Ah ! Le temps scolaire, cette tarte à la crème des ministres de l'Éducation ! Ils se succèdent en se cassant invariablement la notoriété sur le serpent de mer de la durée des vacances et sur les célèbres rythmes de l'enfant. Tout le monde a un avis sur la question, surtout les parents des familles aisées qui ne veulent pas sacrifier les fins de semaine à la campagne ou février à la neige. Et voilà que, comme les autres, Luc Chatel, persuadé sans doute de la réussite de ses états généraux sur la sécurité, veut les renouveler en consacrant cette fois une conférence aux rythmes scolaires. Autour de la table, un aréopage d'esprits forcément brillants évoquera le temps découpé de nos chères têtes blondes en dissertant sur le conflit entre l'éducation, la société et la nature humaine.
L'enfant n'a pas de rythmes, c'est l'école puis le travail qui lui imposent l'apprentissage des contraintes. Quand on dépose les petits à la garderie le matin à 7 h 30 et qu'on les reprend à 18 heures, se demande-t-on si c'est le temps de l'école qui détermine le rythme de l'enfant ou si par hasard on ne confond pas temps des parents, rythmes de l'enfant et garderie ?
Il ne faut pas isoler la question du temps scolaire de celle du rythme de vie de l'enfant et de sa famille, à l'intérieur duquel il y a le temps de l'éducation et de la formation. La surcharge et la fatigue ont bon dos quand on attend les gosses à la sortie de la classe pour les amener à la musique, à la danse, à la piscine, à l'école de foot ou de judo. On sait bien que raccourcir les vacances et les agencer en zones sert à étaler la circulation routière et le tourisme. Or le temps n'est rien d'autre qu'une organisation sociale et le meilleur cycle scolaire est celui qui rend la vie de l'enfant harmonieuse.
La vraie innovation serait de faire faire à tous les élèves leurs devoirs dans la classe. L'école lutterait mieux ainsi contre les inégalités entre ceux qui rentrent faire « quatre heures » à la maison et que l'on aide à faire leurs devoirs et ceux qui attendent les parents au pied des tours. L'idéal est dans l'équilibre et fractionner le débat sur les rythmes scolaires pour ne pas aborder celui de la place de l'enfant dans la société n'est que démagogie.
Daniel RUIZ
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire