve de courage car il est temps d'appeler un chat, un chat ! C'est bien une politique de rigueur qui attend les Français dès la rentrée. « Raboter » les niches fiscales ou en supprimer certaines pour rapporter « au moins 8,5 milliards » au Trésor signifie une hausse de la fiscalité directe et indirecte. Et ce n'est pas tout. La désormais célèbre RGPP - Révision générale des politiques publiques - présentée hier dans sa nouvelle version ne fait pas non plus dans la dentelle puisqu'il s'agit d'économiser 10 milliards entre 2011 et 2013, essentiellement en ne remplaçant pas 100 000 fonctionnaires. Mais serrer la ceinture d'un ou deux crans ne suffira pas. Déjà, Bruxelles souffle d'autres recettes comme une augmentation de la TVA. Les trous à combler sont si béants, et un peu partout dans l'UE ! Rien qu'en France, la dette publique dépassera bientôt les 83& du PIB. Ou, selon un calcul plus simple, les 24 000 euros par habitant, le bébé qui vient de naître compris. Convertie après bien des fanfaronnades à la politique d'austérité (et monétariste) conduite par Angela Merkel, abandonnant ses prétentions de « gouvernance économique » de la zone euro, la France n'a plus vraiment le choix. Elle suit ce qui est devenu le credo européen encore récité la semaine dernière au G 8 devant un Barack Obama perplexe. Lui a choisi une autre voie, celle de la relance, et tant pis pour les déficits abyssaux à réduire à moyen terme, pas dans l'immédiat. Car l'austérité, qui a surtout le mérite de caresser les marchés dans le sens du poil, n'est pas sans danger. Ainsi, un document officiel révélé par le Guardian estime que le coût social du plan de rigueur de David Cameron se traduira par une perte de 1,3 millions d'emplois en Grande-Bretagne. Et cet exemple, à quelques variantes près, pourrait être répété partout en Europe pour la condamner à la déflation. Certes, Paris mènera une politique moins drastique que le Royaume-Uni. L'Elysée et Matignon navigueront dans la crise en tirant des bords pour ne pas trop mécontenter la population à moins de deux ans de la présidentielle de 2012... Mais l'exercice reste difficile. Il exige une bonne part de confiance dans un gouvernement non éclaboussé par les « affaires » et si peu exemplaire par le train de vie de certains de ses ministres. Le remaniement annoncé pour octobre est censé remettre de l'ordre...

Jean-Claude Kiefer

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