Les aéroports du nord de la France vont rester fermés au moins jusqu'à mardi matin, mais quelques vols sont annoncés aujourd'hui au sud d'une ligne Nice-Bordeaux. La paralysie presque totale du ciel européen, provoquée par les cendres du volcan islandais, est toutefois de plus en plus critiquée par les compagnies aériennes.
Un beau ciel bleu, sans la moindre traînée blanche d'avion : tel est le spectacle paradoxalement consternant pour des centaines de milliers de voyageurs qu'offrait la majeure partie du ciel européen hier. Et cette situation sans précédent devrait encore durer en France au moins jusqu'à mardi matin, au nord d'une ligne Nice-Bordeaux, a annoncé hier François Fillon. Les ciels britannique et allemand devraient eux aussi rester paralysés ce lundi pendant une grande partie de la journée. « Les conditions météorologiques laissent penser que la situation sera encore difficile pendant plusieurs jours et, dans ces conditions, tous les aéroports au nord d'une ligne Nice-Bordeaux resteront fermés au moins jusqu'à mardi 9 heures », a annoncé le Premier ministre français. « En revanche, les aéroports du sud de cette ligne fonctionnent et nous allons profiter de cette situation pour re-router un maximum de vols à partir de ces aéroports, ce qui va permettre de rapatrier le plus grand nombre possible de nos concitoyens bloqués à l'étranger », a-t-il poursuivi.
Vols d'essai hier
Dès hier, la compagnie Air France annonçait qu'elle assurerait aujourd'hui sept vols long-courriers au départ de Toulouse, « si les conditions météorologiques le permettent » à destination de New York, Fort-de-France, Dakar, Saint-Denis-de-La-Réunion, Hong Kong, São Paulo et Dubaï au départ de Pau. Les passagers des vols annulés devaient être acheminés dès hier soir par car au départ de Roissy-CDG. Neuf vols long-courriers ont également pu se poser hier à Bordeaux, Toulouse, Nice et Marseille. Par ailleurs, Air France et d'autres compagnies comme KLM et Lufthansa ont procédé à des vols d'essai, hier, et n'ont détecté aucune anomalie provoquée par le nuage de cendres. « Si ces tests sont positifs, ils vont permettre de déplacer à vide des avions qui sont aujourd'hui bloqués en région parisienne pour aller les positionner sur ces plates-formes et augmenter nos capacités de transport », a expliqué François Fillon.
Au cinquième jour de quasi-paralysie du trafic aérien, la pression est en effet de plus en plus forte de la part des transporteurs, des aéroports et des millions de voyageurs empêchés de voyager, pour obtenir un assouplissement des restrictions de vol. Depuis jeudi, ce sont en effet pas moins de 63.000 vols qui auront été annulés en Europe, avec la fermeture de 313 aéroports, qui aurait affecté plus de 6,8 millions de passagers, selon l'Association des compagnies européennes, qui réclamait hier « une réévaluation immédiate des mesures ». Hier soir, le commissaire européen chargé des Transports, Siim Kallas, a également estimé que la situation actuelle n'était « pas viable » pour l'Union européenne, ajoutant qu'il espérait que 50 % des vols prévus en Europe puissent être assurés aujourd'hui. Signe de l'impatience des compagnies, KLM a estimé hier soir que l'espace aérien européen était « sûr » et a fait décoller après autorisation de l'aviation civile trois cargos vers l'Asie. En Allemagne, Lufthansa et Air Berlin ont même manifesté leur impatience, face à ces fermetures d'aéroport décidées « sur la base d'une simulation informatique du Vulcanic Ash Advisory Center à Londres », selon le patron d'Air Berlin, Joachim Hunold. « En Allemagne, il n'y a même pas eu de ballon météo pour mesurer si et combien de cendres volcaniques se trouvent dans l'air », a-t-il critiqué.
Si les images satellite retraitées par les services météorologiques permettent bien de localiser le nuage, elles apportent peu d'indications sur sa densité, ainsi que sur ses déplacements. D'où l'intérêt des tests, afin de ne pas se limiter au principe de précaution. Autre piste explorée : la possibilité pour les avions de voler plus bas que les couloirs aériens actuels, afin de rester sous le nuage. Avec toutefois l'inconvénient d'accroître le bruit et la consommation des appareils, et le risque non négligeable d'user prématurément les moteurs.
« La priorité est de s'occuper des passagers en souffrance et de savoir comment remettre en place le système, déclarait hier le directeur général d'Air France-KLM Pierre-Henri Gourgeon. C'est pourquoi Air France va procéder à des vols d'évaluation. Les conditions économiques seront évoquées dans un second temps. » Parti à Shanghai jeudi dernier pour l'annonce de la candidature de China Eastern dans l'alliance SkyTeam, le patron d'Air France-KLM n'a pu rentrer en France que la nuit dernière, sur l'unique vol d'Air France en provenance de Chine qui s'est posé hier soir à Marseille, et a dû regagner la capitale en voiture.
BRUNO TREVIDIC,
lundi 19 avril 2010
La paralysie du ciel européen suscite des critiques croissantes des compagnies aériennes
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