La situation est inouïe : une bonne partie des transports aériens du continent européen (et d’ailleurs) se trouve paralysée, en raison d’une poussière volcanique, dangereuse pour les avions qui s’aventureraient à traverser le nuage dégagé par l’éruption d’un volcan au nom imprononçable, l’Eyjafjöll, sur la lointaine Islande. Du coup, des centaines de milliers de passagers se trouvent bloqués, loin de leur base (150 000 Français sont ainsi retenus à l’étranger), contraints d’annuler ou de différer leurs déplacements professionnels ou privés, d’improviser de complexes itinéraires de contournement. Quatre jours d’engorgement et, hier, des perspectives encore incertaines, même si dirigeants européens et responsables de l’aviation civile se mobilisaient pour trouver des solutions alternatives.
Curieusement, l’espace de cet étrange week-end immobile, le principe de précaution, dans sa version radicale et européenne, ne semblait pas déclencher l’habituel… train de polémiques qu’engendre toute décision d’autorité. Le renoncement à des vacances programmées de longue date, l’impossibilité de revenir à temps pour reprendre son travail, la conjonction de cette fermeture des aéroports avec une grève d’une partie des personnels de la SNCF (on aurait trouvé élégant qu’ils suspendent leur mouvement pour ne pas rajouter à la pagaille), étaient commentés avec déception, mais avec un certain fatalisme.
Le temps de la sidération semblait néanmoins hier déjà révolu et des voix se faisaient entendre pour réclamer la reprise des vols, pour déplorer le manque d’informations scientifiques approfondies. La réalité reprenait ses droits : compagnies aériennes inquiètes pour leurs comptes, voyageurs incertains de pouvoir se faire rembourser, entreprises gênées dans leurs affaires ou destinations touristiques pénalisées commencent à additionner les chiffres. Partout, on aspire à reprendre la course. En Islande, c’est le volcan qu’on surveille, et son voisin à l’humeur potentiellement plus méchante, tous deux indifférents aux impatiences d’un monde moderne qui refuse de se laisser entraver dans sa course par les distances ou les éléments.
Dominique Quinio
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire