Il n'y avait rien d'autre à faire. La « grande avancée » dont à parlé hier le secrétaire national de la CFDT, François Chérèque, et que sa centrale réclamait depuis si longtemps, apparaît ce matin comme une évidence. Pour amortir la disparition de toute ressource pour 345 000 chômeurs en fin de droits, le gouvernement n'avait pas d'autre choix que d'accepter la création d'une allocation spécifique. Ce n'est même plus une question de politique, ni d'idéologie, ni même de générosité, mais de bonne gouvernance. La cohésion sociale la plus élémentaire du pays était en jeu. Que voudrait dire la « solidarité de la nation » si des milliers de Français n'avaient plus que la rue, ou la précarité absolue, comme seul horizon ?
Le dispositif souhaité par ce président de la République qui avait justement promis que « personne ne rester[ait] au bord de la route » - et qui l'a opportunément rappelé hier - porte un label. Un label avec lequel il voulait rompre. Un label jadis synonyme, à ses yeux, de solution de facilité et de renoncement du pouvoir. Une bonne partie de la campagne UMP ne l'avait-il pas pris pour cible en 2007 ? Le traitement social du chômage.
Cet « assistanat » honni par une majorité qui s'en remettait qu'au « travailler plus pour gagner plus » pour dynamiser le pays revient donc en grâce à l'Élysée, ramené irrésistiblement par le grand vent de la crise. Ce revirement ne saurait être moqué, évidemment, puisqu'il souligne une adaptation au réel bienvenue. Mais il marque symboliquement un nouveau revers pour la doctrine libérale qui avait imprégné la politique économique présidentielle lors de la toute première partie du quinquennat.
Le mandat du chef de l'État prend clairement une toute autre tournure au point d'en changer en profondeur la stratégie de communication. Peu de journalistes sont autorisés à le suivre désormais. Finis - officiellement - les forêts de caméras précédant le président, et les armées de fantassins de la presse dans son sillage. Voilà qui apportera sans doute un peu d'intimité à ses déplacements qui en manquent tant.
Hier, c'est donc en toute simplicité que le président était en visite dans une agence de Pôle Emploi. Hélas pour lui, et à son corps défendant, il n'aura vu qu'une espèce d'appartement témoin bien loin de la réalité, fort différente, que vivent chaque jour des centaines de milliers de chômeurs. Celle des tracasseries et des paperasseries qui pourraient être burlesques si elle n'étaient tragiques, usantes, humiliantes. Celle, aussi, d'agents dépassés par une situation qui leur échappe. Celle d'un médiateur démissionnaire qui n'en peut plus du décalage avéré entre les promesses d'un dispositif performant et son manque de moyens. Celle des galériens de l'emploi.
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