D'habitude, c'est beau un volcan. On a tous rêvé devant la lave vermillon d'un poster de chambre à coucher. On s'est tous extasié au spectacle télévisé d'un feu d'artifice jaillissant d'un cratère lointain. On a encore en mémoire la voix rocailleuse d'Haroun Tazieff. Dans notre imaginaire, les volcans ont du panache. Dans la réalité, c' est un peu différent. Tenez, celui-ci, le Eyjafjamachinchose, eh bien disons pour rester polis qu'il nous casse les pieds. Bientôt cinq jours qu'il déverse sa néfaste cargaison et que nos aéronefs battent de l'aile comme des cormorans mazoutés. Sauf qu'à la différence des marées noires, là on ne voit rien. Pas la moindre particule élémentaire houellebecquienne. Pas la plus petite escarbille. À se demander carrément qui, dans cette histoire, nous enfume le plus. Mais bon, coupons court à la polémique, surtout au moment où le ciel s'entr'ouvre. Mieux vaut s'attarder sur ce que le phénomène aura révélé. D'abord, l'incroyable quantité de personnes qui prennent l'avion. À lire la liste des passagers bloqués, ou à écouter les conversations, on pourrait croire que les gens ont définitivement adopté l'Airbus ou le Boeing comme moyen de locomotion. On sait, ensuite, à quel point les situations paroxystiques exacerbent les vieux instincts humains et c'est peu dire que la présente situation inédite n'aura pas échappé à la règle. Il y a d'abord, bien sûr, la solidarité, via Facebook ou Twitter. Mais aussi, hélas, les profiteurs, genre taxis marrons proposant leurs services au prix fort. C'est drôle, d'ailleurs, de constater la manière dont le péril venu du froid a remis au goût du jour la bagnole. Il n'y a pas si longtemps, elle était ringarde, tant elle polluait. La voilà réhabilitée par un rival qui émet chaque jour entre 150 000 et 300 000 tonnes de CO2. Oui, ce nuage nous aura, paradoxalement, ouvert les yeux. Et grâce à lui, nos belles certitudes ont dans nos bouches comme un léger goût de cendres. "Takk", ça veut dire merci en islandais.
mardi 20 avril 2010
Un léger goût de cendres
D'habitude, c'est beau un volcan. On a tous rêvé devant la lave vermillon d'un poster de chambre à coucher. On s'est tous extasié au spectacle télévisé d'un feu d'artifice jaillissant d'un cratère lointain. On a encore en mémoire la voix rocailleuse d'Haroun Tazieff. Dans notre imaginaire, les volcans ont du panache. Dans la réalité, c' est un peu différent. Tenez, celui-ci, le Eyjafjamachinchose, eh bien disons pour rester polis qu'il nous casse les pieds. Bientôt cinq jours qu'il déverse sa néfaste cargaison et que nos aéronefs battent de l'aile comme des cormorans mazoutés. Sauf qu'à la différence des marées noires, là on ne voit rien. Pas la moindre particule élémentaire houellebecquienne. Pas la plus petite escarbille. À se demander carrément qui, dans cette histoire, nous enfume le plus. Mais bon, coupons court à la polémique, surtout au moment où le ciel s'entr'ouvre. Mieux vaut s'attarder sur ce que le phénomène aura révélé. D'abord, l'incroyable quantité de personnes qui prennent l'avion. À lire la liste des passagers bloqués, ou à écouter les conversations, on pourrait croire que les gens ont définitivement adopté l'Airbus ou le Boeing comme moyen de locomotion. On sait, ensuite, à quel point les situations paroxystiques exacerbent les vieux instincts humains et c'est peu dire que la présente situation inédite n'aura pas échappé à la règle. Il y a d'abord, bien sûr, la solidarité, via Facebook ou Twitter. Mais aussi, hélas, les profiteurs, genre taxis marrons proposant leurs services au prix fort. C'est drôle, d'ailleurs, de constater la manière dont le péril venu du froid a remis au goût du jour la bagnole. Il n'y a pas si longtemps, elle était ringarde, tant elle polluait. La voilà réhabilitée par un rival qui émet chaque jour entre 150 000 et 300 000 tonnes de CO2. Oui, ce nuage nous aura, paradoxalement, ouvert les yeux. Et grâce à lui, nos belles certitudes ont dans nos bouches comme un léger goût de cendres. "Takk", ça veut dire merci en islandais.
D'habitude, c'est beau un volcan. On a tous rêvé devant la lave vermillon d'un poster de chambre à coucher. On s'est tous extasié au spectacle télévisé d'un feu d'artifice jaillissant d'un cratère lointain. On a encore en mémoire la voix rocailleuse d'Haroun Tazieff. Dans notre imaginaire, les volcans ont du panache. Dans la réalité, c' est un peu différent. Tenez, celui-ci, le Eyjafjamachinchose, eh bien disons pour rester polis qu'il nous casse les pieds. Bientôt cinq jours qu'il déverse sa néfaste cargaison et que nos aéronefs battent de l'aile comme des cormorans mazoutés. Sauf qu'à la différence des marées noires, là on ne voit rien. Pas la moindre particule élémentaire houellebecquienne. Pas la plus petite escarbille. À se demander carrément qui, dans cette histoire, nous enfume le plus. Mais bon, coupons court à la polémique, surtout au moment où le ciel s'entr'ouvre. Mieux vaut s'attarder sur ce que le phénomène aura révélé. D'abord, l'incroyable quantité de personnes qui prennent l'avion. À lire la liste des passagers bloqués, ou à écouter les conversations, on pourrait croire que les gens ont définitivement adopté l'Airbus ou le Boeing comme moyen de locomotion. On sait, ensuite, à quel point les situations paroxystiques exacerbent les vieux instincts humains et c'est peu dire que la présente situation inédite n'aura pas échappé à la règle. Il y a d'abord, bien sûr, la solidarité, via Facebook ou Twitter. Mais aussi, hélas, les profiteurs, genre taxis marrons proposant leurs services au prix fort. C'est drôle, d'ailleurs, de constater la manière dont le péril venu du froid a remis au goût du jour la bagnole. Il n'y a pas si longtemps, elle était ringarde, tant elle polluait. La voilà réhabilitée par un rival qui émet chaque jour entre 150 000 et 300 000 tonnes de CO2. Oui, ce nuage nous aura, paradoxalement, ouvert les yeux. Et grâce à lui, nos belles certitudes ont dans nos bouches comme un léger goût de cendres. "Takk", ça veut dire merci en islandais.
Didier Pobel
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