TOUT EST DIT

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vendredi 16 avril 2010

Clivages

Si la peur est, comme on le dit, mauvaise conseillère, alors on peut craindre le pire du rapport du conseil d'orientation des retraites. Bien sûr, il a le mérite de mettre en évidence la cruelle réalité des déficits qui donnent le vertige. On voyait le trou pour plus tard. En fait nous y sommes déjà. Ces chiffres de la peur renforceront l'intime conviction des Français, déjà inquiets, qu'il faut agir. Ils craignent des mesures forcément douloureuses. Mais lesquelles ? Les clivages sur les causes du mal donc sur les remèdes sont, pour l'instant, assez nets pour éloigner un consensus.

Le gouvernement pressé par Nicolas Sarkozy, s'appuie sur ce rapport qui sonne le tocsin, pour décréter l'urgence. Sans préjuger de son projet, on voit bien que, sous couvert de s'attaquer aux causes structurelles, démographie et espérance de vie, il prépare son cocktail à base de durée de cotisation et de recul de l'âge légal de 60 ans. Il sait bien que cela ne suffirait pas, mais le président pourrait toujours se prévaloir d'avoir accompli une partie du sale boulot.

Les autres secteurs du rapport n'ont pas l'intention d'en faire leur livre de chevet. Le Medef parce qu'il n'y trouve pas le scénario catastrophe, le plus prévisible à ses yeux. Les syndicats et l'opposition parce qu'ils imputent à la crise et au chômage, facteurs conjoncturels, une partie du déficit et que les scénarios envisagés ne sont que science-fiction. Mais nul ne peut se dispenser de proposer, surtout quand on aspire, comme le PS, à revenir bientôt au pouvoir.

Face au siège sarkozyste sur le verrou des 60 ans, syndicats et opposition lui en tendent un autre. Alors que le président exclut de jouer sur l'augmentation des recettes, ils proposent d'agir sur tous les leviers de financement, y compris la taxation des revenus du capital. Pan sur le bouclier fiscal ! Mais il faut aller plus loin et ne pas se limiter au leurre des 60 ans. Travailler plus longtemps ? Sans doute, mais c'est alors le travail qu'il faut réinventer en proposant, notamment aux seniors, des formules plus souples, plus valorisantes. Quand on se paye le luxe d'un tel trou, inutile de faire l'autruche, la tête dedans.

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